[e-med] La mafia du médicament

La mafia du médicament

Auteur : Rémi Laure

Créé le 10/06/2015 - Fin le 30/06/2015
http://www.mesopinions.com/petition/sante/mafia-medicament/14541

À l'attention : de Marisol Touraine
Chère lectrice, cher lecteur,

Le pharmacien lanceur d'alerte Serge Rader diffuse actuellement un
important message qui concerne votre porte-monnaie autant que votre santé.

Je le relaie car il est largement occulté par les médias, à un point qui ne
peut que faire peser sur eux les plus graves soupçons.

Soupçon de collusion avec l'industrie pharmaceutique. Mais aussi soupçon de
plus en plus pénible qu'existe à la tête de nos institutions un système
politico-mafieux qui exploite notre santé.

(Lire aussi sur ce sujet
http://www.liberation.fr/societe/2014/08/04/trop-chers-trop-prescrits-les-medicaments-tuent-la-securite-sociale_1075465
CB)

*Les génériques sont 30 % plus chers en France !*

Serge Rader affirme avoir réalisé une enquête comparative sur le prix des
médicaments en France et en Italie qui lui a permis d'établir que les
génériques sont en moyenne 30 % plus chers en France, avec des pics à 100 %
pour des antihypertenseurs, pour des antibiotiques et autres produits pour
la prostate [1].

Sachant que le marché français des génériques représente 5,3 milliards
d'euros par an [2], un surcoût de 30 % représente 1,3 milliard d'euros de
trop-payé.

Ce trop-payé, financé par les cotisations-maladie des travailleurs
français, finirait dans la poche d'individus qui ne peuvent être innocents.

Et pourtant, ce n'est pas là le plus grave.

*Ce qui est encore plus affligeant, c'est la protection dont
bénéficieraient ces individus grâce aux autres branches du pouvoir. C'est
ce qui permet d'ailleurs de parler d'une authentique mafia. *

Mis au pied du mur, le gouvernement a répondu par une note du 5 mars 2014
du Commissariat général à la stratégie et à la prospective qu'il était
impossible de comparer le prix des médicaments d’un pays à l’autre [3].
C'est aussi absurde qu'évidemment faux, et témoigne d'une coupable volonté
d'enterrer un nouveau scandale.

Par ailleurs, la Commission économique des produits de santé (CEPS) [4]
affirme que les prix qu’elle fixe « font référence » à ceux pratiqués en
Europe. Là encore il s'agit d'un mensonge par omission, 30 % étant ajoutés
à la « référence » pour déterminer le prix payé par les Français !

Plus de 90 % des médicaments sont inutiles !

Serge Rader explique que seuls 3,5 % des nouveaux médicaments sont utiles,
efficaces, et apportent une réelle plus-value thérapeutique par rapport à
l’offre existante.

Cela signifierait que plus de 90 % des nouveautés depuis 25 ans sont des
copies de produits existants qui ont pour seul objectif de faire grimper le
chiffre d'affaire des laboratoires. Dans leur jargon, ces copies ont un nom
: les « me too » (moi aussi).

Il cite le cas des prétendus « nouveaux » antidiabétiques oraux :

« Alors que la boîte de Metformine (soit le Glucophage de 1958), chef de
file du traitement du diabète, coûte 4 euros en France – contre 2 euros en
Italie –, les médecins prescrivent un groupe d’une dizaine de médicaments
beaucoup plus chers, les gliptines, comme Januvia, Janumet, Xelevia,
Velmetia, Onglyza…, tous à près de 43 euros la boîte ! [5] »

Or, ces médicaments sont classés comme n'apportant « aucune plus-value
thérapeutique », ce qui n'empêche pas l'assurance-maladie de les rembourser
pour plus de 500 millions d'euros.

Et on ose encore nous faire pleurer avec le « trou de la sécu »…

24 euros le médicament, contre 12,50 euros en Italie.

Serge Rader cite aussi l'exemple du Plavix Sanofi, un antiagrégant
plaquettaire, à 37,11 euros la boîte alors que celle-ci est vendue 18,23
euros en Italie.

Mis en cause dans une émission de télévision en 2013 (Pièces à convictions,
sur France 3), les autorités ont fini par abaisser le prix français à 25,32
euros.

