[e-med] "Prescription Complète" Un meilleur traitement contre le paludisme pour plus de patients" l'expérience de MSF

Chers tous,

Je profite de la journée du paludisme pour vous rappeler le rapport publié
par MSF (OCB) il y a quelques mois, qui décrit les stratégies mises en
place dans nos projets pour augmenter le nombre de patients ayant accès a
un traitement efficace contre le palu.

Ces stratégies peuvent se résumer de la façon suivante:
- assurer la disponibilité des CTAs en quantité correspondantes au
besoins,
- assurer l'accès aux structures de santé existantes en supprimant la
barrière financière que représente la participation aux coûts par les
patients dans les contextes où la pauvreté est répandue, en mettant en
place l'accès gratuit aux soins (pour toute pathologie et frais associés).
La disponibilité gratuite du diagnostic et des CTAs uniquement s'est
effectivement relevé tout à fait insuffisant pour augmenter l'accès aux
soins,
- assurer un diagnostic correcte afin de traiter les patients pour la
maladie dont ils souffrent effectivement: des CTAs en cas de palu, mais un
autre traitement quand il s'agit d'une autre maladie qui est à l'origine
de la fièvre,
- et dans les contextes où l'accès géographiques aux structures de santé
existantes est un problème, la mise en place d'un réseau d'agents palu
formés à diagnostiquer et à traites les cas positifs avec des CTAs.

Le rapport complet se trouve sur:
http://www.msf-azg.be/fr/main-menu/actualites/publications/publication-detail/table/28.html

N'hésitez pas à nous contacter pour plus d'informations sur ces sujets.

Amicalement,

Seco

Seco GERARD
Advisor, Analysis and Advocacy Unit, Gen Dir.
MSF
Rue Dupré 94
1090 Brussels
32 2 475 36 34 (dir off)

Salut chers amis
Ces stratégies paraissent insuffisantes et à la limite catastrophiques car
elles représentent à mon avis une forme de publicité au fabricants de CTAs [combinaisons thérapeutiques antipaludiques à base d'artémisinine].
Comment comprendre la gratuité des antipaludiques c'est à dire les
médicaments sollicités par les populations pour faire face à 40% des causes
de consultation, en d'autres termes 40% des recettes des structures de
santé? Et ce, sans aucune autre forme de compensation pour les structures de santé. Ces stratégies ne seront efficaces que pour une seul saison car les centres de santé ne pourront plus payer les commis de pharmacie, et autres agents communautaires.
Je suis d'accord pour la disponibilité des CTAs.
Cependant, la réalité a montré que très peu de responsables d'hôpitaux
accepterons de gérer le stock des médicaments à distribuer gratuitement car
la distribution a un coût. Seuls les organismes qui reçoivent d'importantes
subventions peuvent se hasarder sur ce terrain sans courir le risque de
grève sans service minimum.
En tout cas, l'actualité au Bénin en matière de santé est dominée par
les grèves sans service minimum depuis que le gouvernement a commencé par
anoncer la gratuité de certains soins. C'est un paramètre à prendre en
compte pour relativiser les conclusions de votre rapport.
Merci.

--
AGBOFOUN Théophile
Gestionnaire Projet FORESA 3
Institut Régional de Santé Publique Dr Alfred C. Quenum
IRSP Ouidah, Bénin
BP 918 Cotonou, Bénin
Tel : +229 21 34 16 74/75 poste 316
Fax : +229 21 34 16 72
Cell : +229 90 95 13 03
e-mail : theopanic@gmail.com
unyk: 653 PIN
visit our web site http://www.irsp.bj.refer.org

Je suis assez d 'accord avec ce commentaire de M. AGBOFOUN.
Déjà la baisse des prix des médicaments, au Bénin avec un coef 1,5 sur le prix CAME, sans mesures d'accompagnement, pose des problèmes de viabilité de certaines formations sanitaires, manque de trésorerie d'où retard de réapprovisionnemnt et disponibilité insuffisante. Les ACT à des prix de cession abordables permettent tout au plus le recouvrement pour cette catégorie de médicaments.

Annie HENRY
Pharmaciens Sans Frontières Vendée
Missions au Bénin
Tél 00 33 (0)2 51 37 02 56
00 33 (0)6 12 17 36 62
Fax 00 33 (0)2 51 46 10 43
henryannie@orange.fr

Une clarification par rapport aux stratégies mises en place par MSF
auxquelles nous faisons référence dans notre rapport "Prescription
complète". Quand nous parlons de gratuité, nous parlons de gratuité pour
le patient. Mais bien entendu, comme nous le savons tous, la santé à un
coût, et il faut que quelqu'un le paye.

