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Message-Id: Situation de la Pharmacie au S�n�gal : le point de vue d'un
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E-MED: Situation de la Pharmacie au S�n�gal : le point de vue d'un
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Le Soleil Edition du Mercredi 19 mai 2004
Dr Emmanuel Sarr, pharmacien : �20% des officines dans la tourmente...�
Parlant de l'impact socio-�conomique de la r�partition des pharmacies, le Dr
Emmanuel Sarr, de la pharmacie � Gorom � sise � Yoff sur le site environnant
de l'a�roport, a aussi dissert� largement sur les nombreuses difficult�s que
rencontrent les pharmaciens.
� Notre profession traverse des bouleversements depuis une dizaine d'ann�es,
surtout suite � la d�valuation du franc CFA qui avaient induit une hausse
des prix des m�dicaments donc, une baisse de l'affluence des clients �, a-il
lanc�.
Il a �galement fait remarquer que dans leur profession, on ne part pas � la
retraite, alors qu'il y a une arriv�e de jeunes chaque ann�e sur le march�
et que le chiffre d'affaires dans ce domaine n'est pas extensible � souhait.
� Il arrive donc, n�cessairement, un moment o� il y a blocage. La croissance
�conomique est de 5%, l'inflation est relativement ma�tris�e, pendant que la
d�mographie est continuellement en hausse. De 1992 � maintenant, la
population a augment� de 30,25%.
Pendant ce temps, le chiffre d'affaires dans la pharmacie priv�e est pass�
de 16 milliards de Fcfa (qui correspondent � 28, 60 milliards dans le
public)� 24 milliards 300 millions de Cfa en 1996, puis � 33 milliards 470
millions de Fcfa en 2002. Elle est beaucoup moins importante que la
croissance de la population. Le Dr Sarr a indiqu� sur ce registre que le
chiffre d'affaires moyen par officine a baiss� du fait de la multiplication
des officines et le march� parall�le illicite. Le nombre de pharmacies a �t�
multipli� par cinq entre 1985 et 2001, o� il est pass� de 109 � 532. Il est
actuellement de 646. Si nous prenons le chiffre d'affaires global par
rapport au nombre de pharmacies priv�es, on voit que le chiffre d'affaires
moyen par pharmacie priv�e �tait en 1993 de 99,185 millions de Fcfa par an.
� En supposant que le pharmacien avait 10% pour le salaire, il s'en sortait,
a-t-il soutenu, avec 10 millions environ l'an �. Avec 39,7 milliards de Fcfa
pour l'ensemble des pharmacies en 2002, le revenu annuel s'�l�ve � 61,099
millions de Fcfa, ce qui nous ram�ne � 4 millions de F cfa environ l'an pour
le salaire gagn� par le pharmacien dix ans apr�s. En dix ans donc le
pharmacien aurait perdu la moiti� de ses propres revenus, comme un comprim�
effervescent dans de l'eau....
Selon le Dr Sarr qui l'a r�v�l� : � une �tude a montr� qu'en 2001 sur 532
officines, 87 d'entre elles avaient de tr�s s�rieux probl�mes, soit 15,7%.
Le taux des officines dans la tourmente des difficult�s doit �tre
actuellement � 20% environ.
Il a reconnu que le march� parall�le est approvisionn� par les pharmaciens
eux-m�mes et aussi par des agents qui sont devenus plus nombreux et plus
agressifs commercialement. �Ils ont m�me �largi les gammes des produits
qu'ils offrent illicitement�, a-il dit. � J'ai ouvert, il y a seulement peu
de mois, a-t-il r�v�l�, et j'ai eu � voir � deux reprises, des gens venir me
proposer des produits identiques � ceux que vendent les grossistes attitr�s
(Cophase, Sodipharm, et Laborex) �. Ces m�dicaments avaient les
caract�ristiques des bons m�dicaments (bo�tes conformes, les num�ros des
lots, les dates de p�remption, etc.) Il n'y a aucune diff�rence avec les
produits que l'on trouve chez les grossistes.
