[e-med] La Revue prescrire a lu pour vous Mediator° 150 mg Sous-titre censuré

LA REVUE PRESCRIRE NOVEMBRE 2010/TOME 30 N° 325 PAGE 870

Rubrique Lu pour vous

PHARMACOVIGILANCE
Mediator° 150 mg.
Sous-titre censuré

Cet ouvrage rapporte l’histoire d’un médicament dangereux, et témoigne de la lutte d’un médecin pour la santé des patients (1).
http://www.prescrire.org/fr/3/31/46603/0/NewsDetails.aspx

Observation clinique et attention pharmacovigilante.
L’auteure, pneumologue, a déjà été sensibilisée, lors de son internat en 1990, aux cas d’hypertension artérielle pulmonaire chez des jeunes adultes, symptôme peu fréquent, liés à la prise de dexfenfluramine (ex-Isoméride°), médicament retiré de ce fait du marché en 1999.
Des années plus tard, au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Brest où elle exerce, cette pneumologue s’est étonnée
de la coïncidence entre la prise de benfluorex, commercialisé depuis 1976 sous le nom de Mediator°, et la survenue de cas d’hypertension artérielle pulmonaire, de valvulopathies cardiaques graves et de remplacements prothétiques valvulaires. Avec en mémoire les mises en garde lues dans Prescrire, rappelant régulièrement que le benfluorex est un dérivé de la fenfluramine, et qu’il s’agit d’un anorexigène amphétaminique. C’est un échange avec Prescrire qui lui a fourni plus d’informations sur la nature chimique exacte du médicament, les informations sur le sujet étant rares voire inexistantes ailleurs.

Analyse d’effets indésirables et études cas-témoins.
Ce médecin est pugnace, et surtout elle ne veut plus voir des patientes, parfois jeunes, opérées des valves cardiaques, et mourir de la prise de benfluorex, comme elle le comprend progressivement. Commercialisé depuis plus de trente ans comme « adjuvant au traitement du diabète », Mediator° est sans efficacité prouvée dans cette indication, mais largement prescrit, y compris hors autorisation de mise sur le marché, pour tenter de faire perdre du poids.
Après avoir recensé et analysé toutes les observations de valvulopathies du CHU de Brest, elle a réalisé une étude castémoins, et a alerté l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) (2). Ni la firme commercialisant Mediator°, ni l’Afssaps, pourtant censée protéger les patients et leur santé, ne se sont empressées pour prendre en compte les effets indésirables graves observés chez des patients sous benfluorex. Les séances de la Commission de pharmacovigilance ou autres comités techniques de l’Afssaps, décrites dans l’ouvrage, ne sont pas à l’honneur de l’Agence : aucune présentation des participants, encore moins des éventuels conflits d’intérêts. On ne sait pas qui est qui, personnel de la firme ou non. Et le soignant qui vient exposer ses découvertes troublantes n’est pas franchement bien traité. L’auteure écrit qu’« (…) avec l’Afssaps, on “négocie” plus qu’on ne discute ».

Un grand service rendu aux patients.
David contre Goliath peut-être, rapport de forces inégal sans doute (a), mais au final, c’est le soignant soucieux de comprendre et de protéger les patients qui a gagné, en contribuant au retrait d’un médicament trop dangereux (3).
Cet ouvrage montre bien l’intérêt de l’observation et de la curiosité clinique pour déceler des effets indésirables rares : une incitation à la pharmacovigilance pour chaque soignant, à l’échelle de sa propre clientèle (b).
Un ouvrage qui reflète, avec simplicité, le monde du médicament dans tous ses prolongements et dysfonctionnements. Il est à conseiller à tous, donc aussi aux patients, qui doivent une fière chandelle à de tels soignants.
©Prescrire

a- Selon le site internet des editions-dialogues.fr : « Le laboratoire Servier a attrait en justice les éditions dialogues, éditeur du livre, et demandé que soit retirée de la couverture cette mention : ”Combien de morts ?” [ NDLR : soustitre initial de l’ouvrage], au motif qu’elle risquerait de lui causer un préjudice grave. (…) le juge a fait droit à cette demande. Il écrit notamment :”la défenderesse (les éditions dialogues) en effet minimise l’impact de l’intitulé de son ouvrage en soulevant le fait que la diffusion du produit est aujourd’hui suspendue, et que le dommage serait en conséquence peu important. Or cet argument peut être retourné. S’il advenait finalement qu’après analyse la suspension soit levée, et la diffusion des produits à base de benfluorex rétablie, le dénigrement provoqué par la mention litigieuse se révèlerait alors grandement source de discrédit tant pour le produit que pour le fabricant du produit.”» (réf. 5).
b- Les essais cliniques sont peu adaptés à l’étude des effets
indésirables, et ne suffisent pas à mettre en évidence des effets
indésirables rares, potentiellement graves (réf. 6).

Extraits de la veille documentaire Prescrire.
1- Frachon I ”Mediator 150 mg : sous-titre censuré” editions-dialogues.fr, Brest 2010 : 148 pages, 15,90 €. Disponible par correspondance auprès de l’Appel du Livre.
2- Prescrire Rédaction ”Benfluorex : de plus en plus de valvulopathies notifiées” Rev Prescrire 2009 ; 29 (314) : 912.
3- Prescrire Rédaction ”Benfluorex : AMM retirées en Europe, enfin !” Rev Prescrire 2010 ; 30 (323) : 663.
4- Laporte JR ”Pour une pharmacovigilance plus ambitieuse” Rev Prescrire 2010 ; 30 (319) : 391-393.
5- Kermarec C ”Irène Frachon : Mediator 150 mg”. Site internet editions-dialogues.fr consulté le 8 juillet 2010.
6- Prescrire Rédaction ”Évaluer les risques d’un traitement : prendre en compte les données cliniques, la pharmacologie, et les particularités des patients” Rev Prescrire 2009 ; 29 (312) : 778-780.
Téléchargé sur prescrire.org le 02/11/2010
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