Le prix reste toujours plus élevé qu'ailleurs, mais ce n'est pas tout. Pour
compenser, les autorités ont discrètement autorisé entre temps un
médicament s’appelant Efient, sosie du Plavix mais beaucoup plus cher : la
boîte vaut 52,86 euros !

Je peux aussi citer le cas du laboratoire américain Gilead qui vend le
Sovaldi (son médicament contre l’hépatite C) 256 fois son prix de revient :
la cure de l’antiviral coûtant 56 000 euros par patient alors que la
fabrication des 84 comprimés coûte 200 euros environ.

Même en incluant tous les coûts de recherche possible, il est impossible
d'arriver à un prix de vente pareil. Ce système n'est rendu possible que
parce que le consommateur n'est pas le payeur, et que celui qui paye
(l'assurance-maladie) paye avec l'argent des autres (les personnes soumises
aux cotisations sociales obligatoires, à savoir nous tous) !

*Le système de santé est corrompu à tous les niveaux.*

Ces marges colossales, réalisées sur le cadavre moribond de notre système
de santé au bord de la faillite, permet malheureusement à l'industrie
pharmaceutique de distribuer à pleines mains des subsides aux chercheurs en
médecine, aux relais d'opinion et à la presse médicale, dont les
prétentions à l'indépendance ne sont plus qu'une sinistre farce.

Pas un colloque, pas une manifestation médicale, peu de sociétés savantes
qui ne soit sponsorisée par les laboratoires. Très peu de revues
paraîtraient encore sans publicité ou parrainage de l'industrie
pharmaceutique.

Tout cela est financé, bien malgré eux mais souvent sans qu'ils s'en
doutent, par les assurés sociaux qui imaginent naïvement que les sommes de
plus en plus faramineuses prélevées sur leurs revenus au nom de la « santé
publique » financent effectivement la solidarité avec les plus démunis.

*Il faut nettoyer le système de santé français.*

Serge Rader, la députée européenne EELV Michèle Rivasi, et le professeur
Philippe Even, souhaitent lancer en France un opération « Mains propres sur
la santé », sur le modèle d'une réforme menée en Italie.

Leur but est de fixer administrativement la rémunération des pharmaciens,
lutter contre les conflits d'intérêt entre hauts-fonctionnaires, chercheurs
et industrie pharmaceutique, imposer des baisses de prix sur les
médicaments.

Personnellement, j'attends de voir ce que cela va donner.

Peut-on vraiment espérer un renouveau de notre système de santé de cette
façon ? Ou va-t-on en réalité encourager des stratégies de contournement
encore plus complexes, rendre les pratiques plus opaques et plus
incontrôlables ?

Pour moi, la solution à tous ces problèmes est surtout entre nos mains.

Nous avons décidé de déléguer notre santé et le financement de notre santé,
et nous en payons le prix.

Nous avons supposé que l'on pouvait confier à des « hauts responsables »
les décisions qui touchent à notre corps, notre intimité, et les moyens
financiers colossaux que nous consacrons à la santé.

Mais ceux qui se sont vu confier ce pouvoir extraordinaire n'ont pas
résisté longtemps à en profiter un peu.

Puis un peu beaucoup. Puis énormément. Jusqu'à ce jour où c'est la foire
d'empoigne généralisée. Les derniers incorruptibles, s'il en reste, sont en
train d'être éliminés du ring.

Voilà pourquoi la solution est d'abord en nous. Elle est dans la
connaissance de notre nature, du fonctionnement de notre corps, des remèdes
éprouvés (qui sont souvent les moins chers et ne passent pas par le circuit
des ordonnances/pharmacies), de nos besoins physiologiques, affectifs, et,
oserais-je dire, spirituels.

Plutôt que d'attendre le grand soir où les méchants seront punis et où les
gentils triompheront, je préfère continuer, tranquillement, à mettre toutes
les chances de mon côté pour éviter d'avoir besoin des coûteux médicaments
de ces messieurs.

C'est sans doute la raison pour laquelle la santé naturelle ne sera jamais
aussi populaire que l'autre. Malgré tout, nous sommes de plus en plus
nombreux à prendre conscience des enjeux, et cela fait drôlement plaisir.

À votre santé !

--
Simon KABORE
Directeur Exécutif du Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME)
04 BP: 8038 Ouagadougou 04 Burkina Faso
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         Cel: (226) 70 24 44 55
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