[e-med] Les petits laboratoires pharmaceutiques fran�ais en sursis

E-MED: Les petits laboratoires pharmaceutiques fran�ais en sursis
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Les petits laboratoires pharmaceutiques fran�ais en sursis

L'annonce prochaine d'une baisse progressive du prix de plusieurs centaines
de � vieux � m�dicaments, choisie par le gouvernement de pr�f�rence � la
suppression brutale de leur remboursement, donne un peu de r�pit � 200
fabricants d�j� fragilis�s.

Le Monde, vendredi 28 juillet 2000

ENVISAG�E il y a quinze mois comme une contribution possible � la r�duction
des d�penses de sant�, la suppression du remboursement par la S�curit�
sociale de 300 � 400 m�dicaments dont l'int�r�t m�dical est jug� insuffisant
par l'Agence fran�aise de s�curit� sanitaire des produits de sant� ne
devrait pas avoir lieu. Cinq classes th�rapeutiques particuli�rement
menac�es � les veinotoniques contre les jambes lourdes (Daflon, Veinamitol,
Gingkor, Cyclo 3�), les vasodilatateurs qui am�liorent le fonctionnement du
syst�me circulatoire (Praxyl�ne, Tanakan�), les mucolytiques qui fluidifient
les s�cr�tions bronchiques (Mucolator..), les calcium et magn�sium �
�chapperaient � une d�cision, qui aurait pu mettre en difficult� les
laboratoires pharmaceutiques fran�ais familiaux, dits ind�pendants (LFI).

Les LFI r�alisent une part significative de leur chiffre d'affaires � de 30
% en moyenne, et pouvant aller jusqu'� 90 % pour certains, selon
l'Association des laboratoires et firmes de sant� (ALFIS) � avec ces
m�dicaments qui ont pour vocation de � faciliter la vie quotidienne des
malades �. Selon une source proche du dossier, seuls une trentaine de ces
produits devraient �tre exclus de la liste des m�dicaments rembours�s par la
collectivit�, et Martine Aubry devrait annoncer dans les prochains jours,
pour ces classes sur la sellette, un objectif de baisse de prix de 20 %
�chelonn�e sur trois ans. Une mani�re de permettre aux LFI, qui s'estiment
plut�t satisfaits � de l'orientation que semble prendre le gouvernement, de
planifier et g�rer dans le temps la baisse de chiffre d'affaires.

La suppression ou non du remboursement de ces m�dicaments de plus de vingt
ans, connus et appr�ci�s des patients, est un sujet de discorde au sein de
l'industrie pharmaceutique. L'association des laboratoires internationaux de
recherche qui regroupe les multinationales s'est clairement prononc�e au
cours d'une conf�rence de presse le 7 juillet en faveur � de la
modernisation r�guli�re de la liste des m�dicaments rembours�s � et regrette
� qu'aucune d�cision n'ait �t� encore prise, notamment suite � la
r��valuation du service m�dical rendu �. Au contraire, les laboratoires
fran�ais ind�pendants militent depuis de nombreuses ann�es, et avec succ�s,
pour leur maintien. Les frais de recherche �tant amortis depuis longtemps,
ils g�n�rent des profits int�ressants.

INNOVER ET S'INTERNATIONALISER

� La v�ritable innovation est celle qui dure �, pr�cise au Monde Jean-Luc
B�lingard, vice-pr�sident des laboratoires Pierre Fabre. Ces m�dicaments
commercialis�s depuis des ann�es ont fait leurs preuves, alors que des
mol�cules d�cr�t�es innovantes sont parfois retir�es un an apr�s leur mise
en march� ou pr�sentent de forts effets secondaires �.

