L'ONUSIDA priée de justifier la réduction des fonds sur le Sida
Dakar, Sénégal (PANA) - Les activistes de la santé ont demandé à
l'ONUSIDA de justifier sa décision de réduire de 6 milliards de
dollars les fonds réservés au VIH/Sida dans le monde.
L'ONUSIDA envisage en effet, de défendre mercredi à Londres,
cette décision de l'agence onusienne à l'occasion d'une réunion
qu'elle organise sur le financement du Sida dans le monde
conjointement avec le Royaume-Uni, les gouvernements américain et
français.
Au cours de cette réunion, l'ONUSIDA devrait déclarer qu'environ
14,1 milliards de dollars suffiraient pour financer les
programmes relatifs au Sida entre 2005-2007.
Ce qui constitue une différence de 30 pour cent par rapport aux
19,9 milliards contenus dans son rapport présenté à la Conférence
internationale sur le Sida tenue en juillet 2004 à Bangkok, en
Thaïlande.
Des organisations de la société civile, notamment les réseaux de
personnes vivant avec le Sida et des ONG ont critiqué cette
décision controversée soulignant que cette réduction intervient
sans justification technique.
"L'ONUSIDA ne devrait compter sur aucun gouvernement ou la
société civile pour soutenir cette réduction injustifiée et
douteuse qui est largement différente des premières estimations",
a déclaré Asia Russell de Health GAP, une organisation
d'activistes.
Les activistes sont préoccupés par cette importante réduction
dans le programme financier 2005-2007, née de la pression exercée
par les pays donateurs sur l'ONUSIDA.
Les activistes soupçonnent les pays du G7 d'évoquer des motifs
financiers pour justifier la réduction de leur propre
contribution dans le financement de la lutte contre le Sida lors
des prochaines rencontres comme le Sommet du G8, où il sera
beaucoup plus question de l'Afrique.
Cette décision pourrait réduire l'élan international visant à
accroître l'accès aux antirétroviraux pour les personnes vivant
avec le Sida.
Richard Corcoran, une personne vivant avec le Sida, membre du
Programme du conseil consultatif d'ONUSIDA et de Health GAP, qui
accuse l'ONUSIDA et les pays développés d'être derrière cette
décision, a déclaré que le combat quotidien pour que les Etats-
Unis et les pays du G7 donnent leur part de soutien à la lutte
contre le Sida se poursuivra.
"Le message est clair : Donner moins, c'est laisser mourir des
millions d'autres", a-t-il indiqué.
Quant à Sharonann Lynch de Health GAP, il a souligné que "la
réduction des fonds signifie un accès réduit aux antirétroviraux,
moins d'outils et de programmes de prévention, davantage
d'orphelins et d'enfants vulnérables", ajoutant que les victimes
de la capitulation d'ONUSIDA seront les populations des pays les
plus pauvres au monde".
Selon les estimations d'ONUSIDA, près de trois millions de
personnes meurent chaque année de complications liées au Sida et
95 pour cent des personnes vivant avec le VIH aux Etats-Unis et
dans les pays développés n'ont pas accès au traitement qui
prolonge leur vie.
Dakar - 09/03/2005