Plus de 200 scientifiques du monde entier font appel à l’OMS, aux
gouvernements et à tous ceux impliqués dans la lutte contre la pandémie de
COVID-19, afin de reconnaître que le VIRUS SE DISSÉMINE PAR VOIE AÉRIENNE.
Lien ci-dessous pour l'original en anglais
*Traduction en français ci-dessous, Dr Nora Mahfouf, PhD. Contacter :
editor AT amr-covid19.info <http://amr-covid19.info> si intéressés à
recevoir Newsletter de langue fr et anglais mensuelle.
https://academic.oup.com/cid/article/doi/10.1093/cid/ciaa939/5867798?searchresult=1
<https://academic.oup.com/cid/article/doi/10.1093/cid/ciaa939/5867798?searchresult=1>\*
La compréhension de la transmission des infections respiratoires à
l’intérieur des bâtiments exige une expertise dans de nombreux domaines
distincts différents domaines de la science et de l’ingénierie, y compris
la virologie, la physique des aérosols, la dynamique des flux, l’exposition
et l’épidémiologie, la médecine et l’ingénierie du bâtiment, pour ne citer
que les plus importantes. Personne n’a une expertise dans tous ces
domaines. Cependant, collectivement, la communauté des signataires du
Commentaire comprend les caractéristiques et les mécanismes de la
génération de micro-gouttelettes respiratoires, la survie des virus dans
les micro-gouttelettes, le transport des micro-gouttelettes et l’exposition
humaine à celles-ci, et les modèles de flux d’air qui transportent les
micro-gouttelettes dans les bâtiments. Nous avons consacré nos carrières à
travailler dans ce domaine multidisciplinaire, et notre déclaration découle
de notre expertise collective couvrant l’ensemble du domaine.
Les signataires figurant sur les deux premières pages ont contribué à la
rédaction de ce commentaire, et tous les signataires ont examiné le
document.
Lidia Morawska1,*, Donald K. Milton2
1 International Laboratory for Air Quality and Heath, WHO Collaborating
Centre, Queensland University of Technology, 2 George Street, Brisbane, QLD
4001 Australia. Email: l.morawska@qut.edu.au
2 Institute for Applied Environmental Health, University of Maryland School
of Public Health, 255 Campus Dr, College Park, Maryland, USA. Email:
dmilton AT umd.edu
Auteur correspondant : Lidia Morawska, Email: l.morawska ATqut.edu.au
Mots clés: airborne transmission; airborne infection spread; coronavirus;
COVID-19; SARS-CoV-2 virus.
Commentaire
Nous appelons la communauté médicale et les organismes nationaux et
internationaux compétents à reconnaître le potentiel de propagation
aérienne de la COVID-19. Il existe un potentiel important d’exposition aux
virus par inhalation dans des gouttelettes respiratoires microscopiques
(micro-gouttelettes) à courte ou moyenne distance (jusqu’à plusieurs
mètres, ou à l’échelle d’une pièce), et nous préconisons l’utilisation de
mesures préventives pour atténuer cette voie de transmission par voie
aérienne. Des études menées par les signataires et d’autres scientifiques
ont démontré au-delà de tout doute raisonnable que les virus sont libérés
lors de l’expiration, de la parole et de la toux en micro-gouttelettes
suffisamment petites pour rester en l’air et présenter un risque
d’exposition à des distances supérieures à 1 ou 2 m d’une personne infectée
(voir par exemple [1-4]). Par exemple, à des vitesses d’air intérieur
typiques [5], une gouttelette de 5 μm se déplacera sur des dizaines de
mètres, bien plus que l’échelle d’une pièce typique, tout en s’installant
d’une hauteur de 1,5 m au sol. Plusieurs études rétrospectives menées après
l’épidémie de SRAS-CoV-1 ont démontré que la transmission par voie aérienne
était le mécanisme le plus probable pour expliquer le schéma spatial des
infections, par exemple [6]. Une analyse rétrospective a montré la même
chose pour le SRAS-CoV-2 [7-10]. En particulier, une étude portant sur
l’examen des registres d’un restaurant chinois n'a relevé aucune preuve de
contact direct ou indirect entre les trois parties [10]. Dans leur examen
des enregistrements vidéo du restaurant, ils n'ont observé aucune preuve de
contact direct ou indirect entre les trois parties. De nombreuses études
menées sur la propagation d’autres virus, notamment le virus respiratoire
syncytial (RSV) [11], le coronavirus du syndrome respiratoire du
Moyen-Orient (MERS-CoV) [8] et la grippe [2,4], montrent que des virus
viables aéroportés peuvent être exhalés [2] et/ou détectés dans
l’environnement intérieur (habitat) des patients infectés [11-12]. Cela
pose le risque que les personnes partageant de tels environnements puissent
potentiellement inhaler ces virus, ce qui entraînerait une infection et une
maladie. Il y a tout lieu de penser que le SARS-CoV-2 se comporte de la
même manière et que la transmission par les micro-gouttelettes aéroportées
[10,13] est une voie importante. l’ARN viral associé aux gouttelettes de
taille inférieure à 5 μm a été détecté dans l’air [14]. et il a été
démontré que le virus maintient son infectivité dans des gouttelettes de
cette taille [9]. Il a été démontré que d’autres virus survivent aussi
bien, sinon mieux, dans des aérosols que dans des gouttelettes sur une
surface [15].
