[e-med] Le rude combat contre les maladies "négligées"

[Le teste approuvé à l'AMS est disponible ici
http://www.ip-watch.org/weblog/wp-content/uploads/2012/05/CEWG-Drafting-Group-Resolution-25-May_-2012.pdf

Le rude combat contre les maladies "négligées"

LE MONDE | 28.05.2012 à 16h00 • Mis à jour le 28.05.2012 à 16h00
Editorial
http://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2012/05/28/le-rude-combat-contre-les-maladies-negligees_1708370_3208.html?xtmc=medicaments&xtcr=1

Toujours réducteurs, les chiffres sont pourtant terriblement parlants.
Dans le monde, ou plus exactement dans le Sud, 1,4 milliard de personnes
sont touchées par des maladies tropicales "négligées". Outre les grandes
maladies endémiques comme la tuberculose ou le paludisme, il s'agit de
fléaux inconnus sous nos latitudes : maladie du sommeil, leishmaniose
viscérale, maladie de Chagas, etc.

Faute de débouchés commerciaux rentables, les laboratoires pharmaceutiques
ont, depuis toujours, délaissé la mise au point de traitements pour y
faire face. L'organisation Médecins sans frontières rappelle ainsi que,
entre 1975 et 2004, 18 seulement des 1 556 médicaments développés de par
le monde étaient destinés à lutter contre ces pathologies des pays
pauvres.

Et encore, certaines de ces nouvelles molécules n'ont vu le jour que grâce
à des initiatives extérieures aux grandes firmes pharmaceutiques, comme
celle de la Fondation DNDi (Initiative Médicaments pour les maladies
négligées). Sauf à laisser la logique commerciale prendre éternellement le
pas sur les objectifs de santé publique globale, il ne fait donc pas de
doute que des efforts supplémentaires sont indispensables et qu'il faudra
les financer.

C'est tout l'intérêt - et l'importance - de la démarche engagée par
l'assemblée annuelle de l'Organisation mondiale de la santé, réunie à
Genève du 21 au 26 mai. La résolution adoptée par l'OMS enclenche, en
effet, un processus intergouvernemental qui pourrait déboucher sur une
convention-cadre destinée à stimuler la recherche médicale sur les
maladies frappant les pays en développement.

Il aura fallu trois jours de bataille diplomatique acharnée pour parvenir
à un consensus. C'est dire que les antagonismes entre pays du Nord et pays
du Sud ont été vifs. Ils portent sur le principe même d'une telle
convention, qui figurait pourtant en tête des recommandations formulées en
avril par le groupe d'experts mis en place à ce sujet par l'OMS.

Ils portent également sur le caractère contraignant d'une telle convention
pour les Etats qui la ratifieront. Or l'une des dispositions préconisées
par le groupe d'experts invite les Etats à consacrer 0,01 % de leur PIB à
la lutte contre ces maladies négligées, permettant de doubler - de 3 à 6
milliards de dollars - le financement des recherches nécessaires. Une
telle contrainte irrite les partisans d'une souplesse plus libérale, au
premier rang desquels les Etats-Unis, le Japon, le Canada, l'Australie ou
la Suisse.

Enfin, le champ d'application de la future convention constitue une autre
pomme de discorde : faut-il le limiter aux pathologies infectieuses
tropicales, comme le souhaite l'Union européenne, ou l'étendre aux
problèmes sanitaires globaux des pays en développement, de plus en plus
touchés par les fléaux existant déjà dans les pays riches : obésité,
diabète, cancer, maladies cardio-vasculaires.

Le chantier est donc loin d'être terminé. Mais il est ouvert, et ce
n'était pas gagné. Ce genre d'avancée est trop rare pour n'être pas saluée
et encouragée.

Editorial