[e-med] Tambacounda : Les personnes vivant avec le Vih/Sida dénoncent la cherté des analyses médicales

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Tambacounda : Les personnes vivant avec le Vih/Sida dénoncent la cherté des analyses médicales

Lundi, 30 Avril 2012 09:52
Écrit par neutre
Le coût élevé des bilans médicaux préoccupe les personnes vivant avec le Vih/Sida dans la région de Tambacounda. Pour un meilleur suivi du traitement, elles souhaitent l’allègement des tarifs des analyses médicales et le renforcement de l’appui nutritionnel. Elles veulent aussi bénéficier d’activités génératrices de revenus.
La stigmatisation et la discrimination des PvVih constituent encore des défis à relever dans la lutte contre le Vih/Sida. Même si l’on note que les séropositifs révèlent, de plus en plus, leur statut sérologique. Mais, les PvVih font face à d’autres goulots d’étranglement pouvant, à la longue, saper leur prise en charge sanitaire. Il s’agit, en l’occurrence, de la cherté des coûts des prestations sanitaires, les analyses médicales en particulier. « Les bilans que nous faisons coûtent cher. Il peut arriver qu’on nous demande 25.000 F Cfa ou plus pour des analyses médicales, alors que nous n’avons même pas quoi manger », informe la présidente de l’Association des PvVih. Ladite association est forte de 80 membres actifs. « Il existe d’autres PvVih dans la région. Mais, elles préfèrent encore vivre dans l’anonymat. On continue de les sensibiliser pour qu’elles rejoignent l’association », indique la présidente, soulignant, par ailleurs, que les Arv (antirétroviraux) restent encore gratuits, de même que les analyses pour déterminer le taux de CD4 (Ce bilan est un bon indicateur permettant d’évaluer les capacités de défense contre le Vih et de la progression du virus. Plus le taux de CD4 est bas, plus la PvVih est vulnérable aux infections).
Ainsi, regrette l’assistante sociale de l’association : « si quelqu’un tombe malade, il préfère souvent ne pas se rendre dans une structure sanitaire, parce que n’ayant pas les moyens de faire les examens demandés par le médecin ». Pourtant, estime Sara Aw, chargé de programme de l’Unité d’appui régional (Uar) du Conseil national de lutte contre le Sida (Cnls), « il est important qu’on diminue les charges pour les PvVih», d’autant que le Cnls a construit une banque de sang à Bakel et à Kédougou. « Dès l’instant qu’il y a un appui, il faut que les structures sanitaires essaient de baisser les prix au profit des PvVih. On espère, avec les efforts fournis, que les prix seront revisités », dit-il. D’ailleurs, pour une meilleure prise en charge de leurs préoccupations, notamment dans les structures sanitaires, les PvVih de Tambacounda proposent qu’un des leurs soit recruté comme médiateur dans les lieux de prise en charge du Vih, car connaissant mieux que ceux qui ne sont pas infectés les problèmes que vivent les séropositifs.

Le casse-tête du transport
Au coût élevé des analyses médicales, se greffe la gestion des affections opportunistes liées au Vih/Sida, renchérit une autre PvVih, membre de l’association. « Certains d’entre nous hésitent même à prendre les Arv, parce qu’ils ne parviennent pas à se nourrir correctement », fait-elle remarquer, jugeant de la nécessité de renforcer l’appui nutritionnel à l’endroit des séropositifs de la région de Tamba également confrontés à l’accessibilité aux structures sanitaires. « Le transport constitue un casse-tête pour beaucoup d’entre nous, parce que, pour éviter la stigmatisation, certaines PvVih préfèrent, généralement, aller se soigner ailleurs que dans leurs localités respectives », témoigne une séropositive, révélant que ce fut son cas quand elle a appris son statut sérologique. « Au lieu de rester à Tamba, j’ai préféré aller à Kaolack pour le suivi. Sur place, l’association locale me remboursait le transport. C’est quand je suis tombée enceinte qu’on m’a suggéré, par mesure de prudence, de rester à Tamba.
C’est par la suite que j’ai intégré l’association des PvVih de Tamba », explique-t-elle. De l’avis de cette femme, la contrainte liée au coût du transport est plus dramatique pour les séropositives en état de grossesse. « A cause des difficultés qu’elles rencontrent pour payer le transport, ces femmes choisissent de rester chez elles. Une telle situation peut porter un sérieux coup à la Prévention de la transmission du Vih/Sida de la mère à l’enfant (Ptme) », regrette notre interlocutrice.

Prévention de la transmission mère-enfant
Pour Sara Aw, chargé de programme de l’Unité appui régional (Uar) du Conseil national de lutte contre le Sida (Cnls), « si des femmes sont dépistées positives et qu’elles n’ont pas les moyens de se déplacer pour le suivi, cela pose problème ». D’ailleurs, il ne manque pas de révéler que leur point faible dans la lutte contre le Vih dans la région de Tamba est en rapport avec la Ptme. « Nous avons des problèmes pour atteindre les objectifs fixés. A cause de la rétention de l’information sanitaire, nous ne pouvons pas documenter la Ptme. Il y a aussi des difficultés liées à la configuration de la région qui est très vaste, donc difficile à couvrir », explique M. Aw, qui regrette que certains districts sanitaires n’ont même pas de logistique pour faire le dépistage, notamment dans la zone de Dianké Mahan (l’un des 7 districts sanitaires de la région de Tamba). « L’enclavement doit être réglé pour faciliter l’accès des populations aux structures sanitaires », défend-il.
Heureusement que des Ong, comme Jardin de Cocagne, appuient les PvVih de Tamba dans le transport, se réjouit le coordonnateur de l’Uar du Cnls. D’autres activités, tels que le soutien aux Orphelins et enfants vulnérables (Oev), l’appui nutritionnel, les groupes de paroles, les repas communautaires, entre autres, sont prises en charge par des Ong partenaires de l’association des PvVih de Tamba. Une information confirmée par la présidente qui salue l’appui du Cnls, de l’Ancs, des Ong La Lumière et Jardin de Cocagne ainsi que d’autres structures. Seulement, les membres de cette association souhaitent qu’on leur finance des Activités génératrices de revenus (Agr), afin qu’ils puissent s’occuper et oublier leur infection.
Dans ce cadre, « nous n’avons pas encore appuyé les PvVih à travers des activités génératrices de revenus », reconnaît Sara Aw du Cnls de Tamba, saluant le soutien des Ong qui appuient cette association dans les activités génératrices de revenus. Selon lui, il est important de « coordonner les interventions pour savoir ce que fait chaque intervenant ». Puisque l’intégration des services de santé de la reproduction et du Vih est posée, Mamadou Diaw, point focal de l’Alliance nationale contre le Sida (Ancs) à Tamba, pense qu’il faut « réfléchir à la création d’un cadre de collaboration entre l’association des PvVih de Tamba et les partenaires ».

Maïmouna GUEYE

Envoyé de mon iPad
Simon KABORE
Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME)