E-MED: France: le proc�s du Distilb�ne, la bombe � retardement explose
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Le proc�s du Distilb�ne vendredi en justice apr�s onze ans de proc�dure
NANTERRE, 27 mars (AFP) - 9h00
Une action engag�e en 1991 contre le laboratoire UCB Pharma pour la
diffusion du Distilb�ne, un m�dicament cens� pr�venir les fausses couches
mais qui s'est r�v�l� avoir un effet nocif sur les foetus, arrive en
audience vendredi au tribunal de grande instance de Nanterre
(Hauts-de-Seine).
Des millions de m�res ont utilis� ce m�dicament interdit aux Etats-Unis d�s
1971 mais distribu� en France jusqu'en 1977. Nombre de leurs filles ont
souffert de l�sions, malformations g�nitales et ont eu des difficult�s �
mener leurs grossesses � terme.
En France, 160.000 femmes et hommes n�s entre 1950 et 1971 seraient
concern�s, selon l'association de d�fense des victimes. Une �tude
�pid�miologique men�e en 1983 a montr� chez les femmes des r�sultats tr�s
alarmants. Pour les hommes n�s de m�res trait�es au Distilb�ne (DES), cela
s'est traduit par une alt�ration du sperme, des atrophies des testicules ou
leur non-descente dans les bourses.
Sur 10 femmes atteintes d'un cancer du vagin ou du col ut�rin qui avaient
engag� une proc�dure il y a 11 ans, deux restent actives dans une action
retard�e par la traduction de travaux scientifiques et une expertise qui a
dur� 4 ans. Elles seront repr�sent�es par Mes Anne Sourcis et Martine
Verdier du barreau d'Orl�ans. D'autres proc�dures concernant une vingtaine
d'autres femmes ont �t� engag�es � Nanterre, proche du si�ge social d'UCB
Pharma.
Le distilb�ne, appel� scientifiquement dyethylstilbestrol, oestrog�ne de
synth�se, a �t� commercialis� � partir de 1940 dans le monde et de 1947 en
France. A partir de 1953, il fut �tabli qu'il �tait inefficace pour la
pr�vention des avortements spontan�s mais c'est en 1971 qu'il a �t� prouv�
qu'il provoquait de graves malformations chez les enfants de m�res trait�es
avec ce m�dicament. Son utilisation serait notamment � l'origine de cancers
de l'ut�rus ou du vagin ou les deux dans la proportion de 1 pour mille.
"Suivi rigoureux"
D�s 1971 son utilisation anti-abortive a �t� interrompue aux Etats-Unis mais
il a �t� administr� � cette fin en France jusqu'en 1977 avec des pics de
consommation entre 1968 et 1973 et a longtemps �t� consid�r� comme une
"th�rapeutique miracle". Il est encore utilis� pour sa destination premi�re
: traiter des cancers de la prostate.
La preuve de la prise de ce m�dicament par la m�re de la personne concern�e,
semble �tre le principal frein � la multiplication des proc�dures. Un site
internet et un r�seau de personnes concern�es ont �t� mis en place pour
faire circuler les informations. A la fin des ann�es 80, le minist�re de la
Sant� avait �galement alert� tous les gyn�cologues, leur demandant d'exercer
un "suivi rigoureux" des "filles du Distilb�ne" sans que les inqui�tudes de
certains chercheurs exprim�es lors de plusieurs congr�s ne trouvent d'�cho
significatif.
Aucun montant n'a encore �t� envisag� � titre de d�dommagement ou par mesure
conservatoire dans une proc�dure qui, si une partie devait faire appel,
pourrait encore prendre plusieurs ann�es, a-t-on appris aupr�s des avocats.
D�j� UCB Pharma a d�pos� 80 pages de conclusions avant l'audience de
vendredi, a-t-on appris de m�me source.
Aux Pays-Bas, une action men�e contre plusieurs laboratoires fabriquant le
Distilb�ne a abouti � la cr�ation d'un fonds de d�dommagement dot� de 26
millions de florins (35 millions d'euros).
