[e-med] Evolution du traitement de la tuberculose en Afrique du Sud

SANTÉ: Le plan d’action des acteurs de la lutte contre la tuberculose
http://www.irinnews.org/fr/Report/95686/SANTÉ-Le-plan-d-action-des-acte
urs-de-la-lutte-contre-la-tuberculose

DURBAN, 19 juin 2012 (IRIN) - Les acteurs de la lutte contre la tuberculose
ont beaucoup à faire – que ce soit pour accroître l’accès aux derniers
outils de diagnostic d’un coût abordable ou pour demander le développement
de formulations pédiatriques. IRIN/PlusNews revient sur les trois points
clé.

1. Les vaccins

Deux vaccins sont entrés en phase IIb d’essais cliniques l’année dernière.
Cette phase consiste à donner le vaccin à un nombre plus important de
malades afin d’évaluer son efficacité pour la dose prescrite et de réaliser
l’évaluation de son innocuité.

Les activistes demandent une alternative au seul vaccin antituberculeux
aujourd’hui disponible - le bacille de Calmette-Guérin (BCG) – et qui est
utilisé depuis près de 90 ans. Le BCG est le vaccin utilisé dans le cadre
des programmes nationaux d’immunisation de bon nombre de pays, mais il
s’avère moins efficace chez l’adulte que chez l’enfant.

Le nouveau vaccin antituberculeux offrirait une immunisation durable, serait
thermostable et plus facile à administrer. Il devrait également offrir une
protection contre la tuberculose qui affecte les poumons et les autres
organes.

2. Les outils de diagnostic

Le test diagnostic de la tuberculose – GeneXpert - donne des résultats en
deux heures et permet de dépister la tuberculose pharmaco-résistante. Depuis
sa mise en circulation en 2010, l’utilisation de cet appareil a permis de
réduire le délai d’attente habituel pour obtenir un diagnostic. Des pays
gravement touchés par la tuberculose, comme l’Afrique du Sud, utilisent cet
appareil de la taille d’une machine à café qui requiert des cartouches pour
réaliser le test. D’autres pays, comme le Kenya, ont mis plus de temps à se
doter de ce système.

En mars 2012, l’Afrique du Sud s’était procurée près de la moitié des
quelque 863 000 cartouches distribuées dans le monde, selon des données
présentées à la Conférence sud-africaine sur la tuberculose par Colleen
Daniels, directrice du projet TB/VIH de l’organisation Treatment Action
Group.

Bien que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ait indiqué que le Kenya
présente davantage de cas de tuberculose que l’Afrique du Sud, le pays ne
s’était procuré que quelque 34 000 de ces cartouches à la même époque, a dit
Mme Daniels à IRIN/PlusNews.

Afin d’aider les pays comme le Kenya à généraliser l’utilisation du
GeneXpert, l’agence internationale de financement de la santé (UNITAID) a
annoncé le 13 juin 2012 que, en collaboration avec le gouvernement américain
et la Fondation Bill & Melinda Gates, elle avait signé un accord avec le
fabricant du GeneXpert, Cepheid, afin de permettre aux pays gravement
touchés, comme le Kenya, l’Afrique du Sud et le Zimbabwe, d’acheter des
cartouches au tarif réduit de 10 dollars.

Erica Lessem, directrice adjointe du projet TB/VIH de l’organisation
Treatment Action Group, a indiqué qu’il était nécessaire de créer de
nouveaux outils de diagnostic rapides, efficaces et d’un coût abordable. «
Le GeneXpert est loin d’être la panacée », a-t-elle dit à IRIN/PlusNews. «
Nous devons continuer à mettre la pression sur les fabricants d’outils de
diagnostic pour qu’ils développent des tests diagnostiques rapides qui
peuvent être utilisés dans des cliniques de santé localisées en périphérie
des villes ».

