[e-med] L’argent des bailleurs du sida fragilise les systèmes de santé

AFRIQUE: L’argent des bailleurs du sida fragilise les systèmes de santé -
rapport
http://www.irinnews.org/fr/ReportFrench.aspx?ReportId=79988

JOHANNESBOURG, 25 août 2008 (PlusNews) - L’aide internationale à la lutte
contre le sida ces dernières années a été bien plus importante que celle
dédiée aux autres maladies, mais quel a été l’impact de tout cet argent
sur des pays où les financements contre le VIH/SIDA excèdent souvent les
budgets nationaux de la santé ?

Les trois principaux bailleurs de fonds de la lutte contre le sida –le
Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ; le
Plan d’urgence du président George Bush contre le sida, PEPFAR ; et le
programme plurinational contre le sida (MAP, en anglais) de la Banque
mondiale- ont dépensé 20 milliards de dollars pour combattre l’épidémie
depuis 2000.

Mais un nouveau rapport intitulé « Seizing the opportunity on AIDS and
health systems », http://www.cgdev.org/content/publications/detail/16459/
publié par le Centre for global development, basé aux Etats-Unis, et lancé
début août lors de la XVII Conférence internationale sur le sida à Mexico,
suggère que l’argent des donateurs a pu en fait affaiblir les systèmes de
santé, pourtant essentiels pour une réponse efficace à l’épidémie.

« Les gros bailleurs de fonds [de la lutte] contre le VIH créent des
systèmes spécifiques au sida qui sont en compétition [avec les systèmes de
santé] pour les travailleurs de la santé et les employés, qui partagent
les mêmes infrastructures inadaptées et qui compliquent les flots déjà
complexes d’information », a dit Nandini Oomman, principal auteur de
l’étude.

Soulignant que « l’avenir de la réponse mondiale au VIH/SIDA ne peut pas
être envisagé indépendamment de celui des systèmes nationaux de santé »,
l’étude s’intéresse à l’interaction entre les trois bailleurs de fonds et
les systèmes de santé dans trois pays où ces bailleurs travaillent : le
Mozambique, l’Ouganda et la Zambie.

En s’intéressant à trois composantes de ces systèmes de santé –le système
d’information sanitaire, la chaîne d’approvisionnement en médicaments
essentiels et les ressources humaines- les chercheurs ont noté que les
bailleurs de fonds avaient développé des mécanismes spécifiques au sida,
ponctionnant souvent des ressources essentielles dans le système général
de santé des pays.

Dans le domaine des systèmes d’information sanitaire, par exemple, les
trois bailleurs ont leurs propres exigences en matière de recueil des
données, ce qui a accablé des personnels de santé déjà submergés par de
multiples tâches administratives. « Cet effort supplémentaire prend du
temps [qui pourrait être consacré à] aider les patients VIH/SIDA ou
fournir d’autres services de santé », a souligné M. Oomman.

Dans le but de distribuer des médicaments antirétroviraux de manière plus
efficace, les bailleurs ont aussi soutenu le développement de mécanismes
distincts de ceux utilisés pour les autres médicaments essentiels.

« Dans la mesure où les ARV sont offerts à de plus en plus de structures
sanitaires, conserver des systèmes distincts va devenir de plus en plus
complexe », a averti l’étude, recommandant d’intégrer les deux systèmes.

Les trois pays couverts par l’étude sont confrontés à de sérieuses
pénuries de travailleurs de la santé qualifiés, mais au lieu de former des
personnels supplémentaires, les trois bailleurs de fonds ont financé des
formations spécifiques sur le VIH/SIDA pour le personnel existant.

Dans certains cas, ils ont récompensé les travailleurs pour la charge de
travail supplémentaire induite par la gestion de leurs programmes, en leur
accordant des primes.

« De telles primes… concentrent l’attention du personnel sur le VIH/SIDA –
dans certains cas en réduisant le temps qu’il consacre aux autres services
de santé », ont fait valoir les auteurs du rapport.

Le PEPFAR a également financé le recrutement de très nombreux travailleurs
sanitaires des organisations non gouvernementales (ONG), qui gagnent
souvent bien mieux leur vie que leurs collègues du secteur public. Un
employé de bureau travaillant pour un programme financé par le PEPFAR en
Zambie, par exemple, gagne deux fois plus qu’une infirmière diplômée dans
le secteur public zambien, selon l’étude.

Sans surprise, le financement des bailleurs de fonds utiliser pour mieux
rémunérer les emplois dans les ONG a entraîné le départ des personnels,
pourtant désespérément requis, du secteur public.

L’étude conclut que les bailleurs de fonds devraient réadapter leur
réponse, pour passer du mode d’urgence initial à la mise en place de
systèmes permettant d’obtenir de meilleurs résultats.

ks/kn/ail

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[Cet article ne reflète pas nécessairement les vues des Nations Unies]