Les orientations actuelles de nombreux organismes internationaux et
nationaux portent sur le lavage des mains, le maintien de la distance
sociale et les précautions à prendre contre les gouttelettes. La plupart
des organismes de santé publique, dont l’Organisation mondiale de la Santé
(OMS) [16], ne reconnaissent pas la transmission par voie aérienne, sauf
pour les procédures génératrices d’aérosols effectuées dans les
établissements de santé. Le lavage des mains et la distanciation sociale
sont appropriés mais, à notre avis, insuffisants pour assurer une
protection contre les micro-gouttelettes respiratoires porteuses du virus
et libérées dans l’air par les personnes infectées. Ce problème est
particulièrement aigu dans les environnements intérieurs ou fermés,
notamment ceux qui sont surpeuplés et dont la ventilation est inadéquate
[17] par rapport au nombre d’occupants et aux périodes d’exposition
prolongées (comme le montre le graphique de la figure 1). Par exemple, la
transmission par voie aérienne semble être la seule explication plausible
de plusieurs événements de super propagation étudiés qui se sont produits
dans de telles conditions [10], et d’autres où les précautions recommandées
concernant la transmission directe de gouttelettes ont été suivies. Les
preuves sont certes incomplètes pour toutes les étapes de la transmission
des micro-gouttelettes COVID-19, mais elles sont tout aussi incomplètes
pour les modes de transmission par grosses gouttelettes et fomites. Le
mécanisme de transmission par voie aérienne fonctionne en parallèle avec
les voies de transmission des grosses gouttelettes et des fomites, par
exemple [16] qui sont maintenant la base des lignes directrices
(guidelines). Conformément au principe de précaution, nous devons nous
attaquer à toutes les voies potentiellement importantes pour ralentir la
propagation de COVID-19. Les mesures qui devraient être prises pour
atténuer le risque de transmission par voie aérienne sont notamment les
suivantes :
-
Assurer une ventilation suffisante et efficace (fournir de l’air
extérieur propre, réduire au minimum l’air recyclé), en particulier dans
les bâtiments publics, les lieux de travail, les écoles, les hôpitaux et
les maisons de retraite.
-
Compléter la ventilation générale par des mesures de lutte contre les
infections transmises par l’air, telles que l’aspiration locale, la
filtration de l’air à haute efficacité et les lampes ultraviolettes
germicides.
-
Éviter le surpeuplement, en particulier dans les transports publics et
les bâtiments publics.
Ces mesures sont pratiques et peuvent souvent être facilement mises en
œuvre ; beaucoup ne sont pas coûteuses. Par exemple, de simples mesures
telles que l’ouverture des portes et des fenêtres peuvent augmenter
considérablement le débit d’air dans de nombreux bâtiments. Pour les
systèmes mécaniques, des organisations telles que l’ASHRAE (American
Society of Heating, Ventilating, and Air-Conditioning Engineers) et la
REHVA (Federation of European Heating, Ventilation and Air Conditioning
Associations) ont déjà fourni des lignes directrices basées sur les preuves
existantes de transmission par l’air. Les mesures que nous proposons
offrent plus d’avantages que d’inconvénients potentiels, même si elles ne
peuvent être mises en œuvre que partiellement.
Figure 1. Distribution des micro-gouttelettes respiratoires dans un
environnement intérieur avec (a) une ventilation insuffisante et (b) une
ventilation adéquate.
Il est entendu que la transmission aérienne du SARS-CoV2 n'est pas encore
universellement acceptée ; mais, selon notre évaluation collective, il y a
plus qu’assez de preuves à l’appui pour que le principe de précaution
s’applique. Afin de contrôler la pandémie, en attendant qu'un vaccin soit
disponible, toutes les voies de transmission doivent être interrompues.
Nous sommes préoccupés par le fait que l’absence de reconnaissance du
risque de transmission du COVID-19 par voie aérienne et l’absence de
recommandations claires sur les mesures de lutte contre le virus aéroporté
auront des conséquences importantes : les gens peuvent penser qu'ils sont
pleinement protégés en adhérant aux recommandations actuelles, mais en
fait, des interventions supplémentaires contre la transmission par voie
aérienne sont nécessaires pour réduire davantage le risque d’infection.
Cette question revêt une importance accrue aujourd’hui, alors que les pays
rouvrent leurs portes après des périodes de confinement (lockdown),
ramenant les gens sur leur lieu de travail et les étudiants dans les
écoles, les collèges et les universités. Nous espérons que notre
déclaration fera prendre conscience que la transmission par voie aérienne
de COVID-19 est un risque réel et que les mesures de contrôle, telles que
décrites ci-dessus, doivent être ajoutées aux autres précautions prises,
afin de réduire la gravité de la pandémie et de sauver des vies.
*Avertissement** :* les opinions et les points de vue exprimés dans cet
article sont ceux des auteurs et ne reflètent pas nécessairement la
politique ou la position officielle d’une agence ou d’une institution.
*Remerciements*
Avec les auteurs, 239 scientifiques soutiennent ce commentaire, et leurs
affiliations et coordonnées sont indiquées dans le Supplément.
Downloadedfrom https://academic.oup.com/cid/article
abstract/doi/10.1093/cid/ciaa939/5867798
<https://academic.oup.com/cid/article%20abstract/doi/10.1093/cid/ciaa939/5867798>
by
guest on 07 July 2020