Commentaires :
Vous en saurez encore plus en lisant "M�dicaments � probl�mes, d'Andrew
Chetley, publi� par HAI et traduit et adapt� par ReMeD :
http://www.remed.org/html/fr_medpb.html
Le di�thylstilbestrol : la bombe � retardement explose, p 276 - 287, extrait
:
"Entre 1948 et 1971, le DES a �t� donn� � quelque deux � trois millions de
femmes enceintes aux Etats-Unis, exposant par l� m�me entre deux et trois
millions d�enfants aux effets du m�dicament (8). Les services de sant�
canadiens estiment que pr�s de 400 000 enfants ont pu �tre expos�s (9). En
Europe, on estime que quatre millions de femmes pourraient avoir utilis� le
DES pendant leur grossesse (10). Aux Pays-Bas, entre 180 000 et 380 000
femmes enceintes ont �t� trait�es par le DES. En France, approximativement
200 000 femmes enceintes et leur enfant ont �t� expos�es au DES (11).
Une invraisemblable campagne de promotion a aid� le m�dicament � se r�pandre
� travers l�Am�rique du Nord, l�Europe, l�Am�rique latine, le Moyen-Orient
et l�Asie. Par exemple, une publicit� de 1957 parue dans l�American Journal
of Obstetrics and Gynecology pour le compte de la soci�t� Grant Chemical,
affirmait que le DesPlex� �tait capable de � pr�venir l�avortement, la
fausse-couche et le travail pr�matur� � et recommandait le m�dicament � pour
la prophylaxie de routine dans TOUTES les grossesses (...) sans effets
secondaires gastriques ou autres �.
Inefficace et peu s�r
En r�alit�, le DES �tait inefficace. Une �tude men�e en double aveugle
contre placebo portant sur 1 600 femmes et publi�e en 1953 montra clairement
que le DES ne r�duisait pas le risque d�avortement, d�accouchement pr�matur�
ou tardif (12). Malheureusement, l��tude omettait de mentionner le fait
important que le DES � accroissait de mani�re significative le nombre d�
avortements, d�enfants mort-n�s et de pr�matur�s � (13), une conclusion qui
aurait pu ou aurait d� �tre tir�e des donn�es de l��tude.
Non seulement le DES �tait inefficace, mais il n��tait pas s�r. Vers la fin
des ann�es 30 et au d�but des ann�es 40, des �tudes chez l�animal montr�rent
que le DES et les autres oestrog�nes pouvaient provoquer le cancer (14). Le
lien entre l�utilisation du DES et le d�veloppement du cancer chez l�homme a
�t� �tabli en 1971. Les chercheurs trouv�rent une forme rare du cancer du
vagin et du col (ad�nocarcinome � cellules claires) chez les filles des
femmes qui avaient pris du DES au d�but de leur grossesse. La FDA am�ricaine
retira rapidement l�autorisation d�utiliser le DES pendant la grossesse
(15).
Les autres pays r�agirent plus lentement. L�Autriche retira tous les
produits contenant du di�thylstilbestrol, du dienestrol, de l�hexestrol et
leurs d�riv�s en 1977 ; l�Italie retira le di�thylstilbestrol ; et en 1980,
le Koweit interdit l�importation de produits contenant du DES ou du
di�thylstilbestrol diphosphate. L�Allemagne et la Gr�ce ont limit� l�
indication d�utilisation du DES au traitement du cancer de la prostate ; l�
Arabie Saoudite et la Tunisie ont prohib� l�utilisation du DES lors de la
grossesse (16). La France l�a interdit en 1977 durant la grossesse. Les
Pays-Bas, qui avaient pris la d�cision de l�interdire durant la grossesse en
1972, attendirent encore trois ans pour que l�interdiction prenne effet et
que l�indication � � utiliser en cas de risque de fausse-couche �
disparaisse de l��tiquetage (17).
