E-MED: G�n�riques d'antir�troviraux
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MSF d�nonce les m�dicaments � tous prix
Les g�n�riques, seule solution pour que les grands labos baissent leurs
tarifs.
Par ERIC FAVEREAU
Lib�ration 10 juillet 2000
Durban envoy� sp�cial
Bien s�r, nul ne croit que l'on contr�le une �pid�mie seulement avec les
traitements. Mais sans traitement, on ne peut pas avancer.� L'organisation
humanitaire M�decins sans fronti�res, relay�e par l'association
sud-africaine TAC (Treatment Action Campaign), a pr�sent�, hier � Durban,
juste avant l'ouverture du 13e Congr�s mondial sur le sida, un rapport
in�dit sur les prix des m�dicaments et sur l'acc�s aux traitements dans le
monde. Un rapport qui r�v�le un foss� effrayant entre les strat�gies
commerciales des grands labos et les enjeux sanitaires auxquels sont
confront�s les pays en voie de d�veloppement. Avec des prix, pour un m�me
m�dicament, pouvant varier de 1 � 10, voire de 1 � 60.
Monopole. �Toute la strat�gie des industriels est de prot�ger leur droit de
propri�t� intellectuelle, explique l'auteur du rapport. Et pour cela, il
s'agit de retarder au maximum l'arriv�e des g�n�riques (1).� Au-del� des
d�nonciations de principe, MSF a list� une dizaine de m�dicaments et compar�
leurs prix aux Etats-Unis et dans le tiers monde. �Les variations sont
�normes. Mais surtout on note un changement spectaculaire d�s que, dans un
pays, les autorit�s se d�cident � produire des g�n�riques. D�s que l'on sort
d'une situation de monopole, les prix baissent.�
Exemple: le fluconazole, utilis� pour traiter les infections chez des
patients atteints par le VIH. Produit par Pfizer, cette mol�cule �tait
vendue au d�part 7 dollars (pr�s de 50 F) le cachet. A partir de 1998, trois
industriels tha�landais se sont lanc�s dans la fabrication de ce m�dicament;
aussit�t, Pfizer a baiss� son prix � 3,6 dollars. Encore �lev� quand un
laboratoire tha�landais le vend � 0,6 dollar. �On a des exemples en
pagaille, explique MSF. En Inde, une mol�cule antivirale, le 3TC, produite
localement, est vendue 80 % moins cher qu'aux Etats-Unis. Mais le cas le
plus spectaculaire est celui de l'AZT qui, au Br�sil, co�te 14 fois moins
cher qu'aux Etats-Unis.�
Loterie. Dans tous les pays fortement touch�s par le sida, les tarifs sont
une v�ritable loterie. Et seule l'apparition de g�n�riques a un v�ritable
effet sur la baisse des prix. �Pour le m�me co�t, on traite deux fois plus
de malades au Br�sil qu'en Tha�lande, souligne le rapport. Les industriels
se d�fendent, en mettant en avant leurs gros programmes de recherche, et
qu'en plus leurs m�dicaments n�cessitent beaucoup de temps avant d'�tre
homologu�s. Or, aujourd'hui, dans les pays occidentaux, le priv� ne finance
que 43 % de la recherche sur les m�dicaments. Et l'homologation des
mol�cules anti-VIH se fait deux fois plus vite que pour les autres produits:
44 mois contre 87 mois.� MSF, relay� par plusieurs associations africaines,
mais aussi par Act Up, veut contraindre les organismes internationaux - dont
l'ONU-Sida - � un changement de strat�gie sur l'acc�s aux m�dicaments. En
lan�ant des appels d'offres d'achats de mol�cules anti-VIH int�grant les
fabricants de g�n�riques � c�t� des grandes industries. �C'est la seule
fa�on d'arriver � mettre en pratique cette urgence: rendre les m�dicaments
moins chers pour les pays pauvres�, conclut le rapport de MSF.
(1) Le g�n�rique est un m�dicament copie conforme de la mol�cule originale,
mais r�alis� par un autre industriel.