E-MED: Liste de 286 m�dicaments inefficaces
Le journal Le Monde dans son �dition du 18 octobre pr�sente une liste des
286 m�dicaments jug�s inefficaces par l'AFSSAPS et commercialis�s
actuellement en France. Il serait question que ces m�dicaments ne soient
plus rembours�s par la S�curit� Sociale. Nombre de ces m�dicaments sont
couramment prescris en Afrique : Nootropyl*, Hept-A-Myl*...
Cette liste est disponible � ReMeD si besoin (support papier et m�l).
Est publi�e �galement l'interview ci-dessous du Professeur Jean-Paul
Giroud, chef du service de pharmacologie clinique � l'h�pital Cochin
r�alis�e par Jean-Yves Nau.
CHEF du service de pharmacologie clinique � l'h�pital Cochin de Paris,
repr�sentant de l'Acad�mie nationale de m�decine au sein des commissions
d'autorisation de mise sur le march� et de pharmacovigilance de l'Agence
fran�aise de s�curit� sanitaire des produits de sant� (AFSSAPS), expert
aupr�s de l'Organisation mondiale de la sant� sur les m�dicaments
essentiels, le professeur Jean-Paul Giroud est l'auteur de nombreux
ouvrages sur les m�dicaments tant pour les m�decins que pour le grand
public.
" Quelle analyse faites-vous de la d�marche du gouvernement ? - C'est bien
�videmment une d�marche positive. Cela dit, il faut savoir que ce n'est pas
la premi�re tentative en ce sens et que les pr�c�dentes n'ont pas �t�
suivies de beaucoup d'effets. Du temps o� Simone Veil �tait ministre des
affaires sociales, on avait entrepris de modifier les classes de
remboursement, mais elle a eu lieu sans qu'on ait, en d�finitive, pu
respecter une grande logique. La seule et grande question est celle de la
volont� et du courage politiques autant que de la marge de manoeuvre dont
disposera Martine Aubry, �tant entendu qu'en la mati�re le minist�re des
affaires sociales et de la sant� est moins important que celui des
finances. La d�marche est int�ressante, mais nul ne sait encore o� elle
nous conduira.
- Comment comprendre les difficult�s du politique � imposer une plus grande
rationalit� dans le champ de la pharmacop�e ? - Pour comprendre
l'incoh�rence actuelle du syst�me fran�ais, il faut savoir que l'efficacit�
de certains m�dicaments a �t� d�montr�e gr�ce � des essais cliniques
correctement conduits sur des malades alors que beaucoup d'autres ont �t�
men�s sur des cellules ou des organes isol�s qui sont souvent sans
pertinence clinique, ce qui aboutit � des r�sultats inexacts. C'est
notamment le cas de cette �tonnante famille de substances baptis�es
"oxyg�nateurs c�r�braux".
" Lorsque l'on parle d'efficacit�, il faudrait, en outre, fournir la mesure
exacte de l'efficacit� clinique r�elle d'un m�dicament dans une indication
th�rapeutique bien pr�cise. Prenons, par exemple, les mol�cules
commercialis�es sous la d�nomination de "fluidifiants bronchiques". Il est
parfaitement �tabli que ces produits, certes bien tol�r�s, en dehors de
probl�mes digestifs, n'ont pas d�montr� d'efficacit� en clinique. Or, non
seulement ces produits sont pris en charge, mais on voit aujourd'hui
appara�tre dans cette classe des copies g�n�riques, de nombreux
laboratoires voulant �tre pr�sents dans ce secteur.
- Pourquoi avoir autoris� la commercialisation de ces produits ? - Parce
qu'il y avait, depuis vingt ou trente ans, des m�dicaments de ce type sur
le march�, et qu'� ce titre on n'a pas os� s'opposer � l'arriv�e de
nouveaux. Il y a ainsi des ph�nom�nes de stratifications successives. On
arrive alors � rembourser, � 65 % ou � 35 %, des m�dicaments dont l'usage
avec le temps devient de plus en plus discutable.
" On dit que les autorisations de mise sur le march� sont renouvel�es tous
les cinq ans, et c'est vrai, mais il est tout aussi vrai que, dans la tr�s
grande majorit� des cas, elles ne sont pas revues, le renouvellement �tant
accord� de mani�re automatique.
" Si l'on voulait faire un travail v�ritablement utile, il faudrait
proc�der � une v�ritable r��valuation du produit. Lorsqu'un m�dicament
arrive sur le march�, il a �t� test� aupr�s de 3 000 ou 4 000 patients
pr�alablement s�lectionn�s avec grande rigueur. Mais avec le temps les
indications s'�largissent presque toujours ce qui, en bonne logique
sanitaire, devrait imposer des r��valuations qui sont rarement faites.
- Que pensez-vous des premi�res conclusions de la commission ? - Il me
semble que dans certains cas on aurait pu �tre plus s�v�re encore. Pour ne
parler que des veinotropes, ces m�dicaments des "jambes lourdes", il y a
bien longtemps que l'on sait - et que j'ai �crit - que le seul traitement
efficace est le port de bas de contention... On pourrait aussi ais�ment
discuter du service m�dical rendu pour certains m�dicaments du traitement
symptomatique des douleurs dues � l'arthrose.
" Cette approche ne concerne, en outre, que les m�dicaments qui sont
rembours�s. Il faudra bien un jour d�passer le seul aspect comptable ou de
r�duction des d�penses de l'assurance-maladie et obtenir que les autorit�s
sanitaires organisent enfin une plus grande rationalisation de l'usage de
tous les m�dicaments mis en France � la disposition du public,
autom�dication comprise. Or, en d�pit de la dimension sanitaire de ces
questions, il n'y a jamais eu curieusement, dans ce domaine, de volont�
politique soutenue et clairement exprim�e.
- Quelles autres solutions pr�conisez-vous ? - La premi�re mesure
r�siderait avant tout dans la meilleure formation des m�decins et dans une
meilleure information du public, information qui ne devrait pas �maner, me
semble-t-il, uniquement de l'industrie pharmaceutique. Les prescripteurs
fran�ais, qui sont parmi les moins bien form�s � la pharmacologie clinique
et � la th�rapeutique, ne disposent d'aucune banque de donn�es du
m�dicament valid�es.
" En Grande-Bretagne, chaque praticien dispose , avec le British National
Formulary, d'un recueil ind�pendant r�guli�rement r��valu�, alors que la
plupart des m�decins fran�ais ne disposent que du dictionnaire Vidal qui
retranscrit les r�sum�s des caract�ristiques du produit, parfois anciens et
qui ne recense d'ailleurs pas tous les m�dicaments - il en manque pr�s de 3
000 ! Ils ne sont inform�s, directement ou non, que par les fabricants.
- Que r�pondez-vous � ceux qui disent que des m�dicaments a priori non
efficaces peuvent jouer un r�le gr�ce � l'effet placebo ? - Le prescripteur
doit bien �videmment pouvoir disposer de placebo. Mais il suffirait de
quelques placebos correspondant � la d�finition exacte du placebo,
c'est-�-dire chimiquement inactifs. Rien ne justifie de continuer � avoir
recours � un nombre consid�rable de placebos impurs avec des indications
discutables et des effets ind�sirables. Plus g�n�ralement, la S�curit�
sociale ne devrait pas, par le truchement des m�canismes fort peu
transparents de fixation du prix des m�dicaments, subventionner les moutons
� cinq pattes. "
Post� par Carinne Bruneton
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