L'enjeu de cette bataille qui porte seulement sur quelques milliards de
francs, alors que le march� fran�ais des m�dicaments est estim� � 120
milliards, met en relief la fragilit� des 200 ind�pendants, fortement
d�pendants des ventes de ces produits anciens. � Ces laboratoires sont tr�s
prot�g�s par les pouvoirs publics, estime un analyste financier. Ils
b�n�ficient d'une bienveillance absente hors de nos fronti�res qui les a
artificiellement maintenus la t�te hors de l'eau pendant des ann�es.
Toutefois, s'ils ne parviennent pas � lancer de nouveaux m�dicaments
rapidement, ils risquent d'enregistrer une forte chute de leur
rentabilit�. �

La capacit� � innover et � s'internationaliser est un enjeu majeur pour leur
avenir. Les plus importants, et sp�cialement particulier les quatre premiers
(Servier, Pierre Fabre, Beaufour-Ipsen et Fournier), l'ont bien compris,
mais auront-ils les moyens de le faire sans renoncer � leur ind�pendance et
sans s'adosser � des grands groupes qui leur offrent les capacit�s
financi�res suffisantes � leurs ambitions ? Ce n'est pas certain. D'ores et
d�j� Beaufour-Ip sen a ouvert son capital � deux financiers (Paribas et CDC)
et Pierre Fabre pr�parerait son introduction en Bourse d'ici deux ou trois
ans. Les successions pr�visibles � la t�te de ces groupes � les fondateurs
sont �g�s et devront bient�t passer la main � pourraient �galement changer
la donne.

Le contexte international est difficile : le co�t du d�veloppement des
m�dicaments est croissant, la vie des produits se raccourcit, les fusions et
acquisitions donnent naissance � des mastodontes aux budgets de recherche et
d�veloppement consid�rables. A titre d'exemple, celui du nouveau num�ro un
mondial, l'am�ricain Pfizer, s'�tablit � 28 milliards de francs, soit sept
fois le chiffre d'affaires de Beaufour ou Fournier (4,1 milliards de francs)
et presque trois fois celui de Servier (10 milliards de francs). � La masse
critique sur le plan de la recherche est un concept qui commence � �tre
d�pass�, m�me s'il conserve du sens pour le d�veloppement et le marketing �,
rel�ve M. Belingard.

S'ALLIER OU DISPARA�TRE

Avec les nouvelles technologies (la chimie combinatoire, la g�nomique, le
screening), les laboratoires de taille moyenne peuvent obtenir autant de
succ�s que les grands groupes dans la d�couverte de mol�cules. � Certains
pourraient s'inscrire comme de v�ritables partenaires des soci�t�s de
biotechnologie, � l'instar de Beaufour qui s'est fix� un objectif de 50 % de
son chiffre d'affaires dans ce domaine d'ici cinq ans �, analyse Gr�gory
Soudan, de l'Institut Xerfi. Selon M. B�lingard, les fusions r�pondent aux
probl�matiques des grands laboratoires, dont les structures consid�rables ne
peuvent �tre financ�es que par le lancement annuel de deux ou trois
mol�cules g�n�rant un chiffre d'affaires sup�rieur � 1 milliard de dollars.
� Nous pouvons nous contenter d'une innovation majeure tous les deux ou
trois ans sur des segments th�rapeutiques tr�s cibl�s (pour Pierre Fabre,
l'oncologie et les maladies cardiovasculaires) et obtenir une masse critique
virtuelle en contractant des alliances pour le d�veloppement et la promotion
des produits �, explique M. B�lingard. Les partenariats se sont multipli�s.
Pierre Fabre a ainsi pass� des accords avec le britannique Glaxo-Wellcome ou
le franco-allemand Aventis, Beaufour avec l'am�ricain Pfizer, Fournier avec
l'am�ricain Abbott et l'allemand Bayer.

Pour les laboratoires de taille plus modestes (r�alisant de 20 � 500
millions de francs de chiffre d'affaires), la probl�matique est diff�rente.
Centr�s sur le march� fran�ais, proposant peu d'innovations, et pilot�s par
des hommes de caract�re qui � vendent ou disparaissent mais s'associent
rarement �, ces laboratoires familiaux ont rarement su prendre le virage de
l'internationalisation et de l'innovation. Ils peuvent toutefois �tre la
cible d'entreprises europ�ennes moyennes (quelques milliards de francs de
chiffre d'affaires) qui tentent de conforter leur pr�sence en Europe. Par
ailleurs, les laboratoires japonais ou les groupes am�ricains qui entendent
�toffer leur pr�sence sur le Vieux Continent pourraient �tre int�ress�s par
une force commerciale ou l'�tablissement d'une t�te de pont en France, comme
l'illustre la reprise, lundi 24 juillet, du laboratoire montpelli�rain
Chauvin sp�cialis� en ophtalmologie, par le groupe am�ricain Baush & Lomb.

Florence Bal