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Médiator : le"coupe-faim" responsable de 500 morts
http://www.humanite.fr/16_11_2010-médiator-lecoupe-faim-responsable-de-plus-de-500-morts-457809
Le Mediator, un médicament pour diabétiques en surpoids utilisé aussi par
des non-diabétiques et interdit depuis novembre 2009, aurait fait environ
500 morts en un peu plus de 30 ans, selon l'Agence des produits de santé
(Afssaps).
Ces données, qui proviennent d'une estimation de la Caisse nationale
d'assurance maladie (Cnam), doivent être précisées et complétées mardi lors
d'une conférence de presse de l'Agence. Elles portent sur toute la période
de consommation du Mediator, commercialisé en France de 1975 à 2009.
"Il s'agit d'une estimation populationnelle, d'un calcul rétrospectif", a
précisé lundi soir Fabienne Bartoli, adjointe au directeur général de
l'Afssaps. Pour parvenir à ce chiffre, la Cnam a évalué l'impact du
surrisque de valvulopathie (cardiopathie vasculaire) imputable au Mediator,
en se fondant sur la consommation de Mediator en ville, les données
d'hospitalisation et celles de décès. Pour Mme Bartoli il s'agirait d'une
hypothèse "moyenne". Certains participants à la commission, qui n'ont pas
été suivis, ont estimé cependant que l'estimation était "a minima" parce
qu'elle ne prend en compte que "le risque pendant quelques années après le
début de l'utilisation". 3.500 personnes ont en outre été hospitalisées,
selon Mme Bartoli, qui a précisé que "80% des complications se produisent
dans les deux années qui suivent l'arrêt du traitement".
Une étude faisait apparaître qu'ils avaient trois fois plus de risques de
souffrir de cardiopathies vasculaires
Commercialisé en France par le laboratoire Servier de 1975 jusqu'en novembre
2009, date où il a été interdit, le Mediator (benfluorex) est proche dans sa
composition d'un autre produit de Servier, un coupe-faim, l'Isoméride,
retiré de la vente en France en 1997. Une première étude de la Cnam, de
novembre 2009, portant sur plus de 43.000 diabétiques ayant pris du
Mediator, faisait apparaître qu'ils avaient trois fois plus de risques de
souffrir de cardiopathies vasculaires et quatre fois plus de risques d'avoir
une chirurgie valvulaire que ceux suivant un autre traitement. L'Afssaps
avait demandé alors une autre étude à la Cnam pour essayer d'apprécier le
nombre de personnes qui auraient pu mourir du fait de ce médicament.
La commission de pharmacovigilance de l'Afssaps a tenu lundi après-midi une
réunion extraordinaire sur cette deuxième étude, pour discuter de la
méthodologie employée, des hypothèses retenues et des conclusions à en
tirer. La discussion a été animée, selon plusieurs sources. A l'issue de la
réunion, il a été décidé de rappeler aux professionnels de santé les
recommandations de suivi émises en 2009, lors de l'interdiction du produit,
et de les renforcer encore en demandant aux gens qui en ont pris pendant
plus de trois mois d'aller voir leur médecin traitant, selon Mme Bartoli.Une
possibilité qui ne vaut que pour ceux qui en ont pris depuis 2008, les bases
de données nominatives des caisses primaires d'assurance maladie n'étant pas
conservées au delà de 24 mois.
Une thèse publiée en juin à l'université de Rennes relevait que 300 000
personnes ont été chaque année exposées au Mediator, ce qui correspondrait à
"entre 150 et 250 hospitalisations chaque année" et à une trentaine de décès
annuels. Soit, pour plus de 30 ans de commercialisation du médicament, une
estimation d'"entre 500 et 1 000 morts".
Les personnes qui ont pris pendant plus de trois mois le Mediator, un
médicament pour diabétiques en surpoids utilisé aussi par des
non-diabétiques et qui aurait fait environ 500 morts, doivent consulter leur
médecin traitant, a recommandé mardi l'Agence des produits de santé
(Afssaps).