Le gel de l’aide américaine alimente la crainte d’une reprise de
l’épidémie de VIH/sida dans plusieurs pays
13 mars 2025 Santé
La suspension pour plusieurs mois de l’aide étrangère américaine a
provoqué confusion et perturbation dans le réseau mondial de lutte
contre le sida, a souligné l’ONUSIDA dans son dernier bulletin
mesurant l’impact de cette suspension.
Selon l’agence onusienne basée à Genève, des cas de panique et
d’accumulation de médicaments ont été signalés parmi les personnes
vivant avec le VIH, qui craignent que leur gouvernement et les
partenaires restants aient du mal à maintenir ces services. Des
ruptures de stock se produisent également.
De nombreuses ripostes nationales au sida touchées par le gel ou
l’arrêt du financement américain donnent la priorité à la poursuite de
la thérapie antirétrovirale pour les personnes vivant avec le VIH, y
compris l’achat de médicaments antirétroviraux (ARV) qui sauvent des
vies.
Malgré ces mesures, les services de prévention du VIH, de dépistage et
de soutien aux populations à haut risque d’infection, ainsi que les
services communautaires ont été durement touchés par les réductions de
financement.
Perturbations des services
« De nombreux centres d’accueil et autres espaces sécurisés financés
par les États-Unis pour les populations clés, les adolescentes et les
jeunes femmes fortement stigmatisées ont été fermés, et le financement
américain pour la fourniture d’une prophylaxie pré-exposition (PrEP) à
ces populations a été en grande partie interrompu ».
PEPFAR, un programme de lutte contre le VIH/sida lancé par le
Président américain George W. Bush en 2003, a été suspendu fin janvier
lorsque le nouveau Président américain Donald Trump a gelé la plupart
des programmes d’aide étrangère pour une durée de 90 jours, une
décision qui a mis à l’arrêt de nombreuses cliniques.
Lire notre article : En RDC, l’interruption de l’aide américaine à la
réponse au VIH pourrait coûter des milliers de vies
Au cours des dernières semaines, les bureaux nationaux de l’ONUSIDA
ont signalé que les services de prévention du VIH, de dépistage et
d’appui aux populations à haut risque d’infection, ainsi que les
services communautaires et les activités de facilitation structurelle
sont les plus touchés par le gel des fonds américains et les
résiliations de contrats qui s’ensuivent.
Au Libéria par exemple, le financement de sept partenaires locaux qui
fournissent des services aux populations clés a été annulé.
Impact sur le personnel médical
Au Pérou, les services ciblant les populations clés, les adolescentes
et les jeunes femmes et les migrants vivant avec le VIH ont été les
plus touchés par le gel américain.
Une exception notable est l’Ukraine, où un projet pilote pour la PrEP
à action prolongée a des stocks suffisants de cabotégravir pour
maintenir le projet pilote à sa taille actuelle jusqu’en avril 2026.
De nombreux pays ont fait état d’impacts significatifs sur les
ressources humaines dans le domaine de la santé, soutenues en partie
ou en totalité par des fonds américains.
Il s’agit notamment de près de 2.000 médecins et plus de 1.200
infirmières et de 8.600 prestataires de soins de santé et travailleurs
communautaires en Côte d’Ivoire. C’est le cas aussi en Namibie avec un
impact sur plus de 400 membres du personnel médical et technique.
La semaine précédente, l’Afrique du Sud a signalé que plus de plus de
15.000 membres du personnel chargé de la lutte contre le VIH au niveau
national et dans 27 districts prioritaires avaient été touchés par les
réductions de financement des États-Unis.
Adaptations aux coupes
Face à cette situation, certains pays ont continué d’évaluer les
répercussions sur leurs réponses au VIH et d’apporter des ajustements.
C’est le cas du Mali où le gouvernement a alloué 120 millions de
francs CFA (environ 200.000 dollars) aux organisations communautaires
touchées pour les aider à poursuivre certaines de leurs activités et
atténuer les effets négatifs des coupes budgétaires américaines
Au Kenya, le gouvernement réaffecte des ressources nationales pour
soutenir les programmes prioritaires de lutte contre le VIH.
Au Botswana, une équipe de travail composée du gouvernement, de la
société civile et de partenaires des Nations Unies a été mise sur pied
pour surveiller l’impact du gel du financement par les États-Unis.
Deux enquêtes rapides sur la situation ont été menées, l’une par le
gouvernement et l’autre par la société civile.