[le journaliste a raison, la question mérite réponse...CB]
Vente et distribution des ARV dans les officines : motus et bouche cousue à
l'Ordre des pharmaciens
Wal Fadjri (Dakar)
2 Janvier 2006
Publié sur le web le 3 Janvier 2006
Issa Niang
http://fr.allafrica.com/stories/200601030069.html
Les officines de pharmacie qui opèrent dans le privé sont-elles habilitées à
vendre ces médicaments destinés à traiter les personnes vivant avec le virus
du sida et dont la gratuité sur toute l'étendue du territoire national a été
décidée par le président de la République ? A l'Ordre national des
pharmaciens, c'est motus et bouche cousue.
Y a-t-il problème dans la vente et la distribution des médicaments
anti-rétroviraux ? L'attitude de l'Ordre national des pharmaciens porte à le
croire. En conférence de presse hier, les membres de cet ordre ont fermé
leurs oreilles et se sont mis à plat le ventre lorsqu'ils ont été
interpellés sur la question des Arv. Une esquive qui laisse perplexe plus
d'un et qui renseigne sur le degré de sensibilité de cette question des Arv.
"Pour le moment, nous voulons nous consacrer à l'objet de cette conférence
de presse et nous voulons que le débat soit circonscrit à cela", a laissé
entendre El Hadji Malick Diop, vice-président de la Section B de l'Ordre
national des pharmaciens. Le débat, c'est "informer les populations sur la
mise en place de la réglementation en vigueur portant sur l'organisation des
gardes des officines de pharmacie, objet de la conférence de presse". Sur la
question posée, voilà la réponse. Et c'est tout.
Le silence de l'Ordre des pharmaciens sur la question des Arv incite à se
poser des questions. En particulier, les officines de pharmacie qui opèrent
dans le privé sont-elles habilitées à vendre ces médicaments destinés à
traiter les personnes vivant avec le virus du sida et dont la gratuité sur
toute l'étendue du territoire national a été décidée par le président de la
République ? Si certaines pharmacies disposent d'Arv, à quel prix ces
médicaments sont-ils vendus ?
Y a-t-il une concertation entre l'Ordre des pharmaciens et le Conseil
national de lutte contre le sida sur la question des Arv ? Autant
d'interrogations sans réponse. A l'intention des populations, notamment les
usagers des zones urbaines et rurales et des professionnels, l'Ordre des
pharmaciens du Sénégal vient de lancer une campagne médiatique d'information
suite à l'arrêté portant application du décret établissant un service de
garde de nuit des officines de pharmacie. L'article premier dudit arrêté
stipule qu'"un service de garde est organisé pour assurer au public la
disponibilité permanente des médicaments, en dehors des heures d'ouverture
visées". D'après les membres de l'Ordre des pharmaciens, les mesures
contenues dans cet arrêté participent à l'effort national du développement
de la santé et contribuent dans la prise en charge des soins de santé,
surtout des urgences médicales et chirurgicales.
Toute officine de pharmacie qui ne respecterait pas les mesures contenues
dans cet arrêté qui existe depuis 1961 et dont l'application vient d'être
effective, sera soumise à des sanctions. Celles-ci peuvent être d'ordre
disciplinaire : avertissement, blâme, interdiction temporaire ou définitive
d'exercer la fonction de pharmacien. Des sanctions pénales sont également
prévues, si les populations portent plainte contre une officine de
pharmacie, qui, pour non respect de la législation, est accusée d'être à
l'origine de mort d'homme. Aussi El Hadji Malick Diop appelle-t-il les
populations et autres usagers à prendre leurs responsabilités face aux
officines qui ne respecteront pas les mesures arrêtées.
Sur la question de la sécurité des officines de pharmacie en garde, une
liste sera communiquée aux différents commissariats et brigades de
gendarmerie pour qu'ils restent en contact avec ces derniers, en plus des
mesures de sécurité prises par le pharmacien lui-même.