Le Dr Emmanuel Sarr a aussi r�v�l�, que le taux d'accessibilit� des
m�dicaments avaient subi une baisse en 1994, avant d'amorcer une l�g�re
hausse en 1997, gr�ce � la r�ponse apport�e par toute la profession �
travers l'extension des gammes de produits embrassant de plus larges franges
de la population et l'introduction des g�n�riques. � 90% de la population
financent leurs d�penses en m�dicaments sans recours � des organismes
sociaux de prise en charge, ce qui constitue une difficult� r�elle,
contrairement aux pays d�velopp�s o� des institutions (assurances, s�curit�
sociale, mutuelles, etc.) jouent ce r�le essentiel dans les co�ts des soins
�, a-t-il dit. � Ces institutions permettent de ne pas d�bourser tout de
suite, alors que chez nous o� la pauvret� est pr�sente, il faut payer
rapidement de sa poche �, avait-il poursuivi.
PROFESSION FRAGILIS�E
L'autre aspect est � la fois humain et �conomique. C'est le ch�mage des
jeunes pharmaciens. De plus en plus de jeunes pharmaciens sortant de la
Facult� arrivent sur le march� au terme de leurs dures �tudes et ne trouvent
pas un emploi r�mun�rateur. � Je pense qu'un jeune qui arrive sur un march�
sans issue peut �tre pouss� � d�vier, s'il n'a pas les pieds sur Terre �,
a-t-il lanc�. Tous ces facteurs ont pour cons�quence, selon lui, de
fragiliser notre profession.
� Il faut encourager les pharmaciens � �tre dans les officines ou � avoir un
pharmacien recrut� sur place �, a-t-il poursuivi. Il juge cela comme un
choix rentable et cela encourage les clients, s�curise et augmente les
conseils pertinents, d'o� l'accroissement des ventes. Il a soutenu que la
pr�sence d'un assistant pharmacien de formation qui, lui, sera moins enclin
� puiser dans le stock pour du coulage, est plus s�re qu'un employ� qui ne
l'est pas. Il a propos� diverses initiatives en vue d'optimiser les
avantages commerciaux comme le groupage des achats, le paiement comptant par
l'utilisation des banques qui, elles, sont en train de baisser leurs taux
d'int�r�t, ce qui est plus int�ressant que le taux d'escompte des
grossistes. Il a cit� aussi la rationalisation des charges et l'adaptation
des heures d'ouverture de l'officine aux heures d'affluence. Cette derni�re
mesure devrait permettre d'�conomiser de l'�nergie et de l'argent dans la
mesure o� les horaires du personnel seront mieux ajust�s.
Il a relev� aussi le regroupement de pharmaciens sur la base d'affinit�s
�conomiques devrait induire la possibilit� de n�gocier des conditions avec
de plus grandes chances de r�ussite aupr�s des grossistes. Il a soulign�
aussi l'int�r�t face � la fiscalit� et l'intention des pouvoirs publics de
baisser les imp�ts des soci�t�s, de cr�er des Soci�t�s unipersonnelles �
responsabilit� limit�e, �quivalente de la SARL (*)mais ramen�e � une
personne.
Le Dr Sarr a relev� aussi une autre question d�licate qui a trait � la
retraite des pharmaciens. � On devrait voir comment amener des pharmaciens �
se d�sengager totalement ou partiellement de leurs affaires, moyennant des
mesures d'accompagnement (mutuelles, assurances vie, etc) sur lesquelles les
diff�rentes instances de l'Ordre sont en train de r�fl�chir�.
Il a salu� les initiatives prises pour d�velopper la formation, qui est la
seule � faire �merger un nouvel interlocuteur pharmacien comp�tent pour les
clients et devant les instances de d�cision qui chapeautent la profession.
Il a par ailleurs fait remarquer la qualit� des produits vendus dans les
pharmacies s�n�galaises. � J'ai visit� de nombreux pays africains et ce que
j'y ai vu comme pratiques �tonnantes dans le secteur conforte ma position de
pharmacien s�n�galais, confiant dans l'organisation existante dans mon pays
o� les prix sont abordables, quoi que l'on dise �, a-t-il r�v�l�. � Ils sont
m�me les plus bas que ceux affich�s dans la sous-r�gion �, a-t-il dit en
substance. Enfin, sur le combat contre le march� illicite, il a indiqu� la
n�cessit� de renforcer la campagne d'information, la sensibilisation des
d�cideurs et des leaders religieux, l'implication des m�diats, etc.
Fara DIAW
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