Notre expérience (et il y en a entre temps bien d'autres), c'est que ce ne
sont pas les patients pauvres qui peuvent le payer. Demander aux patients
dans les contextes de pauvreté répandue de payer a de nombreux effets, et
malheureusement, surtout négatifs: les patients en besoins de soins ne
viennent pas , ou viennent tard, la qualité des soins est souvent affecté
négativement (traitement incomplet ou de moindre qualité), etc. (voir le
rapport MSF "Sans argent, pas de soins!"). Par contre, en mettant en place
les soins gratuits pour les patients nous avons vus un recours aux soins
accrus (pour des maladies confirmées par diagnostique tel que le
paludisme, jusqu'à 10 fois plus de patients confirmés soignés sur une
période équivalente)... une telle augmentation d'utilisation des services
dans des contextes où la mortalité et morbidité est élevée ne peut être
qu'un objectif partagé par tous. J'insiste sur le fait que notre
expérience montre encore qu'offrir uniquement les médicaments gratuits ne
suffit pas: c'est l'entièreté de la barrière financière au niveau de la
structure pour le patient qu'il faut lever (et donc: ticket de
consultation, autres médicaments prescrits, test de labo, etc. voir le
rapport MSF "Améliorer l'accès aux traitements efficaces contre le
paludisme au Mali")

Mais bien entendu, le "manque à gagner" pour les structures doit être
compensé, et payé par quelqu'un d'autre. Dans les projets que nous gérons,
c'est MSF qui paye à la place des patients. Non seulement les recettes qui
étaient auparavant perçues par les structures directement chez le patient
doit être compensées (mais soyons conscients que dans la réalité ces
recettes sont souvent très faibles, vu le peu patients utilisant les
structures... parce-que c'est trop cher), mais également le financement
des coûts qui résulteront de l'augmentation de l'utilisation des services
devront être prévus (vu que plus de patients viendront quand la barrière
financière sera levée).

Je me permet d'attirer votre attention sur le fait que la reconnaissance
de l'impact négatif de la barrière financière sur l'utilisation des
services est à présent reconnu par l'OMS, l'UNICEF, l'Union Européenne,
différentes autorités de Coop et Développement de pays européens mais
surtout - heureusement - par de nombreux gouvernements de pays d'Afrique
qui ont / sont en cours de changé/er leur politique (v. le Niger,
l'Ouganda, la Zambie, le Burundi, etc.) Un article à ce sujet à été
récemment publié dans The Lancet (en anglais...) par Rob Yates.

La barrière financière n'est bien entendu pas le seul élément qui
influence l'utilisation des services, mais elle reste néanmoins une des
barrières principales dans de nombreux contextes. Il est donc plus
qu'urgent de s'y attaquer et de prévoir le support financier nécessaire
aux structures (de santé, d'approvisionnement, etc.) afin qu'elles
puissent assumer leur rôle au mieux, sans dépendre d'un (sous financement)
de patients trop pauvres ... qui se retrouvent finalement exclus des soins
dont ils ont absolument besoin.

Amicalement,

Seco

Seco GERARD
Advisor, Analysis and Advocacy Unit, Gen Dir.
MSF
Rue Dupré 94
1090 Brussels
32 2 475 36 34 (dir off)

Je ne conteste pas la réalité de la barrière financière au soins dans nos
pays en développement. Cependant une gratuité financée majoritairement de
l'extérieur ne me semble pas être la meilleure solution. L'expérience a
montré que les financements que ce soit de l'Union européenne ou d'autres
structures de coopération ne sont pas intarissables. Mieux, chaque
financement est accompagné de conditionnalités qui poussent parfois à
négliger la qualité.
Par ailleurs, la gestion de la gratuité pose beaucoup de problème aux
professionnels de santé qui, comme vous le savez ne sont pas rémunérés
convenablement. Et c'est surtout ce problème qui entretient et renforce la
barrière financière créée aux patients. En tout cas, j'ai la conviction que
toute intervention qui ne mettra pas l'accent sur une bonne gestion des
ressources, notamment le personnel de santé dans le contexte actuel est
vouée à l'échec.
Je peux me tromper mais c'est ce que je crois.

--
AGBOFOUN Théophile
Gestionnaire Projet FORESA 3
Institut Régional de Santé Publique Dr Alfred C. Quenum
IRSP Ouidah, Bénin
BP 918 Cotonou, Bénin
Tel : +229 21 34 16 74/75 poste 316
Fax : +229 21 34 16 72
Cell : +229 90 95 13 03
e-mail : theopanic@gmail.com
unyk: 653 PIN
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