[e-med] Partenariats Public Privé (PPP) et médicaments

Bonjour,

Sur les PPP voici mon point de vue:

Les PPP sont une voie tout à fait acceptable pour financer des actions de
santé, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Il peut y avoir des
dérives comme partout. Tout rejeter comme interdire, en France, la publicité
commerciale pour les vaccins est une erreur ; il fallait la contrôler.
Pourquoi serait-il amoral ou non éthique que public et privé aient des
intérêts communs ?

Dans tous les pays la part des financements publics pour la santé va
diminuer par rapport aux dépenses qui augmentent : il ne sera plus possible
aux pouvoirs publics de tout prendre en charge.
Dans les pays riches le problème se pose pour la dépendance et les maladies
dégénératives. Dans les pays moins riches le problème se pose pour des
maladies plus "banales".
Donc il faut (ré) envisager la participation de la communauté, des familles,
des individus et, il est juste de chercher des partenaires "gagnant
gagnant".

Mais, dans le cas des échanges récents sur e-med, ce n’est pas la question
essentielle et il y a plusieurs problèmes.

1. la manière de distribuer des médicaments en périphérie plusieurs
bailleurs de fonds proposent une stratégie basée sur la vente de médicaments
en périphérie par des commerçants non pharmaciens, y compris des vendeurs de
Coca Cola (CC). Dans cette stratégie il y a un préalable : il faut accepter
le principe de non monopole pharmaceutique, ce qui n'est pas le cas dans les
pays francophones, il n'y a pas encore d'épiceries vendant des médicaments
comme en Afrique de l'Est.
De plus cela exige une préparation minutieuse : circuits sécurisés,
conservation, formation des vendeurs, etc.

2. les politiques de distribution des médicaments et leur réalisation
concrète. Comme il a été largement dit dans le débat qu’attend-t-on pour
prendre modèle sur la distribution de CC ? Quels sont les obstacles pour
arriver à une bonne disponibilité des médicaments en périphérie ?

3. mais Il n'y a pas que les médicaments. Pour le moment pourquoi ne pas
discuter avec CC et leur proposer de distribuer par leur réseau des produits
"d'hygiène" comme les préservatifs (qui seraient ainsi à l'abri de la
chaleur) les SRO ou les moustiquaires?

Ces PPP doivent faire l'objet de conventions strictes (mais ce sera d'abord
le privé qui le demandera) pour définir les rôles de chacun et les
engagements financiers réciproques.

Il me paraît, enfin, normal que des règles éthiques soient appliquées ;
malgré tout ce qui est dit sur CC c'est acceptable alors que ce serait très
discutable de travailler avec une boisson alcoolisée, des cigarettiers ou
des marchands d'armes.

JL Rey santé publique
jean-loup.rey@wanadoo.fr

Bonjour à tous

Il me semble necessaire de signaler que la différence principale entre un circuit de distribution de médicaments vers le secteur public et un circuit de distribution de coca cola ou de bière , c'est l'accompagnement d'un circuit financier. Comment voulez vous obtenir des résultats si vous distribuez "gratuitement" ou à crédit. Le coca cola ou la bière ne sont jamais délivrés gratuitement.
Pour qu'un circuit de distribution fonctionne il faut que quelqu'un paye la marchandise distribuée. Dans le cas du médicament, cela peut être le malade, des mutuelles, des assurances, des fonds de "gratuité", d'équité......
Hors dans la plupart des cas, les aides se font par une augmentation de l'offre en médicament et pas par une aide financière à la demande....
Prenons le cas de la Côte d'Ivoire, le fond d'accompagnement de la mesure de gratuité ciblée ne va pas aller vers les structures délivrant des médicaments gratuits mais sur une ligne allant à la NPSP. Cela va mettre dès le départ la NPSP sous dépendance d'une nouvelle ligne budgétaire.... Ou sera l’autonomie tant attendue ??
Par contre reste posée la question d'externaliser la distribution ou non . Avec Coca cola ???,

Serge barbereau

Bonjour,

PPP/PNL
Le partenariat public privé à de très nombreuses formes, la plus incomprise
est la méthode anglophone, elle nous conviendrait qu'à partir du moment ou
nous intégrons la notion de partenariat et de PNL (partenariat non
lucratif PNL) et que la loi sur les PPP soit promulguée localement et avec
des décrets d'applications cohérents (cela nécessite que ce processus soit à
la fois, pilotés par les Ministères des Finances, de la Santé, de la Sécurité sociale, et des organisations de santé publique centralisées et déconcentrées à savoir les Instituts nationaux de santé publique ou les Instituts d'hygiène.., j'irais plus loin encore, en y faisant intervenir les services de santé de l'armée et le Ministère de l'intérieur qui pour des raisons parfois peu connue, se préoccupent de l'assainissement, l'hygiène du milieu de l'eau et des aliments, la gestion des déchets, etc.

