Question : La France ne défend-t-elle pas surtout la santé de ses firmes, sous le prétexte de la protection de la santé des patients?
Simon Kaboré
Ce qui est 'frauduleux' c'est d'appeler 'contrefaçon' un médicament qui est
faux, falsifié etc, si on se réfère aux décisions même de l'Assemblée
mondiale de la Santé, appeler un 'faux' une contrefaçon est un abus de
langage, car 'contrefait/contrefaçon' sont des termes juridiques qui
signifie utilisation de 'trademarks', d'un '*nom propre*' dont on n'est pas
propriétaire, susceptible de poursuite en tant qu'utilisation non autorisée
de nom de marque, mais n'a aucun rapport avec la qualité (ou absence de
qualité/substances actives) du médicament - ainsi la proposition de loi
ACTA a été rejetée par le parlement Europeen sur la même base que
l'Assemblée aux Nations unies a aussi changé les résolutions proposées sur
la contrefaçon: parce que les firmes voudraient que le terme 'contrefaçon'
englobent les génériques....et les experts de la santé publique ont
objecté.
On assiste à une campagne internationale faisant croire au public, aux
patients, et aux gouvernements des PED, qu'il faut lutter contre la
'contrefaçon' que l'on confond avec les 'faux' médicaments, etc. Ainsi on
fait passer des lois sur la propriété intellectuelle qui sont plus strictes
que celles de l'OMC et visent à interdire aux pays Africains, par exemple,
accès aux génériqueurs indiens.
Il faut savoir aussi que la sous traitance de la part des fabriquants
entraînent des problèmes graves sur la qualité des produits, or la plupart
des médicaments aujourd'hui, qu'ils soient génériques ou de marques, font
le tour de la planète avant d'arriver dans la pharmacie (et comme la viande
de cheval dans les lasagnes Findus), il y a une absence de contrôle, de
réglementation et surveillance, à tous les échelons de cette sous
traitance.
Ainsi, un médicament vendu par le firme de nom 'X' peut avoir un mauvais
dosage, ou ne pas avoir de substance active, etc il n'y a pas
'contrafaçon' puisque c'est bien un produit de la fime X vendu par X sous
le nom X, mais la firme X n'a pas contrôlé toutes les étapes de la
fabrication...
ET c'est pas moi qui ai levé ce lièvre, mais Laurie Garrett, responsable
santé au CFR (Council on Foreign Relations, le plus ancien et plus respecté
thinktank des USA) dans un briefing au G20, demandant que le G20 prenne les
mesures adéquates...
Alors on peut se demander: beaucoup de bruit sur 'la contrefaçon', et
quasiment pas sur le problème de la réglementation/surveillance qui, lui,
est crucial, et quand on diminue les dépenses de l'Etat on risque fort de
diminuer le pouvoir de réglementation partout. Donc, faire des campagnes
sur la 'contrefaçon' est une des façons de nous faire avaler .. *la pilule
de cheval..*.!
Garance Upham