L’OMS appelle à une action urgente pour remédier aux perturbations
mondiales des services de lutte contre la tuberculose, qui mettent des
millions de vies en danger
20 mars 2025
Communiqué de presse Genève
À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose
(TB), célébrée le 24 mars, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS)
appelle à un investissement urgent de ressources pour protéger et
maintenir les services de soins et de soutien contre la tuberculose
(TB) pour les personnes dans le besoin dans toutes les régions et tous
les pays. La tuberculose reste la maladie infectieuse la plus mortelle
au monde, responsable de plus d’un million de décès chaque année,
entraînant des conséquences dévastatrices pour les familles et les
communautés.
Les efforts mondiaux de lutte contre la tuberculose ont permis de
sauver environ 79 millions de vies depuis 2000. Cependant, les coupes
budgétaires drastiques et brutales actuellement appliquées à la santé
mondiale menacent d’annuler ces progrès. La résistance croissante aux
médicaments, notamment en Europe, et les conflits en cours au
Moyen-Orient, en Afrique et en Europe de l’Est aggravent encore la
situation des plus vulnérables.
Sous le thème « Oui ! Nous pouvons en finir avec la tuberculose :
s’engager, investir, agir », la campagne de la Journée mondiale de
lutte contre la tuberculose 2025 lance un appel à l’urgence, à la
responsabilisation et à l’espoir. « Les progrès considérables réalisés
par le monde contre la tuberculose au cours des 20 dernières années
sont désormais menacés, car les coupes budgétaires commencent à
perturber l’accès aux services de prévention, de dépistage et de
traitement pour les personnes atteintes de tuberculose », a déclaré le
Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS . « Mais
nous ne pouvons pas renoncer aux engagements concrets pris par les
dirigeants mondiaux lors de l’Assemblée générale des Nations Unies il
y a tout juste 18 mois pour accélérer les efforts visant à mettre fin
à la tuberculose. L’OMS s’engage à collaborer avec tous les donateurs,
partenaires et pays touchés pour atténuer l’impact des coupes
budgétaires et trouver des solutions innovantes. »
Financement : une menace pour les efforts mondiaux de lutte contre la
tuberculose
Les premiers rapports adressés à l’OMS révèlent que de graves
perturbations dans la lutte contre la tuberculose sont observées dans
plusieurs des pays les plus touchés par la maladie, suite aux coupes
budgétaires. Les pays de la Région africaine de l’OMS sont les plus
touchés, suivis par ceux des Régions Asie du Sud-Est et Pacifique
occidental. Vingt-sept pays sont confrontés à des défaillances
majeures dans leur lutte contre la tuberculose, avec des conséquences
dévastatrices, telles que :
Les pénuries de ressources humaines compromettent la prestation de services;
Les services de diagnostic sont gravement perturbés, retardant la
détection et le traitement ;
Les systèmes de données et de surveillance s’effondrent, compromettant
le suivi et la gestion des maladies ;
Les efforts d’engagement communautaire, notamment la recherche active
de cas, le dépistage et la recherche des contacts, se détériorent,
entraînant des diagnostics retardés et des risques de transmission
accrus.
Neuf pays signalent des défaillances dans l’approvisionnement et la
distribution des médicaments contre la tuberculose, mettant en péril
la continuité du traitement et les résultats pour les patients.
Les coupes budgétaires de 2025 aggravent encore le sous-financement
déjà existant de la lutte mondiale contre la tuberculose. En 2023,
seuls 26 % des 22 milliards de dollars US annuels nécessaires à la
prévention et au traitement de la tuberculose étaient disponibles, ce
qui laisse un déficit considérable. La recherche sur la tuberculose
est en crise, ne recevant qu’un cinquième de l’objectif annuel de 5
milliards de dollars US en 2022, ce qui retarde considérablement les
progrès en matière de diagnostic, de traitement et de vaccination.
L’OMS mène des efforts pour accélérer le développement d’un vaccin
contre la tuberculose par l’intermédiaire du Conseil pour
l’accélération des vaccins contre la tuberculose, mais les progrès
restent compromis sans engagements financiers urgents.
Déclaration conjointe avec la société civile
En réponse aux défis urgents qui menacent les services de lutte contre
la tuberculose dans le monde entier, le Directeur général de l’OMS et
le Groupe de travail de la société civile sur la tuberculose ont
publié une déclaration décisive. Une déclaration commune publiée cette
semaine exige des efforts immédiats et coordonnés de la part des
gouvernements, des responsables de la santé mondiale, des donateurs et
des décideurs politiques afin d’éviter de nouvelles perturbations. La
déclaration met en avant cinq priorités essentielles :
S’attaquer de toute urgence aux perturbations des services de lutte
contre la tuberculose, en veillant à ce que les réponses soient à la
hauteur de la crise ;
Assurer un financement national durable , garantissant un accès
ininterrompu et équitable à la prévention et aux soins de la
tuberculose ;
Préserver les services essentiels de lutte contre la tuberculose ,
notamment l’accès aux médicaments vitaux, aux diagnostics, aux
traitements et aux protections sociales, ainsi qu’une collaboration
intersectorielle ;
Établir ou revitaliser des plateformes nationales de collaboration ,
favoriser les alliances entre la société civile, les ONG, les
donateurs et les sociétés professionnelles pour relever les défis ;
Améliorer les systèmes de surveillance et d’alerte précoce pour
évaluer l’impact en temps réel et détecter les perturbations à un
stade précoce.
« Cet appel urgent arrive à point nommé et souligne la nécessité d’une
action rapide et décisive pour soutenir les progrès mondiaux dans la
lutte contre la tuberculose et prévenir des revers qui pourraient
coûter des vies », a déclaré le Dr Tereza Kasaeva, directrice du
Programme mondial de l’OMS sur la tuberculose et la santé
respiratoire. « Investir pour mettre fin à la tuberculose est non
seulement un impératif moral, mais aussi une nécessité économique :
chaque dollar investi dans la prévention et le traitement génère
environ 43 dollars américains de retombées économiques. »
Nouvelles directives sur la tuberculose et la santé pulmonaire
Pour lutter contre les contraintes budgétaires croissantes, l’OMS
encourage l’intégration de la tuberculose et de la santé respiratoire
dans les soins de santé primaires, une solution durable. De nouvelles
orientations techniques publiées par l’OMS décrivent les actions
essentielles tout au long du continuum des soins, en mettant l’accent
sur la prévention, le dépistage précoce de la tuberculose et des
comorbidités, l’optimisation de la prise en charge dès le premier
contact et l’amélioration du suivi des patients. Ces orientations
encouragent également une meilleure utilisation des systèmes de santé
existants, en s’attaquant aux facteurs de risque communs tels que la
surpopulation, le tabac, la dénutrition et les polluants
environnementaux.
En s’attaquant aux déterminants de la tuberculose ainsi qu’aux
maladies transmissibles et non transmissibles, aux affections
pulmonaires et aux handicaps par le biais d’une stratégie unifiée,
l’OMS vise à renforcer la réponse mondiale et à favoriser des
améliorations durables des résultats en matière de santé.
À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose,
l’OMS appelle chacun : individus, communautés, sociétés, donateurs et
gouvernements, à contribuer à l’éradication de la tuberculose. Sans
une action concertée de toutes les parties prenantes, la lutte contre
la tuberculose sera anéantie, anéantissant des décennies de progrès,
mettant en danger des millions de vies et menaçant la sécurité
sanitaire.