[e-med] Médicaments: Qui sont les contrefacteurs?

Médicaments: Qui sont les contrefacteurs?
http://www.leconomiste.com/article.html?a=84251

· Des fabricants en Inde, en Chine et en Europe…
· La contrefaçon représente 10% du marché mondial
· Un fléau qui a fait l’essentiel du débat à la 5e édition d’Officine Expo à
Marrakech

Près de 2.000 professionnels de la pharmacie se sont donné rendez- vous à
Marrakech pour la 5e édition d’Officine Expo. Pour la première fois, le
salon international des pharmaciens s’est tenu en dehors de Casablanca.
Fabricants, distributeurs, chargés de promotion ou fournisseurs du Maroc,
ont fait le déplacement en force.

De nombreux pays (Tunisie, Espagne, France, Algérie et le Sénégal) étaient
représentés, soit en tant qu’exposants, soit via les Ordres de pharmaciens.
L’exposition commerciale, avec 80 stands, a réuni la majorité des
laboratoires pharmaceutiques marocains, ainsi que plusieurs fabricants de
matériel médical et officinal sur un espace de plus de 3.000 m2 aménagés
pour présenter les dernières nouveautés de la profession. «Plus qu’un espace
d’exposition, Officine Expo se veut un salon de formation destiné aux
pharmaciens», indique Fatim Zahra Belayachi, membre de l’organisation. «Il
n’y a pas de secret. L’officine doit être gérée comme une PME. Bien coachée,
elle peut augmenter son chiffre d’affaires», insiste-t-elle. D’où les
ateliers de formation, les stages et les ateliers sur les techniques de
merchandising, le mangement, le Code du travail, la fiscalité officinale,
programmés tout au long de ce salon. Marqué aussi par de nombreux débats,
conférences, ateliers techniques et stages pratiques au profit des
professionnels du secteur. Au menu également, la présentation de nouvelles
thérapies et d’innovations pharmaceutiques.

Mais c’est certainement le phénomène de la contrefaçon qui a fait
l’essentiel de l’actualité au cours de cette édition 2008. A noter que le
fléau mondial de la contrefaçon des médicaments est désigné aujourd’hui par
l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme “criminalité
pharmaceutique”.

Le marché illicite des médicaments s’est développé de manière considérable
et touche directement l’Afrique depuis une dizaine d’année. Selon l’OMS, il
représente, dans certains pays, jusqu’à 60% des volumes vendus. A l’échelle
internationale, il représente 10% du marché des médicaments et est à
l’origine de millions de morts.
Sur ce marché illégal qui a généré en 2000 plus de 30 millions de dollars,
sont en vente libre les antibiotiques, les anti-inflammatoires,
analgésiques, anti-parasitaires et les produits cardio-vasculaires.

«Dans les pays pauvres, 1 médicament sur 4 est faux», rappelle Najia Rguibi,
pharmacienne. Au-delà de la catastrophe sanitaire qu’il génère, ce commerce
illicite de médicaments freine le développement socio-économique et
institutionnel des pays.
C’est d’ailleurs dans cet objectif qu’un organisme comme le Réseau
médicament et développement (Remed) a été créé. Il agit sur trois axes
prioritaires: l’information, la sensibilisation des populations aux risques
du marché illicite de médicaments, et la promotion de l’accès à des
médicaments génériques dans tous les secteurs pharmaceutiques (public, privé
et confessionnel).

· Souk Fellah, à Oujda, plaque tournante du phénomène

Pour Serge Barbereau, vice-président du Remed, il faut distinguer entre deux
problèmes majeurs: le marché illicite avec une vente détournée des
médicaments et la contrefaçon industrialisée à travers des copies de
médicaments et qui n’a rien à voir avec les génériques. Durant les 3
dernières années, 2,7 millions d’unités de faux ont été saisies. 31%
provient de l’Inde et 20% de la Chine. Le reste est originaire d’Europe et
d’Afrique. (statistique européenne)

«Au Maroc, le phénomène n’a pas encore de grosses incidences coté
fabrication grâce, notamment, à un processus de commercialisation
institutionnel plus au moins verrouillé», rappelle Rachid Essemar,
pharmacien et ex-inspecteur du médicament au ministère de la Santé. Mais le
Royaume est toutefois exposé de front à la contrebande des médicaments,
notamment dans le Sud et l’Oriental. Souk Fellah à Oujda est une des
adresses connues dans ce domaine (www.leconomiste.com). «Là, le
vendeur-rabatteur incarne le rôle de pharmacien-conseil, avec prescription.
Il fournit ainsi tous les besoins en médicaments sans aucune contrainte,
qu’il s’agisse ou non de médicaments autorisés», indique Hayat Keddani,
docteur en pharmacie et membre de la Commission de pharmacovigilance de
l’Oriental. Pas moins de 20 produits sont vendus à Souk Fellah; et tous à
des prix très compétitifs. «Seule indication sur les emballages, les prix
exprimés en dinars algériens ou en euros. L’origine de fabrication n’est pas
indiquée et les dates de péremption demeurent suspectes. Pourtant, ce
commerce est exercé au vu et au su de tout le monde. Commerce qui met à mal
le marché institutionnel», conclut Keddani.

Nous pensons que ce problème continuera à faire couler
beaucoup d'encre et de la salive.Les chiffres sont
effrayants et pourtant en Afrique subsharienne,les
autorités ne semblent pas être soit suffisamment
sensibilisés ou alors bien que sensibilisés
n'appréhendent pas le problème par rapport au danger
que court la population et surtout comme il manque
souvent des chiffres réels des décès par usage des
médicaments contrefaits ou ceux de mauvaise qualité,il
me semble essentiel que hormis les stratégies que nous
avions proposés au cours des échanges sur le même
sujet sur emed en mai 2006,il serait bon qu'un état
des lieux soient réalisés pays par pays et qu'un vrai
plan régional ou sous régional soit élaborer pour
contrer cette criminalité pharmaceutique.
Une des actions prioritaires qui doit être menée est
la formation urgentes des douaniers dans la lutte
contre ces contrefaçons des médicaments car en RDC par
exemple la plupart des ces médicaments passeraient par
la voie officielle sans que les douaniers ne soient
capables de faire la différence entre les vrais
documents et les faux ou parfois les "vrais-faux"
documents ou alors les vrais documents mais pour des
faux médicaments.
Je souligne le fait que nos douanes par une absence
totale des échantillothèque des vrais médicaments,
d'un service performant de recherche d'information et
d'une collaboration efficace avec l'autorité de
réglementation pharmaceutique verront toujours ces
médicaments passer à leur barbe et inonder le marché
qui continue à s'agrandir proportionnellement à
l'augmentation de la pauvreté dans nos pays.
Nous pensons également qu'une étude sur des cas
avérés de morbidité et mortalité liée à l'usage des
contrefaçons des médicaments pourront faire bouger les
autorités et sensibiliser la population sur ce danger
et je penses que L'OMS pourra être un appui important
pour la réalisation de cette étude.

Franck Biayi
Pharmacien
Directeur Adjoint
Programme d'Approvisionnement en Médicaments
Essentiels
Ministère de la Santé
Kinshasa/RDC
Tél:00243818125838
biayifranck@yahoo.fr