[e-med] Les communautés mieux servies par elles-mêmes

« Le Messager », Journal N° 2779 du 21-01-2009
Relais communautaire
Les communautés mieux servies par elles-mêmes
L'intervention relevant des communautés (Irc) est une nouvelle méthode
dont l'application permettrait de combattre plus efficacement les
maladies endémiques.

« Mettre au point et appliquer à large échelle des stratégies
susceptibles d'améliorer l'accès des populations pauvres aux
interventions de santé », tel est l'objectif recherché depuis 2005 par
une étude initiée par l'Organisation mondiale de la Santé (Oms), dans
le cadre du Programme spécial de recherche et de développement
concernant les maladies tropicales (Tdr), coparrainé par l'Unicef, le
Pnud, la Banque mondiale et l'Oms. Au Cameroun, des chercheurs ont été
commis par l'Oms, à travers le Conseil du programme panafricain de
lutte contre l'onchocercose pour voir si une stratégie élargie «
d'interventions relevant des communautés (Irc) » pourrait être
appliquée à la lutte contre le paludisme, la tuberculose,
l'onchocercose et la distribution de la vitamine. L'étude a été menée
dans les aires de santé de la région du Littoral par une équipe basée
à l'Université de Yaoundé I, et dans les aires de santé du Sud-Ouest
par une autre équipe basée à l'université de Buea, sous la
coordination du professeur Samuel Wanji.
Les résultats de cette étude ont été récemment présentés aux autorités
camerounaises, et révèlent qu'en mettant les agents communautaires
eux-mêmes au centre des interventions multiples auprès des populations
cibles, on atteignait le plus grand nombre des populations, et les
médicaments atteindraient les plus basses couches, contrairement aux
approches classiques actuellement appliquées, et qui ont montré et
continuent de montrer leurs limites. A titre d'illustration, une
campagne de distribution de moustiquaires imprégnées vient de
s'achever à Douala, et une famille qui habite le quartier Bangue, en
périphérie, se plaint de n'avoir pas eu le ticket qui y donnait droit,
alors qu'elle a bien un enfant de moins de 5 ans, cible visée par
l'opération. Le malheur de cette famille est que la maison familiale
est un peu isolée des autres cases, et les agents distributeurs des
tickets n'y sont pas arrivés. Une chose qui peut être évité si un
groupe communautaire du quartier était impliqué dans la distribution.
Au terme de cette étude, l'on a constaté que plus du double des
enfants atteints de fièvre ont reçu un traitement antipaludique dans
les zones Irc visées, soit une couverture allant au-delà des 60% fixés
par l'initiative « Roll back malaria ». Quant à la moustiquaire
imprégnée, la proportion des ménages qui en possédaient, s'approchait
des 60%, tandis que la distribution de la vitamine A et le traitement
DOTS de la tuberculose plafonnait à 90%. En outre, l'étude stipule
qu'en ce qui concerne les coûts, les Irc sont plus économiques que les
systèmes classiques. Toute chose qui améliorerait nettement la
situation actuelle car, pour le paludisme par exemple, seuls 10% de la
cible sont atteintes par le traitement et juste 5% des enfants de 6 à
11 mois reçoivent effectivement la vitamine A. Les Irc préconisent la
distribution des différents traitements aux populations par les
membres des communautés eux-mêmes. Reste au gouvernement camerounais
de s'en approprier.
Par Roland TSAPI
Le 21-01-2009

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Simon KABORE
Coordonnateur du Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME)
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