E-MED: Les labos paniquent face aux g�n�riques
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Les labos paniquent face aux g�n�riques
La concurrence des industriels de la copie se fait de plus en plus
agressive.
Par Gr�goire BISEAU
Lib�ration
Le lundi 25 f�vrier 2002
http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/020225-040023055ECON.html
En cinq mois, les ventes du Prozac, antid�presseur concurrenc� par un
g�n�rique depuis le mois d'ao�t, ont chut� de 84 % aux Etats-Unis.
Les animaux-l� sont hargneux. Pr�ts � mordre � pleines dents les mollets
bien gras de l'industrie pharmaceutique. Ils? Les �g�n�riqueurs�. Leurs
proies? Les m�dicaments des grands laboratoires tomb�s dans le domaine
public et donc � la merci de n'importe quel copieur industriel. Leurs armes?
Le harc�lement juridique. Le jeudi 7 f�vrier, Sanofi-Synthelabo a compris
qu'il fallait maintenant les prendre tr�s au s�rieux. Au risque d'aller
au-devant de gros probl�mes.
Une faille. A la suite de la demande du laboratoire canadien Apotex de
commercialiser une copie du Plavix, un m�dicament vedette de Sanofi, le
laboratoire fran�ais a vu plonger son cours de Bourse de 9 % en deux jours.
Il lui a fallu publier en toute urgence un communiqu� pour pr�ciser que son
Plavix ch�ri (qui repr�sente 33 % du r�sultat op�rationnel du groupe) �tait
prot�g� par une batterie de brevets qui n'arriveront pas � expiration avant
2011 aux Etats-Unis. Mais voil�, le canadien a cru d�celer une faille,
affirmant qu'un des multiples brevets de la mol�cule tombait en 2003. Intox?
Peut-�tre. Mais cela a suffi pour paniquer la petite communaut� des
investisseurs du secteur, de plus en plus susceptible avec ces questions de
copie.
Toute l'industrie pharmaceutique mondiale avait, ces derni�res semaines, les
yeux riv�s sur les courbes de vente du Prozac, l'antid�presseur vedette
d'Eli Lilly, concurrenc� par un g�n�rique, vendu beaucoup moins cher, depuis
le mois d'ao�t. Le bilan est catastrophique. En l'espace de cinq mois, les
ventes du Prozac ont chut� de 84 % aux Etats-Unis. C'est d'autant plus
dramatique pour le laboratoire am�ricain que l'antid�presseur repr�sente �
lui tout seul environ un quart de son chiffre d'affaires. Et encore, le pire
est � venir. Depuis le d�but du mois de f�vrier, six autres g�n�riqueurs ont
d�barqu�, attir�s par l'odeur des dollars. La fameuse petite pilule verte
et blanche va-t-elle dispara�tre des officines am�ricaines? Pas tout de
suite. Voyant venir le coup de la chute des brevets, Lilly a pris les
devants en commercialisant, en d�but d'ann�e derni�re, un Prozac � avaler
non pas tous les jours mais une fois par semaine. Un pis-aller marketing
pour repousser la mort de la star mondiale des anti- d�presseurs.
La violence de la d�gringolade du Prozac est en train de faire gamberger
toute l'industrie. �Perdre 80 % de ses ventes en quelques mois, c'est du
jamais vu�, assure Claude Le Pen, professeur � l'universit� Paris-Dauphine
et sp�cialiste du secteur. �La concurrence des g�n�riqueurs est maintenant
devenue tr�s tr�s agressive.� Les patrons des grands labos sont sur les
dents. Le britannique AstraZeneca vient de pr�venir les analystes financiers
du secteur qu'il ne faudra pas attendre des merveilles cette ann�e en
mati�re de b�n�fices. Motif? Son Losec, un antiulc�reux, qui r�alise 35 % de
ses ventes totales, est sur le point de tomber dans le domaine public. Jeudi
14 f�vrier, � l'occasion de la pr�sentation de ses r�sultats financiers,
c'�tait au tour de Jean-Pierre Garnier, directeur g�n�ral fran�ais de Glaxo
SmithKline, de rassurer les march�s sur l'avenir de l'Augmentin, son
antibiotique vedette, lui aussi lorgn� avec envie par plusieurs
g�n�riqueurs. �Je suis certain que les licences qui prot�gent notre
m�dicament sont solides comme un roc�, a-t-il d�clar�. Mais, en attendant,
Glaxo Smith Kline n'a pas pu faire autrement qu'entamer une longue gu�rilla
juridique pour repousser les assauts de ces envahisseurs.
Croche-pattes. Cet antijeu syst�matique des laboratoires, � coups de recours
judiciaires, commence � agacer beaucoup de monde. En d�cembre, ce sont, par
exemple, 29 Etats am�ricains qui ont d�cid� d'attaquer en justice le
laboratoire Bristol-Myers, l'accusant de faire des croche-pattes ill�gaux
aux fabricants de g�n�riques. Le but des multinationales �tant toujours le
m�me: gagner le plus de temps possible pour sauver ce qu'il reste des
b�n�fices sur leurs m�dicaments. �On peut �tre favorable au d�veloppement
des g�n�riques et continuer � d�fendre nos m�dicaments. Il en va de notre
responsabilit� vis-�-vis de nos salari�s et de nos actionnaires�, r�plique
Bernard Poussot, le directeur de la division pharmaceutique d'American Home
Products. De son c�t�, le patron d'Eli Lilly, Sidney Taurel, demande, en
guise de paix des braves, un peu de r�pit et de s�r�nit�: �Il faudrait des
r�gles claires et surtout plus simples pour �viter ces proc�s � r�p�tition.
Qu'on fixe une bonne fois pour toutes la date � laquelle tombe un brevet et
que tout le monde s'engage � la respecter.�
Les gros laboratoires ont longtemps pens� qu'en fabriquant eux-m�mes leurs
propres g�n�riques, ils pourraient occuper le terrain et mieux g�rer la
retraite de leurs vieilles stars. Beaucoup ont d� se r�soudre � l'id�e que
c'est malheureusement un peu plus compliqu�.
Fabriquer un g�n�rique et le vendre entre 30 % et 50 % moins cher s'av�re
�tre un m�tier un peu � part. �On a pens� qu'il pouvait avoir des synergies
entre la vente de g�n�riques et celle de nouvelles mol�cules. Mais ce n'est
pas le cas�, affirme Bernard Poussot. Faire du volume pour faire baisser au
maximum les prix, voil� la seule obsession des g�n�riqueurs. Ces industriels
de la copie poss�dent souvent un �norme catalogue pouvant compter jusqu'�
une petite centaine de mol�cules, tandis que les labos ne vendent que quatre
ou cinq m�dicaments r�ellement performants.
Rares paris. �Nous sommes les hypermarch�s de la profession�, explique un
g�n�riqueur. Aujourd'hui, � l'exception du fran�ais Aventis, du suisse
Novartis et de l'am�ricain Merck, rares sont ceux � avoir fait le pari de
garder une grosse activit� de g�n�riques. Les autres labos l'ont d�j� vendue
ou cherchent activement des repreneurs. L'allemand Bayer est ainsi en train
de vendre sa filiale fran�aise, sp�cialis�e dans les copies (250 personnes
et une usine � Sens) � un industriel isra�lien, Teva, parti de la chimie et
aujourd'hui gros bonnet du march�. �Demain, les gros labos vont de plus en
plus souffrir�, avertit St�phane Joly, le patron de Bayer Classics et
pr�sident de l'Association fran�aise du g�n�rique.
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