Les coupes budgétaires ont un impact sur l’accès aux services de lutte
contre la tuberculose, mettant en danger des millions de vies
5 mars 2025 Mise à jour du département Genève
Au cours des deux dernières décennies, les services de prévention, de
dépistage et de traitement de la tuberculose ont permis de sauver plus
de 79 millions de vies, évitant environ 3,65 millions de décès dus à
la maladie infectieuse la plus meurtrière au monde rien que l’année
dernière. Ces progrès ont été stimulés par une aide étrangère
cruciale, en particulier dans les pays à revenu faible et
intermédiaire (PRFI), notamment par l’USAID. Cependant, des coupes
budgétaires brutales menacent aujourd’hui de réduire à néant ces gains
durement acquis, mettant des millions de personnes – en particulier
les plus vulnérables – en grave danger.
D’après les données communiquées par les programmes nationaux de lutte
contre la tuberculose à l’OMS et les rapports du gouvernement des
États-Unis au système de notification des pays créanciers de
l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE),
le gouvernement des États-Unis a fourni environ 200 à 250 millions de
dollars par an en financement bilatéral pour la lutte contre la
tuberculose au niveau national. Ce financement représente environ un
quart du montant total du financement des donateurs internationaux
pour la tuberculose.
Les coupes budgétaires de 2025 auront un impact dévastateur sur les
programmes de lutte contre la tuberculose, en particulier dans les
pays à revenu faible et intermédiaire qui dépendent fortement de
l’aide internationale, les États-Unis étant le plus grand donateur
bilatéral. Ces coupes budgétaires mettent en danger 18 des pays les
plus touchés, car ils dépendent à 89 % du financement attendu des
États-Unis pour la prise en charge de la tuberculose. La région
africaine de l’OMS est la plus touchée par les perturbations
budgétaires, suivie par les régions de l’Asie du Sud-Est et du
Pacifique occidental de l’OMS.
« Toute interruption des services de lutte contre la tuberculose –
qu’elle soit financière, politique ou opérationnelle – peut avoir des
conséquences dévastatrices et souvent mortelles pour des millions de
personnes dans le monde », a déclaré le Dr Tereza Kasaeva, Directrice
du Programme mondial de lutte contre la tuberculose et la santé
respiratoire de l’OMS. « La pandémie de COVID-19 l’a prouvé, car les
interruptions de services ont entraîné plus de 700 000 décès
supplémentaires dus à la tuberculose entre 2020 et 2023, exacerbés par
des mesures de protection sociale inadéquates. Sans action immédiate,
les progrès durement acquis dans la lutte contre la tuberculose sont
menacés. Notre réponse collective doit être rapide, stratégique et
dotée de ressources suffisantes pour protéger les plus vulnérables et
maintenir la dynamique en faveur de l’éradication de la tuberculose. »
La lutte contre la tuberculose en péril : les perturbations des
services essentiels s’intensifient
Mandatée par les chefs d’État, l’OMS joue un rôle de premier plan pour
guider les pays vers les objectifs de l’éradication de la tuberculose
pour 2027 et 2030. Les premiers rapports adressés à l’OMS par les 30
pays les plus touchés par la tuberculose confirment que les retraits
de financements démantèlent déjà les services essentiels, menaçant la
lutte mondiale contre la tuberculose. Cela comprend des crises au
niveau des personnels de santé et des collectivités, avec des milliers
de professionnels de santé dans les pays à forte charge de morbidité
menacés de licenciement, tandis que les missions d’assistance
technique ont été suspendues, paralysant les programmes nationaux de
lutte contre la tuberculose.
Les chaînes d’approvisionnement en médicaments sont perturbées en
raison des suspensions de personnel, du manque de fonds et des
défaillances de données, ce qui compromet l’accès aux services de
traitement et de prévention de la tuberculose. Les services de
laboratoire sont gravement perturbés, le transport des échantillons,
les retards d’approvisionnement et les pénuries de consommables
essentiels interrompant les efforts de diagnostic.
Les systèmes de données et de surveillance s’effondrent, ce qui
compromet la notification systématique et le suivi de la résistance
aux médicaments. Les efforts d’engagement communautaire – notamment la
recherche active des cas, le dépistage et la recherche des contacts –
se détériorent, ce qui réduit la détection précoce de la tuberculose
et augmente les risques de transmission.
Sans intervention immédiate, ces défaillances systémiques vont
paralyser les efforts de prévention et de traitement de la
tuberculose, réduire à néant des décennies de progrès et mettre en
danger des millions de vies.
En outre, l’USAID, le troisième plus grand bailleur de fonds mondial
pour la recherche sur la tuberculose, a interrompu tous ses essais
financés, perturbant gravement les progrès de la recherche et de
l’innovation dans ce domaine.
Engagement de l’OMS
En ces temps difficiles, l’OMS reste déterminée à soutenir les
gouvernements nationaux, la société civile et les partenaires mondiaux
pour garantir un financement durable et des solutions intégrées afin
de préserver la santé et le bien-être des personnes les plus
vulnérables à la tuberculose.