[e-med] Le procès des " filles Distilbène " : l'une indemnisée, l'autre pas

Le procès des « filles Distilbène » : l’une indemnisée, l’autre pas
lequotidiendumedecin.fr 26/10/2012
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La cour d’appel de Paris vient de condamner, cet après-midi, les
laboratoires UCB Pharma et Novartis à indemniser une « fille Distilbène »,
la seconde plaignante a été déboutée au motif que son exposition n’est pas
prouvée. Les deux femmes se battent contre les laboratoires depuis plusieurs
années pour obtenir leur indemnisation. Elles ont plaidé avoir été exposées
à la molécule diéthylstilboestrol (DES) pendant la grossesse de leur mère,
ce qui leur a valu de développer, des décennies plus tard, un cancer de
l’utérus pour l’une et des complications obstétricales pour l’autre.

La première, prénommée Marie-Elise, a donc obtenu une indemnisation de 188
000 euros, que les deux laboratoires ont été condamnés solidairement à
payer, de même que 12 000 à son mari et 9 000 euros à sa mère, ainsi que 15
000 euros pour les frais de justice.

Déboutée en dépit d’anomalies caractéristiques

La seconde, Sophie, a quant à elle été déboutée au motif qu’il « s’avère que
l’ensemble des éléments soumis à la cour ne peuvent constituer des
présomptions graves, précises et concordantes de son exposition effective à
la molécule litigieuse ». Et ce bien qu’elle ait « présenté certaines
malformations et anomalies décrites dans la littérature médicale comme étant
les conséquences d’une exposition in utero au DES », selon l’arrêt de la
cour.

La cour « oblige cette femme à justifier de documents contemporains » de son
exposition à la molécule alors qu’elle n’en dispose pas, selon son avocate
Me Martine Verdier. Si elle en a « la force », sa cliente contestera cette
décision devant la Cour de cassation, dans l’espoir de faire reconnaître une
« présomption de causalité », a-t-elle ajouté. « Il faut que la règle de
droit s’adapte à cette problématique tout à fait hors norme qu’est le
Distilbène », a-t-elle poursuivi.

Sur les 80 000 femmes ayant pu être exposées in utero au Distilbène pris par
leur mère, de nombreuses demandes d’indemnisation ont été ou doivent être
examinées par les tribunaux, dont une partie a déjà donné lieu à des
indemnisations depuis le début des années 2000. En 2011, pour la première
fois, la Cour d’appel de Versailles avait reconnu un lien entre la prise de
Distilbène et un handicap à la troisième génération, accordant au petit-fils
d’une femme soignée au Distilbène, 1,7 million d’euros de dommages-intérêts.
Prescrit jusqu’en 1977, le DES était commercialisé sous la marque Distilbène
par UCEPHA (aujourd’hui UCB Pharma) et la marque Stilboestrol-Borne par
Borne (aujourd’hui Novartis).

› STÉPHANIE HASENDAHL