[e-med] Douste-Blazy : «Le succès d'Unitaid fait des envieux»

Douste-Blazy : «Le succès d'Unitaid fait des envieux»
Propos recueillis par Judith Waintraub
15/12/2009 | Mise à jour : 07:58 | Ajouter à ma sélection
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L'ancien ministre des Affaires étrangères défend son action à la tête de cet
organisme qui recueille des financements innovants pour lutter notamment
contre le sida et le paludisme.

LE FIGARO. - Unitaid a tenu lundi son conseil d'administration. Avez-vous eu
des difficultés particulières à boucler votre budget ?

Philippe DOUSTE-BLAZY. - Non, aucune. Au contraire, chacun nous encourage à
continuer. Tous les pays autour de la table se sont félicités du succès
mondial d'Unitaid, qui devient un acteur international incontournable et
reconnu par tous de la santé publique mondiale. Aujourd'hui, sur quatre
enfants malades du sida soignés dans le monde, trois le sont grâce à
Unitaid. Pour la première fois, le prix des antirétroviraux est en baisse de
50 à 70 %. Tous les pays ont salué ces résultats, m'ont renouvelé leur
confiance et tous ont confirmé la totalité de leurs engagements.

La France y compris ?

Oui, bien sûr. La France a été visionnaire, en particulier avec l'accord
entre Jacques Chirac et le président brésilien Lula en 2004, et le
gouvernement français continue aujourd'hui dans cette voie. Unitaid est le
laboratoire d'un mode de financement innovant et pérenne, la taxe sur les
billets d'avion, qui permet de prévoir à long terme les grands projets de
santé pour les pays les plus pauvres. Or, aider les pays pauvres en dehors
du budget des États est aujourd'hui un enjeu mondial. Regardez Copenhague :
toutes les discussions tournent autour de ce sujet !

Êtes-vous pour la création d'une taxe sur les transactions financières pour
lutter contre le réchauffement climatique ?

Je me réjouis de l'axe franco-brésilien qui s'est créé en faveur de cette
proposition et j'espère que le G20 l'adoptera. Unitaid prouve que ce genre
de financement est possible. Le capitalisme doit faire une différence entre
les marchandises d'un côté et les biens publics de l'autre. Ces biens, ce
sont la nourriture, la santé et l'éducation, l'environnement étant une
dimension de la santé. En la matière, je souhaiterais qu'on ne parle pas
uniquement de la température de la planète, mais aussi de l'être humain
lui-même.

Les associations américaines sont-elles des partenaires privilégiées
d'Unitaid ?

Non. Quinze experts mondiaux de santé publique de tous les continents
veillent à ce que chaque euro, ou chaque dollar, donné dans le cadre de la
taxe sur les billets d'avion soit parfaitement utilisé. Cela se fait par
l'intermédiaire et sous le contrôle de l'OMS, et nos partenaires sont parmi
les plus reconnus au monde : l'Unicef, l'OMS elle-même, la Fondation
Clinton, Stop TB…

Avez-vous créé une succursale dans le Delaware, qui est un paradis fiscal ?

C'est totalement faux. Le succès d'Unitaid excite l'amertume et la jalousie,
mais ceux qui lancent les rumeurs sont souvent les moins influents. Je vous
renvoie au rapport de l'ONU sur les financements innovants que je vais
publier, avec quatre préfaces, d'Elie Wiesel, de Ban Ki-moon, de Lula et de
Clinton.

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