Communiqué MSF
TUBERCULOSE : Faute d'un test de dépistage efficace, plus de la moitié des malades ne sont
pas soignés
Mis en ligne le 21 mars 2005
Sans un test de dépistage rapide et simple d'utilisation pour la
tuberculose, le personnel soignant dans les pays en développement va
continuer de passer à côté de près de la moitié des malades. Pour Médecins
Sans Frontières, cela mine tous les efforts de prise en charge du plus grand
nombre de malades possible.
"Je n'en peux plus de voir mes patients mourir de la tuberculose, explique
le docteur Martha Bedelu, médecin MSF en Afrique du sud. J'ai l'impression
de pratiquer la médecine avec les deux mains attachées dans le dos. Et comme
je dois utiliser un test diagnostique du 19ème siècle qui donne un résultat
erroné dans plus de la moitié des cas, c'est comme si j'avais aussi les yeux
bandés".
» UN TEST DIAGNOSTIQUE OBSOLÈTE
Le diagnostic de la tuberculose dans les pays en développement repose sur
l'examen microscopique des crachats, une méthode mise au point il y a 123
ans. Ce test ne permet de détecter le bacille de la tuberculose que chez 45
à 60% des malades. Et il est encore moins efficace pour les patients
co-infectés par le sida, soit 30% des 40 millions de séropositifs. "A
l'heure de la pandémie de sida, quand on sait que la tuberculose est la
première cause de mortalité chez les personnes infectées par le VIH, c'est
intenable, s'alarme Martha Bedelu. Autre lacune de ce test, il ne marche pas
chez les enfants."
Examen au microscope
Le diagnostic de la tuberculose dans les pays en développement repose sur
l'examen microscopique des crachats, une méthode mise au point il y a 123
ans. Ce test ne permet de détecter le bacille de la tuberculose que chez 45
à 60% des malades.
Près de 9 millions de personnes développent la tuberculose chaque année. La
grande majorité d'entre elles vivent dans les pays en développement où
surviennent 99% des décès et où se trouvent 90% des personnes infectées par
le virus du sida. Et pourtant, la plupart des tentatives actuelles pour
mettre au point un nouveau diagnostic se concentrent sur les marchés plus
lucratifs que représentent les pays occidentaux.
A MSF, nous participons au développement de nouveaux outils diagnostiques en
évaluant si leur utilisation est possible ou non dans nos programmes. "Il
nous faut un test diagnostique comparable à celui que nos équipes utilisent
aujourd'hui pour le paludisme : un test simple à utiliser, qui donne
rapidement le résultat et peut être utilisé par n'importe quel technicien de
laboratoire ou personnel soignant, sans avoir besoin d'un laboratoire. Mais
nous craignons que les recherches actuelles ne s'orientent pas vers cela",
déplore le docteur Francine Matthys, de la Campagne d'accès aux médicaments
essentiels de MSF.
» POUR UNE RECHERCHE ADAPTÉE AUX BESOINS DES PAYS PAUVRES
"La recherche doit se pencher sur l'exploration de nouvelles méthodes
diagnostiques, ajoute le Dr Matthys. Il est nécessaire de soutenir la
recherche et le développement visant à simplifier et réduire le coût des
diagnostics existants, mais aussi de travailler sur des méthodes plus
rapides, plus simples, mieux adaptées à des contextes précaires." Nos
équipes travaillent étroitement avec des experts dans cet objectif.
MSF renforce ses équipements de laboratoire, en développant les moyens de
microscopie, en introduisant une méthode diagnostique et de suivi des
traitements basée sur la culture du bacille de la tuberculose, les
antibiogrammes (pour détecter les éventuelles résistances) ainsi que
l'utilisation de radiologie et la formation du personnel. "Mais plus longue
sera la mise au point d'un outil réellement utile et simple d'utilisation,
plus grand sera le nombre de malades qui mourront sans soins", conclut
Francine Matthys.