[e-med] Des médicaments non essentiels et à risques : les immunostimulants (France)

Tous les immunostimulants devraient bientôt être retirés du marché
Ces substances prescrites chaque année à des millions de Français
présenteraient plus de risques que de bénéfices

La Commission d'autorisation de mise sur le marché (AMM) vient de demander à
ce que la quasi-totalité des médicaments dits immunostimulants prescrits à
des millions de personnes chaque année soit retirée définitivement du
marché, car les risques seraient supérieurs aux bénéfices, selon une
réévaluation récente. Par ailleurs, la Haute Autorité de santé devrait
proposer que soit remis en question le remboursement de plus de 200
médicaments du fait d'un «service médical rendu insuffisant»; en clair, du
fait de leur inefficacité.
Martine Perez
[14 septembre 2005]
http://www.lefigaro.fr/sciences/20050914.FIG0115.html?090313

Chaque année, des centaines de milliers d'enfants, de personnes âgées, font
à l'automne ou au début de l'hiver des cures de médicaments visant à
renforcer leur immunité afin de se protéger contre les infections hivernales
à répétition (bronchites, rhino-pharyngites...). Ces molécules (Biostim,
Imocur, IRS 19, Ribomunyl, Imudon) produites pour la plupart par des firmes
pharmaceutiques françaises sont sur le marché depuis plus d'une décennie.
Pourtant, la Commission d'autorisation de mise sur le marché (AMM), sur avis
de celle de la phar macovigilance, et après consultations de multiples
groupes d'experts autorisés, vient de demander à Jean Marimbert, le
directeur de l'Agence des produits de santé (Afssaps), de retirer tous ces
médicaments immunostimulants du marché.

En effet, si le concept est séduisant, sa réalité n'a jamais été démontrée.
Ces produits composés essentiellement d'extraits bactériens, associés
éventuellement à des substances de synthèse, avaient bénéficié
d'autorisation de mise sur le marché sur la base d'études expérimentales «in
vitro» et sur quelques essais thérapeutiques assez limités. «Les études les
plus récentes avec ces médicaments sont toutes négatives. Les plus anciennes
avaient été menées sans aucune rigueur, souligne un expert. Ces médicaments
ont été très mal étudiés. Pourtant, les firmes ont eu largement le temps de
le faire puisque ces produits sont commercialisés depuis longtemps.»

Tous les produits de cette famille sont depuis quelque temps dans le
collimateur de l'Agence du médicament, pas seulement en raison d'une
efficacité jamais correctement documentée, mais surtout du fait de la mise
en évidence plus récente d'effets secondaires assez rares, mais graves,
comme des urticaires géantes, des érythèmes (plaques rouges) d'origine
allergique, des troubles respiratoires et quelques cas exceptionnels
d'oedème de Quincke.

«Cela fait longtemps que je dis que ces médicaments ne servent à rien et
peuvent avoir des effets secondaires, explique le professeur Jean-Paul
Giroud, professeur émérite de pharmacologie clinique à l'hôpital Cochin
(Paris). Ces substances n'ont jamais fait l'objet du moindre cours dans le
cursus des étudiants en médecine. Et la seule information des médecins a été
celle de l'industrie pharmaceutique. Ce n'est pas normal.» Les firmes
pharmaceutiques concernées, pour qui le manque à gagner est considérable,
elles, se mobilisent pour tenter de plaider leur cause. C'est le directeur
de l'Afssaps qui devrait prendre la décision finale. Il y a peu de risque
qu'il ne suive pas les propositions de la Commission d'AMM et de la
pharmacovigilance.