[e-med] Lutte contre le paludisme : les ACT seront gratuits dès le 1 mai au Sénégal

Lutte contre le paludisme : les ACT seront gratuits dès le 1 mai

Le traitement du paludisme au Sénégal va connaître une autre étape à partir
du 1e mai. En effet, les autorités sénégalaises ont décidé, à partir de
cette date de rendre gratuits les médicaments dérivés d'artémisinine (ACT),
prescrits contre le paludisme a appris l'Aps.

«La mesure va être effective le 1er mai», a révélé le ministre de la Santé
et de la Prévention, Modou Diagne Fada au cours de la célébration de la
journée mondiale de lutte contre le paludisme qui se déroulait à Mbirkilane,
dans la région de Kaolack.
Le ministre de la Santé et de la Prévention a confié à nos confrères que
plusieurs actes ont été posés dans la lutte contre le paludisme. C'est le
cas de l'introduction des médicaments ACT en 2006, la baisse de moitié du
prix des médicaments ACT et l'introduction des tests de diagnostic rapide
qui sont dispensé gratuitement dans toutes les structures sanitaires
publiques.

Il ajouté à ces actes la distribution gratuite de plus de 3 millions de
moustiquaires imprégnées aux enfants de moins de 5ans, lors des campagnes de
supplémentation en vitamine A.
Autant de mesures qui aideront certainement à mieux lutter contre cette
maladie qui est l'une des premières causes de visites médicales au Sénégal.

Charles Thialice SENGHOR le Dimanche 25 Avril 2010

. Trés bonne initiative pour les malades.. mais il serait intéressante de mesurer l'impact économique d'une telle mesure sur l'ensemble' du système de santé tant public que privé.
L'expérience montre que l'acceptabilité par le personnel de santé repose sur ces données économiques. Dans la plupart des cas, cette distribution gratuite pour les malades entraine des pertes financières au niveau des centres de santé et des hôpitaux. Qui compensera?

Sans réponse, ce sera l'échec et je crains que l'on voit augmenter la consommation de quinine.

Serge BARBEREAU

Merci Serge pour ta réaction. Où va t-on avec ces gratuités sans lendemain?
On dirait que c'est la mode un peu partout. Aucun médicament n'est gratuit.
Il y a quelqu'un ou un groupe de personnes quelque part qui paie. Sans eux
la gratuité (pour celui ou celle qui consomme) n’existe pas? Et lorsqu’ils
arrêtent de financer, le système s’arrête. Lorsqu’ils toussent, le système
vacille et lorsqu’ils trébuchent, le système tombe. C’est peut être une
redondance mais c’est là la vérité. Dans des discussions précédentes, nous
évoquions la pérennité de ce système. Sur le coup, c'est une bonne pub mais
et après? Je propose qu'une profonde réflexion soit menée sur *"l'impact de
la gratuité sur le système de santé", "le devenir de l'initiative de Bamako"
« la gratuité est elle une stratégie efficace pour lutter contre les
maladies prioritaires ? » et enfin "quelle gratuité pour les pathologies
émergeantes".***

*Et le secteur privé dans tous ça?*

Je ne suis pas contre la gratuité. Mais de quelle gratuité avons-nous
besoin ? La santé à un prix et le minimum nécessaire, pour lever l’urgence,
doit être supporté par un bailleur indéfectible : nous même (budget
national) !!!

Chaque fois qu'on adoptera une gratuité pour un service ou un produit de
santé, va-t-on continuellement répéter la même question à savoir son impact
économique sur le système de santé? Il est vraiment tant que ce système de
santé mesure l'impact sanitaire de son financement sur l'ensemble de la
population et trouve les moyens de se financer sans ruiner les malades. S'il
n'a pas encore trouver ce moyen, ce n'est pas parce que ce moyen n'existe
pas, mais principalement parce que ces décideurs n'arrivent pas à se libérer
de leurs aprioris et de leurs vielles logiques qui ont montré leurs limites.

