[e-med] Rapport Igas sur les MNU

SANTE. Trafic de médicaments : déjà 21 plaintes
Accablant, le rapport de l'Igas sur ces pharmaciens qui détournaient les
médicaments non utilisés pour les revendre discrètement. Vingt et une
plaintes ont été déposées, et Philippe Douste-Blazy demande des
sanctions exemplaires. Révélations.
http://www.leparisien.fr/home/info/economie/article.htm?articleid=245979
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QUATRE-VINGT-QUINZE pharmacies inspectées. Quarante cas de « dérapages »
confirmés. Et déjà vingt et une officines faisant l'objet de poursuites
pénales ou disciplinaires.
Telles sont les conclusions, accablantes, du rapport de l'Inspection
générale des affaires sociales (Igas) sur le dispositif de recyclage des
médicaments (Cyclamed), que le ministre de la Santé, Philippe
Douste-Blazy, a sur son bureau depuis quelques jours. Impossible,
certes, d'extrapoler ces chiffres aux vingt-trois mille pharmaciens,
puisque les inspecteurs de l'Igas ont focalisé leurs recherches sur des
officines déjà suspectes. Il n'empêche. A la lecture de ce rapport, que
notre journal dévoile en exclusivité, Philippe Douste-Blazy se dit
d'autant plus « horrifié » (lire son interview) qu'il avait annoncé, en
septembre, de prochaines « descentes » dans les pharmacies. Les
inspecteurs de l'Igas confirment : « Le mal est profond, et les
fraudeurs ressentent une impression d'impunité. » L'opération
humanitaire, elle, vire au scandale. Lancé en 1992, le programme
Cyclamed visait non seulement à récupérer et à incinérer les millions de
tonnes de médicaments non utilisés en France, mais aussi à expédier vers
les pays en développement les produits non périmés. Las !
Partant du principe que « rien ne se perd, tout se recycle », si l'on
ose dire, des pharmaciens véreux ont préféré garder les médicaments
ramenés à leur officine par des patients... pour les revendre ensuite,
comme s'ils étaient flambant neufs. Un trafic lucratif - les sommes
iraient de quelques milliers à quelques dizaines de milliers d'euros -
pour les « ripoux ». Mais dangereux pour les patients, puisque les
officinaux concernés n'hésitent pas, si nécessaire, à mélanger des lots
différents dans une même boîte. Le hic ? Si un industriel annonce qu'un
de ces lots doit être retiré du marché, on ne peut plus remonter jusqu'à
lui...

Un système dénoncé par l'Ordre des pharmaciens

« Nous ferons le ménage jusqu'à ce que la sécurité sanitaire soit à
nouveau totale », promet le président de l'Ordre national des
pharmaciens, Jean Parrot, qui évalue cependant « à moins d'un par
département » les cas de fraude. Et rappelle que les pharmaciens pris la
main dans le sac risquent gros : jusqu'à plusieurs d'années
d'interdiction totale d'activité. Philippe Douste-Blazy, lui, souhaite
désormais sécuriser davantage Cyclamed, notamment en obligeant les
pharmaciens à retourner les produits non utilisés sous une forme
inviolable (films plastique, etc.).
A supposer, toutefois, que Cyclamed dans sa version humanitaire (envoi
dans les pays en développement) survive au scandale du moment... Honni
par une partie des vingt-trois mille officinaux, qui effectuent ce
travail de tri à titre gratuit - les plus remontés évoquent même le
système « Cyclamerde », qui les oblige à recycler les déchets de
l'industrie pharmaceutique... -, Cyclamed est aussi brocardé depuis
belle lurette par l'Ordre des pharmaciens. « Non seulement les produits
ne sont plus sûrs, puisque rien ne garantit qu'ils aient été conservés à
bonne température par exemple, mais ils font ensuite l'objet d'un autre
trafic, très lucratif, en Afrique notamment », dénonce Jean Parrot, qui
réclame la mise à mort pure et simple de Cyclamed, tout comme
l'Organisation mondiale de la santé. « La question de sa suspension est
posée », confirmait, hier soir, Philippe Douste-Blazy à notre journal.

Des dizaines de tonnes de médicaments, destinés à être recyclés par
Cyclamed, ont été détournées et revendues. (PHOTOPQR/« LA DEPECHE DU
MIDI »/MICHEL VIALA.)

Odile Plichon et Jean-Marc Plantade
Le Parisien , jeudi 10 février 2005

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Sophie-Marie Scouflaire
Pharmacien MSF France
Tel : +33 1 40 21 28 22
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Mail : sophie-marie.scouflaire@msf.org

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