Je n'ai pas peur de dire que c'est bon sens qu'avoir en tête d'élargir
l'assiette des Co actions de CC sur d'autres actions de prévention, de
distribution en périphérie, de contrôle , de formation, il est évident qu'il
faut faire attention à ce que les médicaments soient effectués sous la
responsabilité d’un pharmacien, ceci dit en zone rural c’est l’infirmier ou
le chef de centre qui dispense les ME, quant aux dépôts pharmaceutiques je
n’ai pas suffisamment de statistiques pour avoir des certitudes qu’ils
s’agissent d’un pharmacien ou d’un infirmier voir même un membre de la
communauté qui se dévoue pour assurer la gestion des stocks et les
approvisionnements.

En saison des pluies, la mobylette, qui n’est hélas pas tout terrain ne
peut se rendre sur place, et s’il elle peut le faire il lui manque le
carburant que parfois lui est donné par l’autorité municipale.

Donc ce que CC (TCCC) a fait, il doit aller plus loin dans ses efforts
d’approvisionnements de ME en zones reculées et par un effort conjoint de
transmission aux services de santé, des bonnes pratiques.

Le jour où l’on verra une génération spontanée de bonne pratique advenir,
CC et les services centraux de santé auront gagnés la bataille de la
reproductibilité.
Cela, c’est ce que je pensais après avoir vu passer tant d’éléments
intéressants sur le forum et puis je me suis dit qu’il serait intéressant de
relire les termes de l’action CC à travers une seconde lecture et la mettant
en juxtaposition avec nos propos communs, de cette manière chacun pourra y
voir ( moi y compris) comment l’on peut aller loin alors que c’est devant nos yeux

Alors revenons aux fondamentaux de l’opération et surtout voyons comment les
parties prenantes de la santé vont pouvoir s’emparer de cette expérience et
l’intégrer dans leur propre processus, vous verrez donc que l’on ne peut pas
faire de faux procès sans une nouvelle lecture attentive de l’action
réalisée et qui comporte en elle de nombreux échecs et de nouvelles idées
mise en œuvre pour les surmonter :

Revenons une instant sur l’expérience de TCCC qui plutôt que de faire un
chèque en blanc, décide de transférer leur expertise métier dans la gestion
de la chaîne d’approvisionnement (collaborations TMS Bill& Melinda Gates
F,ADP, MSD), lancement du projet de « Supply chain en 2010 » en mettant
l’accent sur le transfert de savoir-faire métier de base afin d’améliorer
la distribution des produits pharmaceutiques et des fournitures médicales en
Tanzanie.

Des efforts avaient déjà été mis en œuvre mais rien de proactif et sans
tenir compte de la durabilité. Il semble même qu’avaient inclus le
transport de produits tels que les préservatifs et les moustiquaires (voir
le site web)

Après avoir constaté que ce type de distribution et la fourniture médicales
était beaucoup trop compliqué, TCCC s’est rendu compte que le transport
c’était bien, mais que si en bout de chaîne, il n’y a pas de système de
distribution efficace, l’opération était vouée à l’échec.

C’est alors qu’après analyse de la situation avec ses partenaires TCCC c’est
rendu compte qu’il était préférable de faire partager son expertise en
gestion de la chaîne d'approvisionnement au lieu de transporter physiquement
des fournitures médicales ou de donner de l’argent qui peut ne pas être
utilisé de manière rationnelle.
TCCC a donc lancé un projet « « d’amélioration de la chaîne logistique » »,
« « un transfert de connaissance » ».

Cette tentative de l’expertise du secteur privé pour résoudre les problèmes
du secteur public, implique désormais pour TCCC d’être capable de traduire
ses connaissances de la distribution de boissons à une expertises fort
complexe de fournitures médicales et avec dans l’objectif sa durabilité à
savoir un transfert de connaissance reproductible à l’avenir et sans TCCC.
Mais au-delà de TCCC c’est l’implication des acteurs de santé eux- même
qu’il va s’agir, sans eux rien de possible et ici, c’est tout au long de la
longue chaîne de responsabilité qui va du Central au Régional puis au
Périphérique qui faut penser. Chacun sera heureux de constater qu'il ne
s'agit que d'un effort de transfert de bonnes pratiques, avec un peu
d'humilité face à la complexité de la fourniture médicale, hé oui , la balle
en fait est remis au Centre, qui s'en emparera, parce que chacun sait que la
balle c'est aussi une " patate chaude".

José BOUDEY
Economiste et juriste de santé publique
Evaluation des politiques de santé publique
Expert indépendant
Jose.boudey@libertysurf.fr
+33(0)684 528 550