Heureusement, l�ad�nocarcinome � cellules claires est rare, survenant dans
un cas pour 1 000 � 10 000 filles expos�es (18). Mais il affecte
principalement des femmes d�une vingtaine d�ann�es et ce type de cancer n�
avait pas �t� observ� auparavant dans cette tranche d��ge. Pour cette
raison, il a �t� d�crit comme � une maladie iatrog�ne (induite par les
m�dicaments) fondamentalement nouvelle � (19). Son traitement implique une
chirurgie lourde et mutilante ou une radioth�rapie.
En outre, par rapport aux femmes non expos�es, les filles du DES ont deux
fois plus de risques de d�velopper des anomalies pr�canc�reuses du col et du
vagin ainsi qu�un carcinome in situ (20). Au moins deux tiers des filles du
DES pr�sentent une ad�nose, affection dans laquelle les cellules qui
produisent le mucus que l�on trouve normalement � l�int�rieur du canal
cervical sont aussi pr�sentes � la surface du col et du vagin. L�ad�nose
peut provoquer une s�cr�tion vaginale plus abondante. Cette affection est
b�nigne, r�gresse naturellement avec la temps et ne requiert aucun
traitement m�dical. Des d�fauts structurels du col, du vagin, de l�ut�rus et
des trompes de Fallope ont �t� d�tect�s chez plus de 40% des filles du DES
(21), et une �tude �l�ve m�me la proportion aux deux tiers des filles
expos�es (22). Les filles du DES sont plus susceptibles d��tre st�riles que
les autres femmes. En plus, les filles du DES ont un risque beaucoup plus
�lev� de complications de grossesse. Elles ont quatre fois plus de risque de
fausse couche et de travail avant-terme que les femmes non expos�es (23). La
grossesse extra-ut�rine, qui est une affection qui peut menacer la vie de
la femme, survient dans 4 � 8 % des grossesses des filles du DES (24).
Toutes les filles du DES doivent se soumettre � des examens gyn�cologiques
sp�ciaux chaque ann�e. Ces examens doivent �tre effectu�s par un gyn�cologue
familier des probl�mes li�s au DES. Le fait d��tre une fille du DES peut
avoir des implications dans le choix de la contraception, dans l�utilisation
de m�dicaments contre la st�rilit�, et la grossesse. Certains m�decins
conseillent la plus grande prudence dans l�emploi des m�dicaments li�s au
traitement de la st�rilit� et de la contraception hormonale (25).
Les filles du DES ne sont pas les seules atteintes. Les effets sur les
gar�ons dont les m�res ont utilis� le DES ne sont pas aussi bien connus.
Ceci est principalement d� � l�absence d��tudes sur le sujet. Les gar�ons
expos�s ne pr�sentent pas d�anomalies urog�nitales excessives selon une
�tude relativement large (26) ; en revanche d�autres �tudes ont montr� une
augmentation du caract�re anormal de l��pididyme et des testicules, comme
les testicules non descendus, leur d�veloppement incomplet ou d�fectueux ou
une insuffisance spermatique (27).
Les m�res qui ont pris du DES ont un risque de cancer du sein une fois et
demi plus important et il est � craindre de le voir augment� �galement chez
leurs filles (28).
Selon un professeur d�obst�trique et de gyn�cologie, � Toute cette affaire
peut �tre une bombe � retardement. J�h�site � employer cette expression,
mais les effets n�arr�tent pas de surgir. D�abord la femme avec le col de l�
ut�rus, puis l�ut�rus, puis l�homme avec les canaux de Wolf, et qui sait ce
que l�avenir nous r�serve � (29).
� La plupart d�entre celles qui avons �t� expos�es au DES peuvent se
souvenir exactement du moment o� elles ont appris la nouvelle sur le DES. J�
�tais en train de lire mon journal du matin un jour d�avril 1971 lorsque je
vis le titre ��un m�dicament transmet un cancer rare aux filles��. A la
minute o� je lus cette histoire, je fus saisie de terreur. Cela me
concernait sans aucun doute ; je me souvins parfaitement de moi en train de
prendre ces petites pilules quatre fois par jour pendant sept mois au cours
de ma grossesse �.- Pat Cody, cofondatrice de DES action USA".
Carinne Bruneton
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