[e-med] Pharmacovigilance en Europe : bientôt abandonnée aux firmes ?

La Revue Prescrire

Article en Une
1er septembre 2009
Rev Prescrire 2009 ; 29 (311) : 696-702.

En sous-traitant la pharmacovigilance aux firmes pharmaceutiques, la
Commission européenne, et ceux qui la laissent faire, poussent les firmes au
crime.
http://www.prescrire.org/aLaUne/dossierVigEuropeOubli.php

Les effets indésirables des médicaments sont dérangeants.

Ils dérangent évidemment les patients, qui attendent un traitement
raisonnablement efficace et sans danger disproportionné. Et qui, au lieu de
cela, se retrouvent souvent victimes d'effets collatéraux, parfois sans
aucun bénéfice. Jusqu'à en mourir.

Ils dérangent les professionnels de santé, qui comptent souvent sur les
médicaments pour assurer l'efficacité de leur action. Et qui se retrouvent
confrontés à des dégâts qu'ils n'ont dans certains cas pas su éviter, voire
qu'ils ont provoqués.

Ils dérangent les firmes pharmaceutiques, dont la santé économique est
menacée par la mévente de leurs médicaments.

Ils dérangent les assureurs maladie, qui doivent prendre en charge des
dépenses qu'ils n'ont pas su ou pu éviter.

Et ils dérangent les pouvoirs publics, qui ont pour mission d'assurer le
bien-être et la sécurité sanitaire de la population.

De sorte qu'on parle finalement peu des effets indésirables des médicaments.
Le sujet n'est pas valorisé par la formation professionnelle des soignants,
ni initiale ni continue. La discipline Pharmacovigilance n'est pas valorisée
dans le cursus universitaire ni hospitalier. Ses concepts et ses techniques
sont méconnus. La notification des observations n'est pas vraiment
encouragée.

Face à ce problème de société profond, la Commission européenne propose une
directive et un règlement nouveaux.

Mais avec l'intention de déranger le moins possible. En dépensant le moins
possible de deniers publics. En oubliant les causes du problème. Quitte à
aggraver largement les dégâts, et à mépriser l'intérêt général à long terme.
Car la Commission propose froidement de confier le problème à ceux qui ont
le plus directement intérêt à l'enterrer : les firmes pharmaceutiques.

Les firmes sont déjà chargées d'évaluer elles-mêmes, avant mise sur le
marché, les médicaments qui doivent assurer leur fortune, au risque de
cacher des informations cruciales. Au lieu de réduire ce conflit d'intérêts,
la Commission propose de charger aussi les firmes de l'évaluation après mise
sur le marché.

Au lieu de renforcer le réseau existant de centres de pharmacovigilance
indépendants, la Commission propose de le court-circuiter.

Au lieu d'améliorer l'information des patients et des soignants, la
Commission propose l'anesthésie générale en donnant aux firmes la mainmise
sur toutes les données sensibles.

En sous-traitant la pharmacovigilance aux firmes pharmaceutiques, la
Commission européenne, et ceux qui la laissent faire, poussent les firmes au
crime.

©Prescrire 1er septembre 2009
Rev Prescrire 2009 ; 29 (311) : 641.

Bonjour,

Il est juste que cette évaluation soit faite par les commissions indépendantes des firmes surtout après l'étape de mise sur le marché.
Je me demande si la Commission (Européenne) en confiant de nouveau cette sous traitance aux mêmes firmes, 'a pas constaté que les commissions de pharmacovigilance n'ont pas assez de moyens pour le faire car pas assez financées par les gouvernements. Si ceci est le cas les gouvernements européen devraient imaginer comment les firmes pharmaceutiques peuvent financer les commissions de pharmacovigilance pour poursuivre leur travail au lieu de le confier de nouveau aux firmes pharmaceutiques
Merci

Phcien François M.R.TSHITENGE
Pharmacien Inspecteur Provincial du Nord Kivu et
Président de la Commission Approvisionnement Logistique
Inspection Provinciale de la Santé Nord Kivu(IPS), RD CONGO
145,Avenue rond-point,Commune de Goma,Ville de Goma(derière l'Hopital géneral Provincial de Réference de Goma)
Tél:+243(0)81 69 95 713
Couriel: fmrtshimal@yahoo.fr; ipsp_nk@yahoo.fr