La santé financière du système sanitaire ne peut pas être le but principal
d'une politique de santé publique. Qui s'occupe de l'amélioration de la
santé des populations dans ce cas?

--
Simon KABORE
Coordonnateur du Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME)
04 BP: 8038 Ouagadougou 04 Burkina Faso
Tel: bur (226) 50 34 55 32
        Cel: (226) 70 24 44 55
E-mail alternatif: simonkabore@rame-bf.org

A mon humble avis, cette initiative est louable car il se pose un grand problème d'accessibilité et de disponibilité pour les médicaments dérivés d'artémisinine (ACTs) dans la plupart de nos pays africains où le paludisme est à la base d'une forte morbidité et mortalité.
Je pense que c'est un exemple à suivre pour vite arriver à la couverture universelle en ACTs (traitement efficace pour le paludisme simple) devant contribuant à la réduction de la mortalité dans nos communautés.

Mme Séraphine KUTUMBAKANA
Pharmacienne Paludologue
PNLP/Kinshasa-RDC
Tél: +234999936957

Salut Simon,

C'est justement parce que je suis sur le terrain que je vais à l'encontre de ton message. Sans santé financière du système de santé, il n'y a tout simplement pas de résultats sur la santé des populations.
Les systèmes de santé manquent cruellement d'argent, aussi bien pour les salaires que pour le fonctionnement. C'est le problème principal. En oubliant cela, il est illusoire d'attendre des résultats.

Serge BARBEREAU

OUI, MAIS si la santé du système de santé est si mauvais que ce système disparaît, c'est la santé des populations qui sera aggravée

nous sommes dans la problématique classique de l'aide (vaut-il mieux donner un poisson à manger ou apprendre à pécher?)
Cette problématique est encore plus grave puisque toutes ces décisions ont été prises dans les grande capitales des pays riches sans vraiment consulter les bénéficiaires

On peut même constater que ce prosélytisme en faveur de la gratuité vient où plusieurs expériences d'auto financements commençaient à montrer leur efficacité (il est inutile de s'appesantir sur les dérives du recouvrement des coûts que tout le monde connait mais qui ne doivent pas faire jeter le bébé avec l'eau du bain)
Car le constat fait sur le terrain montre que ces stratégies de recouvrement des coûts entrainent, comme toujours, une plus grande autonomie des communautés et une exigence pour défendre cette autonomie.
Qui alors dans le domaine des soins et du traitement a peur de cette plus grande autonomie de la base? on peut se le demander

il faut défendre l'accès pour tous à la santé et aux soins c'est un combat plus juste et absolument nécessaire mais ne pas répéter après les experts de OMS, BM et autres que le seul moyen d'y parvenir est la gratuité des soins pour les malades.

Dr REY JL santé publique

Salut à tous.
Cette une initiative à combattre. J'ai suivi avec intérêt les échanges sur
ce sujet. A la suite de l'intervention de Dr E. GUEVART qui a bien présenté
la situation en se basant sur l’exemple du Bénin, je pensais que tout le
monde allait s'accorder sur le fait que c'est une décision politique
irréaliste sans lendemain. L'expérience de terrain montre que le financement
le plus stable provient du recouvrement de coût. Mais quand on sait que le
paludisme représente 30 à 50 % des causes de consultation dans nos pays et
contribue par conséquent au financement des activités de vaccination de
routine, nous devons éviter de faire de la propagande politique avec la
santé.
Par ailleurs, le terrain nous montre que les populations que nous qualifions
de pauvres ont plutôt besoin de se sentir plus acteurs de leur santé qu’un
objet de nos décisions bureaucratiques guidées par nos seuls intérêts
égoïstes.
Au lieu d'une politique de gratuité généralisée fondée sur des appuis
budgétaires temporaires, nous devons penser qu'au delà des OMD, le système
de santé de chaque pays doit être capable de faire face aux défis sans cesse
croissants que nous lance l'environnement.
--
AGBOFOUN Théophile
Gestionnaire de projets
Institut Régional de Santé Publique Comlan Alfred QUENUM de Ouidah (IRSP -
CAQ)
Tél: 21341674/75 poste 304
Cél: 90951303
email: theopanic@gmail.com

