Cameroun - Ruptures dArv : Les mensonges du gouvernement
http://www.camer.be/index1.php?art=3184
Pharmacie : camer.beLes personnes vivant avec le Vih/Sida dénoncent toujours
les ruptures dantirétroviraux. Le gouvernement dément et les entraîne dans
des carcans administratifs.
Névirapine, Abacavir, Efffavirenz, Azt, Stocrin, Kaletra, Triomune. Autant
dire que ce sont presque toutes les molécules dantirétroviraux (Arv)
utilisées pour le traitement du Sida qui ont manqué au Cameroun ces derniers
mois. Notamment dans les structures de prise en charge des personnes vivant
avec le Vih/Sida (Pvvihs) disséminés à travers le pays. Plus de 50.000
patients sont sous traitements, 53.000 sont attendus dici à la fin de
lannée 2008.
Depuis le début de lannée 2007, il ny a pas un mois qui nait été marqué
par lindisponibilité de plusieurs types dArv, et même de tous les stocks.
Il ne fallait pas en parler, pour éviter de ternir limage du Cameroun, a
révélé sous anonymat un médecin dun centre de prise en charge de la ville
de Douala. A Yaoundé, plusieurs responsables des Unité de prise en charge
(Upec) admettent quils ont décrié la rareté des Arv dans leur formation
sanitaire, tout en refusant de donner plus des détails. Le problème est allé
en samplifiant au cours de cette année 2008, apprend-on des sources
crédibles. LOng internationale Médecins sans frontières (Msf) a adressé un
mémorandum aux institutions concernées par le sujet le 13 février dernier,
dans lequel le chef de mission de Msf, le Dr Monica Negrette, dénonce non
seulement lindisponibilité des Arv, mais également laccès aux traitements,
la qualité et le suivi des Pvvihs entre autres points.
Son adjointe, Emmanuel Privat, approché le 2 septembre dernier, révèle quà
Douala par exemple, les ruptures de stocks dantirétroviraux dans les
structures où le projet Prévention et Traitement Intégré du Vih (Prétivi)
quils conduisent est logé, ont été enregistrées dès le depuis décembre
2007. Elle cite ainsi lHôpital de district de New Bell et de Nylon, et le
Centre médicalisé darrondissement (Cma) de Soboum. Et ajoute quentre
avril, mai et juin 2008, lAzt, la Névirapine et lAbacavir ont disparu des
rayons.
Jeu de dupes
Dans ces cas précis, la difficulté a été rapidement réglée grâce aux stocks
de départ du projet. Ce qui na pas été le cas pour les Cta (Centre de
traitement agrées) et Upec de la capitale économique où un responsable de
lhôpital du jour pense que la situation était bien pire, car ces unités ne
disposant pas des mêmes ressources que Msf. Simultanément à Yaoundé, dans
les Cta et Upec, le même problème était vécu, avec les ruptures de Lamivir S
et du Stocrin.
Le mercredi 20 août dernier, les patients de lhôpital du jour de lhôpital
central de Yaoundé (Hdj-Hcy) ont bruyamment manifesté leur mécontentement
après la révélation de labsence de traitement. Selon le Directeur général
de lHCY, des négociations avec la Centrale dapprovisionnement, la Cename
ont pu fournir un stock de Stocrin, et le Kaletra suffisant pour deux
semaines seulement. En promettant de résoudre le problème à la fin du mois.
Toute la semaine suivante, dans les Cta et les Upec, les malades nont cessé
de se voir renvoyer, faute pour le personnel de pouvoir les approvisionner.
Cest seulement le mardi 2 septembre que quelques-uns ont pu avoir une
petite provision, selon des indications de Mélanie, Virginie, Calvin,
Jean-Claude et bien dautres approchés le jeudi 4 septembre 2008, au sortir
de ces unités de soin.
Autant dire que cest la quasi totalité de la gamme des Arv utilisés au
Cameroun qui ont été concernés par les ruptures dénoncées par les Pvvihs le
1er septembre dernier. Selon madame Privat, Un seul jour sans traitement,
une seule prise par jour, cest déjà un problème. Un problème grave, que le
gouvernement, par la voix du secrétaire général du ministère de la Santé
publique (Minsanté), le 2 septembre sur les ondes des radios locales et
internationales, a éludé. Puisque le Sg Fru Angwafo III a affirmé Quil ny
a pas de ruptures dantirétroviraux au Cameroun. Ce à la suite dune
rencontre ayant réunis les Pvvihs en colère et les responsables du Comité
national de lutte contre le Sida (Cnls). Rencontre qui a aboutit à la
promesse portant sur la disponibilité des Arv.
Le 12 septembre, une autre réunion qui a permis dévaluer les six premiers
mois du plan daction arrêté le 19 février 2008 avait eu lieu. Elle a abouti
à la nécessité daméliorer la communication entre les trois parties qui se
rencontrent désormais tous les trois mois comme instruit par le Minsanté.
Lhdj de Yaoundé compte pas moins de 5.000 patients sous Arv, contre 3.939
pour les hôpitaux de Nylon, Soboum et New-Bell. A travers le pays, on
dénombre environ 80 (quatre vingt) centres de prise en charge des malades du
Sida, même si beaucoup sont encore sur du papier.
A propos des hopitaux du jour, près dune demi dizaine ont été crées et
fonctionnent dans les capitales provinciales notamment. Dans une
correspondance adressée au Dr Monica Negrette, le Dg de la Centrale
nationale dapprovisionnement en médicaments essentiels (Cename), le Dr
Taousse partage avec elle les difficultés que rencontre la structure dont il
la charge. Dans le domaine de la disponibilité des médicaments qui
linterpelle, la principale cause est le système dinformation qui narrive
pas à mettre à sa disposition toutes les données nécessaires à une
estimation efficiente des besoins en Arv. Le Cnls (Comité national de lutte
contre le Sida) a promis de faire le nécessaire pour que cette lacune soit
effacée et que les Arv quil faut soient disponibles conclut-il.
© La Nouvelle Expression : Irène Sidonie Ndjabun
Paru le 16-09-2008 12:28:53