[e-med] TRAITEMENT GRATUIT DU PALUDISME : L'insuffisance des médicaments déplorée (Sénégal)

TRAITEMENT GRATUIT DU PALUDISME : L'insuffisance des médicaments déplorée
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Le traitement gratuit du paludisme, entré en vigueur depuis le 1er mai 2010,
n'est pas encore appliqué dans de nombreuses structures sanitaires. La
quantité de médicaments disponibles étant jugée insuffisante.

L'air est vraiment pollué. Les cars rapides dégagent de la fumée. Les
vendeurs de cacahuètes et de sandwich écoulent leurs marchandises sur le
trottoir. Nous sommes au Centre de santé Dominique de Pikine. Le vigile,
assis au seuil de la porte, manipule son téléphone portable. Les patients,
en queue, se font consulter à tour de rôle. En face du bureau du Dr Ibrahima
Dièye, médecin consultant, se trouve celui du médecin-chef du district, Dr
Marème Dia Ndiaye. Interpellée sur la gratuité des médicaments traitant le
paludisme, elle fait savoir que la gratuité du traitement du paludisme
fonctionne au niveau de son district. « Nous avons reçu notre première
dotation en début mai. Et, depuis, nous avons commencé à faire notre
travail ».
Cependant, cette gratuité du traitement du paludisme ne concerne que les Act
(combinaison thérapeutique artésunate amodiaquine). Pour le Dr Marème Dia
Ndiaye, « la quantité des Act donnée, actuellement, est suffisante pour
prendre en charge les malades. Nous ne sommes pas encore en plein hivernage,
période pendant laquelle le paludisme est plus fréquent. Et, je pense que le
moment venu, la quantité va augmenter ».

Juliette Codou, une jeune fille de teint clair, a 22 ans. Pour elle, le
traitement gratuit est une bonne initiative. Cela permet aux parents d'économiser
de l'argent. Car, dit-elle, « le traitement du paludisme coûte cher,
surtout, quand il s'agit d'un paludisme grave. Beaucoup de paludéens ont été
traités dans ce nouveau système ». Mais, regrette notre interlocutrice, « il
y a une rupture présentement. Mon petit frère a attrapé le paludisme, je
suis allé prendre les médicaments et le pharmacien me dit qu'il y a rupture
depuis une semaine », nous fait savoir Germain.
Livrer les dotations avant l'hivernage

Cette idée n'est pas partagée par Mme Cissé, pharmacienne du Centre de santé
Abdoul Aziz Sy Dabakh. Selon elle, la quantité donnée est minime pour
assurer la prise en charge de tous les cas de paludisme. « Les Parcelles
Assainies, c'est de l'unité 1 à l'unité 26 et on nous a donné dix doses pour
chaque médicament. Ce n'est rien du tout. Je ne sais pas si le problème se
pose au niveau de Nabil Choukair. Ce sont eux qui nous fournissent les
médicaments. Les Act doivent être bien ventilés. Nous sommes à l'approche de
l'hivernage et si le problème n'est pas résolu, nous aurons de sérieux
problèmes », informe-t-elle. Si non les personnes souffrant de paludisme
seront obligées d'acheter les médicaments pour se soigner.
Dans cette structure sanitaire, le traitement gratuit n'est pas encore
effectif, parce que la quantité reste insignifiante.

Par ailleurs, pour les patients, l'information n'est pas passée. « Je ne
suis pas au courant de cela. Mais, c'est une bonne chose. Le paludisme est
une maladie grave. Nous sommes les plus exposés, parce que dès que les
pluies tombent, toute la banlieue vit dans les eaux stagnantes », déclare
Bineta.

Certains patients s'impatientent du démarrage du traitement gratuit du
paludisme. C'est le cas de cette dame habillée en blanc, cure-dent à la
bouche. La peau dépigmentée, les joues bronzées, elle parle à voix basse.
« Depuis lors, ils ne peuvent pas appliquer la mesure de gratuité du
traitement du paludisme. C'est mon fils qui m'a informée. Ici, aux Parcelles
assainies, les médecins font ce qu'ils veulent. Je suis certaine qu'ils vont
se partager les médicaments ». Elle se retire tout d'un coup.

Après le Centre de santé Abdoul Aziz Sy Dabakh, cap sur le Centre de santé
de Hann sur Mer de Yarah. Les patients ne sont pas nombreux. Certains font
la queue, comme d'habitude, pour l'achat des tickets de consultation. Le Dr
Ndèye Kheury Ndoye est le médecin-chef de ce district.

Pour elle, le Centre de santé n'a pas encore commencé le traitement gratuit
du paludisme. Et pour cause : leur dotation n'est pas encore réceptionnée,
alors qu'ils décèlent tous les jours des cas de paludisme. Le Dr Ndoye
estime que la quantité est insuffisante. Selon elle, cette gratuité du
traitement du paludisme est une bonne décision, mais la disponibilité pose
problème. De ce fait, quand un cas de paludisme est détecté, les gens paient
le traitement, précise-t-elle.

Viviane DIATTA (Stagiaire)