Théophile,

Tes propos sont un peu durs à mon avis. Toutes ces discussions concourent à
trouver un équilibre aussi acceptable que possible. Tous les systèmes ont des avantages et des inconvénients. L’histoire très proche nous rappelle
effectivement que tous les systèmes de gratuités n’ont pas réussi dans de
nombreux pays en Afrique comme on le voulait. Ils ont souvent laissé un
arrière goût d’insatisfaction.

Comment dans mes interventions précédentes, j’ai toujours posé la question
de la responsabilité. Il ne faut pas que la gratuité se fasse au détriment
de la qualité ou du système de santé. C’est gratuit, OUI. Mais qui assure la
gratuité ? Toute la question est là. S’il y a un responsable, est il sûr
d’aller au bout de son engagement ? Et pour combien de temps ? Généralement,
on a des réponses du genre : « on commence et l’Etat prendra la relève
après ». Et malheureusement, il peut se poser souvent deux situations :

- les données peuvent changer avant la fin du projet (crise
financière par exemple) et le partenaire financier commence à réduire ses
nombre d’années d’intervention ou même revoit ses ambitions à la baisse ;

- Le projet est bien mené et à la fin l’Etat n’arrive pas à assurer
la continuité ;

Alors, la gratuité sans lendemain bien planifiée est un échec d’avance. Mais
comment faire pour que nos populations aient de plus en plus accès
financièrement et géographiquement aux offres de santé de qualité ? Faut-il
accepter des projets à cour terme pour juste un besoin qui pourrait être
politique ? Faut-il penser un système efficace et moins cher à long terme ?
Je concède avec toi que nos populations « dites pauvres » ont besoin d’être
acteur de leur propre santé. L’initiative de Bamako a pris cela en compte.
Mais cette population malgré sa volonté a des limites. Cette limite est
réellement leur pauvreté. Quelque soit la fierté et la volonté d’un homme,
il ne peut rien lorsque son accès à un service est limité par les finances.
Alors, parlons d’une « gratuité compensée » car le système de santé a
besoin réellement d’être renforcé et les malades ont aussi besoin de soins
de qualité. Je m’arrête là pour ce sujet.
Cordialement.

Dr Arsène OUEDRAOGO
Pharmacien, épidémiologie d'intervention
West African Field Epidemiology and Laboratory Training Programm (WA-FELTP)
Mobile 1: 0022670393045
Mobile 2: 0022678264046

M. AGBOFOUN

Ce sont alors les populations que nous qualifions de pauvres qui ont décidé
de l'initiative de Bamako et de la contribution financière des malades?
C'est une information que je n'avais pas qui fait que je pensais que l'IB et
la contribution des patients étaient une de vos décisions bureaucratiques.
Je me demande pourquoi aujourd'hui ces même populations se détournent des
centres de santé, se jettent sur les médicaments de la rue parce que
financièrement les services de santé leur sont inaccessibles. Je n'avais pas
compris que la pauvre dame, qui pleure son enfant de 5 ans, mort parce
qu'elle a manqué d'argent pour payer l'ordonnance, ne peut que s'en prendre
à elle même parce qu'elle a demandé à ce que les soins soient payants.
Merci pour cette révélation révolutionnaire.
Cordialement!

