[e-med] Rapport de l'Organe international de contrôle des stupéfiants pour 2009

[je vous recommande de lire le chapitre sur l'Afrique...CB]

http://www.incb.org/incb/fr/annual-report-2009.html

Rapport de l'Organe international de contrôle des stupéfiants pour 2009
Avant-propos

Les efforts de lutte contre la drogue déployés à l'échelle internationale ne
peuvent avoir d'effets à long terme que s'ils s'accompagnent d'efforts
continus pour réduire la demande illicite de drogues. C'est la raison pour
laquelle les auteurs des conventions internationales relatives au contrôle
des drogues ont imposé aux gouvernements l'obligation de réduire la demande.
L'adoption en 1998, à la vingtième session extraordinaire de l'Assemblée
générale, de la Déclaration sur les principes fondamentaux de la réduction
de la demande de drogues, ensemble de normes mondialement acceptées, a
également constitué un important pas en avant à cet égard.

Le premier chapitre du présent rapport de l'Organe international de contrôle
des stupéfiants porte sur la prévention de l'abus de drogues, aspect crucial
de la réduction de la demande. La prévention primaire englobe l'ensemble des
mesures destinées à prévenir et à réduire l'abus de drogues au sein des
populations qui n'en consomment pas ou pas régulièrement. Il est tout à fait
justifié que la société s'emploie de manière concertée à prévenir l'abus de
drogues car la moindre expérience de consommation à un jeune âge peut avoir
des suites graves: blessure accidentelle, surdose ou arrestation, par
exemple.

Les stratégies de prévention primaire doivent s'adresser à la fois à la
population dans son ensemble et aux groupes plus particulièrement
vulnérables à l'abus de drogues. Si des actions de grande envergure peuvent
apporter beaucoup du point de vue de la sensibilisation et entraîner une
réduction de la demande illicite, elles ne seront peut-être pas assez
ciblées ou poussées pour répondre efficacement aux besoins des groupes
vulnérables. Pour porter ses fruits, une stratégie de prévention de l'abus
de drogues devrait inclure deux types de mesures, pour viser à la fois la
population dans son ensemble et les groupes les plus vulnérables.

Les stratégies de prévention primaire ne sont efficaces que si elles sont
traduites en actes. Trop souvent, la priorité va à des actions à grand
retentissement mais de courte durée, comme des campagnes médiatiques
isolées. Pour produire des effets significatifs sur les plans social et
économique, les mesures de prévention doivent s'accompagner d'autres
mesures.

Problème permanent, l'abus de drogues requiert une attention et une action
constantes. Sa prévention est une question fondamentale de santé publique.
Les activités de prévention devraient ainsi être intégrées aux programmes
relatifs à la santé publique, à la promotion de la santé et au développement
des enfants et des jeunes. Il faut que les décideurs engagent des ressources
à cette fin.

Des efforts de prévention primaire venant uniquement des pouvoirs publics ne
peuvent pas donner de bons résultats. Il est indispensable de forger des
partenariats avec la société civile aux niveaux local, national et
international pour garantir le meilleur emploi possible de ressources
limitées et pour réduire plus efficacement la prévalence de l'abus de
drogues. Les organisations non gouvernementales sérieuses qui s'occupent d'enfants
et de jeunes et qui sont habituées à travailler aux côtés des représentants
des collectivités peuvent, à l'échelle locale, mener des activités de
prévention fondées sur des données factuelles et culturellement adaptées.
Parce qu'elles jouent concrètement un rôle considérable dans ce domaine, ces
organisations ont un point de vue important, dont les décideurs doivent
tenir compte.

Le présent rapport met en avant une tendance inquiétante, l'augmentation de
l'abus de préparations pharmaceutiques contenant des substances placées sous
contrôle international. Aux États-Unis d'Amérique, où le phénomène a été
amplement démontré, la prévalence de l'abus de médicaments de prescription
est supérieure à celle de l'abus de cocaïne, d'héroïne ou de
méthamphétamine. Il est plus spécialement préoccupant que les gens voient
rarement l'usage d'antidouleurs hors cadre thérapeutique comme une p rise de
risque particulière. L'ampleur de cet abus est sous-estimée et
insuffisamment étudiée. L'Organe recommande que les gouvernements lancent
des programmes de prévention pour sensibiliser les jeunes et les familles
aux dangers liés à l'abus de médicaments contenant des substances placées
sous contrôle.

Les médicaments à base de substances telles que l'oxycodone, la méthadone et
l'hydrocodone sont soumis à un contrôle international strict. Les États qui
sont parties aux conventions internationales relatives au contrôle des
drogues sont tenus de réglementer l'accès à ces médicaments et d'en prévenir
l'abus. Les cyberpharmacies illégales violent ces réglementations en mettant
des médicaments de prescription à la disposition de leurs clients sans
exiger d'eux l'ordonnance requise, ce qui fait courir un très grand risque
aux consommateurs. Pour aider les autorités publiques à s'attaquer au
problème, l'Organe a publié en 2009 les Principes directeurs à l'intention
des gouvernements pour la prévention de la vente illégale via l'Internet de
substances placées sous contrôle international, ainsi qu'un cadre d'action
destiné à les aider à prévenir la vente en ligne illégale de médicaments de
prescription. Les gouvernements devraient se référer à ces principes
directeurs et prendre de nouvelles mesures pour combattre la vente illégale
de médicaments de prescription. L'Organe est prêt à les soutenir dans leurs
efforts de lutte contre l'abus de médicaments de prescription.

L'Organe est le principal défenseur d'un plus large usage licite de
médicaments à base d'opioïdes. Il examine régulièrement dans ses rapports la
consommation qui est faite de ces substances à des fins médicales. Il s'attache
avec l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) à élaborer des principes
directeurs pour l'évaluation des lois et politiques nationales, l'objectif
étant de trouver des moyens d'améliorer la disponibilité de ces médicaments.
Il a mis en place avec l'OMS le Programme d'accès aux médicaments sous
contrôle. Il a aussi réuni avec l'OMS un groupe de travail conjoint chargé d'aider
les gouvernements à évaluer de manière plus réaliste les besoins en
médicaments contenant des substances placées sous contrôle international.
Les politiques par trop restrictives sont contraires à l'un des principes
énoncés dans les conventions internationales relatives au contrôle des
drogues, à savoir que 1'usage médical des stupéfiants est indispensable pour
soulager la douleur et que les mesures voulues doivent être prises pour
assurer que des stupéfiants soient disponibles à cette fin.

La Présidente de l'Organe international
de contrôle des stupéfiants
Sevil Atasoy

Je penses que cette réflexion doit amener à nous interroger sur la gestion responsable des stupéfiants et autres produits sous contrôle dans un contexte de dérégulation du secteur pharmaceutique. Si les pays ayant une autorité de réglementation pharmaceutique forte comme les Etats-Unis d'Amerique se trouvent confronté à ces abus dans un système "normal",il faut se demander quelle est la situation dans nos pays avec des lois dépassées, inadaptées; des multiples circuits d'approvisionnement des médicaments (public ou en son nom et privé) sans aucune possibilité de faire la traçabilité et des moyens techniques, financiers et logistiques insuffisants ou souvent inexistants.
Les stratégies de résolution de ce problème devrait également intégrer les capacités des pays à réguler leur flux des médicaments y compris ceux sous contrôle

Franck Biayi
Pharmacien
Kinshasa/RDCongo
Tél:00243 818125838