Des pays comme l’Afrique du Sud ont généralisé l’utilisation de l’appareil
GeneXpert afin de renforcer la capacité des laboratoires spécialisés dans la
tuberculose, mais les nouveaux tests devraient permettre d’utiliser des
substances autres que le mucus pour dépister la tuberculose et plus faciles
à collecter, comme par exemple l’urine, a dit Mme Lessem. Les patients
atteints par le VIH et les enfants ont souvent du mal à produire des
expectorations ou du mucus qui proviennent des voies aériennes inférieures.

3. Des traitements novateurs, plus efficaces et de courte durée, disponibles
à titre humanitaire

Deux médicaments qui pourraient être utilisés dans le traitement des cas de
tuberculose multi-résistante (MR) et de tuberculose ultra-résistante (UR) –
le delamanid et la bedaquiline – sont entrés dans la dernière phase des
essais cliniques.

Le laboratoire pharmaceutique Otsuka, qui fabrique le delamanid, a récemment
déposé un dossier d’homologation auprès de l’Agence européenne des
médicaments (AEM). La demande déposée pour l’homologation du delamanid est
la première demande relative à un nouveau médicament destiné à traiter la
tuberculose en près de 40 ans, a dit Mme Lessem à la Conférence
sud-africaine sur la TB, notant que ce médicament était particulièrement
prometteur, car il n’y aura pas de résistance préexistante.

Mme Lessem indique les acteurs de la lutte contre la tuberculose se battent
pour étendre l’utilisation de ces médicaments avant leur homologation – ou «
utilisation à titre humanitaire » - aux patients qui souffrent d’une
tuberculose résistante aux médicaments et qui n’ont pas d’alternative. Le
concept de l’utilisation à titre humanitaire permet aux patients de
bénéficier d’un accès précoce à un nouveau médicament prometteur toujours en
phase d’essais cliniques lorsque les autres possibilités de traitement ont
échoué.

Une demande d’utilisation à titre humanitaire de la bedaquiline – l’autre
médicament qui pourrait être donné aux patients souffrant de tuberculose
pharmaco-résistante – a été déposée en début d’année auprès du Conseil de
surveillance des médicaments (Medicines Control Council, MCC) sud-africain
par des groupes de la société civile, comme l’organisation sud-africaine
Treatment Action Campaign (TAC) et la Southern African HIV Clinicians
Society.

Dans une lettre ouverte au MCC, les activistes ont noté que le potentiel
d’amélioration des taux de guérison et de raccourcissement des durées de
traitement offert par la bedaquiline « surpasse les préoccupations en
matière de sécurité, particulièrement parce que les tests montrent que le
profil d’innocuité de la bedaquiline est largement supérieur à ceux des
options thérapeutiques de seconde ligne existantes ». Tibotec, le
laboratoire pharmaceutique qui a développé la bedaquiline, l’a mise à
disposition gratuitement au titre de l’utilisation à titre humanitaire à la
mi -2011.

Le Conseil de surveillance des médicaments a rejeté la demande, indiquant
que si les besoins des patients étaient irréfutables, les données relatives
au médicament étaient insuffisantes et la décision prématurée.

Les activistes demandent également la fabrication de médicaments contre la
tuberculose pharmaco-résistante de courte durée, avec moins de prises, des
effets secondaires moindres et une meilleure compatibilité avec les
traitements contre le VIH. Selon Mme Lessem, certaines formes de traitements
de la tuberculose pharmaco-résistante ne sont pas compatibles avec
l’utilisation des antirétroviraux.

Pour finir, la majorité des médicaments disponibles pour le traitement de la
tuberculose pharmaco-résistante étant destinée aux adultes, il est
nécessaire de développer des formulations pédiatriques plus faciles à
administrer. Cela inclut la fabrication de comprimés sécables plus faciles à
administrer en petites doses adaptées aux enfants ou de granulés à mélanger
avec de la nourriture. Mme Lessem a indiqué qu’il était nécessaire de
réaliser des essais cliniques pédiatriques, qui sont non seulement souvent
négligés, mais aussi plus difficiles à faire accepter par les organismes de
réglementation.

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Theme (s): Santé et nutrition,
[Cet article ne reflète pas nécessairement les vues des Nations Unies]