--
Simon KABORE
Coordonnateur du Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME)
04 BP: 8038 Ouagadougou 04 Burkina Faso
Tel: bur (226) 50 34 55 32
        Cel: (226) 70 24 44 55
E-mail alternatif: simonkabore@rame-bf.org

[chers amis e-mediens, le sujet est difficile; toutes les études et initiatives nous intéressent et nous sommes prêts à vous aider à faire des études et à les publier dans la Revue de ReMeD. Donc, à bientôt de vous lire et bon weekend du 1er mai à tous.CB]

Salut M. KABORE

Je sais que vous comprenez bien de quoi je parle, à moins vous ayez d'autres
raisons. Nos différentes constitutions comme la charte africaine des droits
de l'homme et des peuples reconnaissent le droit à la santé pour les
populations et responsabilisent "l'Etat" en la matière. Mais l'expérience a
montré depuis les indépendances que les différents gouvernements sont
incapables d'assurer leur mission de service public en matière de santé.
Mais en réalité, l'histoire de la participation communautaire en matière de
santé, que nous soyons en Asie, en Europe ou Afrique, montre qu'aucun Etat
ne peut assurer la gratuité des soins de santé à sa population. Si nous
nous entendons jusqu'à ce niveau, je peux ajouter qu'à travers l'Initiative
de Bamako, les pauvres populations ont été sollicitées pour augmenter leur
contribution par le mécanisme de cofinancement, après la crise sanitaire
créée par la mauvaise gestion du système. Les populations en sont obligées
car c’était la seule solution.

Et c'est pour éviter que cela n'arrive plus que nous pensons qu'il ne faut
pas généraliser la gratuité. Toute stratégie, en matière de santé et même en
ce qui concerne le développement, doit être analysée en termes de
coût-bénéfice. Peut-on vouloir sauver les moins de 30 % exclus du système de
paiement en mettant tout le système en danger? Je pense qu'il y a d'autres
mécanismes sélectifs comme le fonds sanitaire des indigents, la promotion
des micro-assurances santé etc.

Sur quelle étude basez-vous votre analyse selon laquelle la gratuité
pourrait réduire la vente illicite des médicaments? Je pense bien le
contraire.

En tout, je pense que la gratuité des CTA ne contribuera en rien à la
réduction de la consommation des médicaments de la rue. Au contraire, la
gratuité entraîne des disfonctionnements dans la rationalisation et crée la
rareté.

Par ailleurs, êtes-vous intéressé une fois au coût de la péremption des
CTA?

Si vous le voulez, nous pouvons faire ensemble une étude sur les pertes de
stock de CTA (péremption, vol et avarie) au Bénin et au Burkina Faso de 2008
à 2009.
Le réflexion continue pour le bonheur de nos populations

Merci pour la compréhension!

--
AGBOFOUN Théophile
Gestionnaire de projets
Institut Régional de Santé Publique Comlan Alfred QUENUM de Ouidah (IRSP -
CAQ)
Tél: 21341674/75 poste 304
Cél: 90951303
email: theopanic@gmail.com

Bonjour à Tous,

On me propose de me faire livrer des Médicaments ARV préqualifiés OMS par
voie maritime jusqu'en Afrique !

Qu'en pensez vous ?
A votre avis de spécialiste, les critères d'Assurance Qualité du Fonds
Mondial seront ils respectés ?

Merci d'avance pour vos commentaires

Cordialement

Alain GUY
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Docteur Alain GUY,
Pharmacien

Consultant PSM/GAS

alainguy.bx@wanadoo.fr
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Alain, tu devrais au préalable:

* Monitorer des conditions de transport (température, humidité, temps...) ; il faut disposer d'un traceur qualifié

* Demander les études de stabilité du fabricant selon les guidelines ICH.

* Comparer tes données à celles du fabricant ; surtout connaitre les spécifications à libération et à péremption

* Mettre en quarantaine

* Faire du contrôle qualité à réception pour vérifier la dégradation éventuelle du produit; bien évidemment il faut que le fabricant te précise les produits de dégradation

* La méthode utilisée par le laboratoire de contrôle qualité devra être validée.

* Vérifier ta source de matière première

Après seulement on pourra répondre si le produit est fiable pharmaceutique.

A noter que la voie maritime accroit les risques de non qualité des médicaments

Alassane BA
Directeur Qualité & Développement
CHMP
LD : +33 (0) 4 73 98 24 70
Fax : +33 (0) 4 73 98 24 81
http://www.chmp.org