Médicaments de rue au Bénin : Une triste réalité qui refuse de disparaître
Par Razack Adjatan
http://www.quotidienlematinal.com/article.php3?id_article=2097
11:25 08/02/2006 Les spots publicitaires interdisant la consommation se
multiplient. Les génériques à la portée des bourses (30 à 50% moins chers
que les spécialités) existent ... Et pourtant, les médicaments de rue
continuent de faire la loi sur le marché pharmaceutique.
A la place « Adjégunlè », au grand marché de Porto-Novo, les vendeurs de
produits pharmaceutiques se comptent par milliers. Derrière des hangars
garnis de médicaments illicites se découvrent des femmes yoruba. Elles
mènent depuis des lustres et dans la pure quiétude, cette activité prohibée
et en tirent selon les sources d'énormes bénéfices. La source d'approvisionnement
de cette marchandise est bien connue : c'est le Nigeria, pays limitrophe du
Bénin. La plupart de ces femmes grossistes, y vont pour s'approvisionner en
produits pharmaceutiques de toutes sortes. Car disent les spécialistes du
secteur, ce sont des produits pharmaceutiques, qui n'ont suivi aucun circuit
commercial et ne sont soumis à aucune règle de contrôle de fabrication. Mais
la triste réalité est que l'on retrouve chez « les pharmaciens par terre »
les mêmes produits de dénominations communes internationales avec la même
étiquette et le même emballage que dans les officines. Plusieurs sont les
clients qui estiment que certains produits du marché illicite se retrouvent
dans les pharmacies et centres de santé de la place. Allez à « Adjégounlè »,
à la recherche de n'importe quel produit. Vous trouverez de l'antalgique, de
la vitamine C, des antipaludéens, de la Doxycycline, de l'Ibuprofène, de la
Mebendazole, de l'antiulcéreux, du anti-infectieux et des infectiologies
comme des pénicillines, du Ciprofloxacine, du Chloramphénicol.... pour ne
citer que ceux-là. En un mot, une large gamme de molécules, pour contribuer
à la mort, selon les spécialités du secteur pharmaceutique. Mais comment
offrir aux populations des produits de qualité, c'est la préoccupation du
président du conseil de l'ordre des pharmaciens du Bénin, Prosper Ahonlonsou
et du directeur des pharmacies et médicaments Alfred Dansou. La victoire
pour la lutte contre le marché illicite des médicaments, ne se remportera
pas du jour au lendemain, avouent-ils, avant de faire savoir que : le marché
illicite de médicaments constitue « un véritable problème de société et de
santé publique ». La solution idoine pour ne pas s'attirer soi-même la mort,
informent-ils, est d'utiliser les médicaments génériques.
Les génériques, une alternative pour mieux se soigner
Les plus démunis se confient aux pharmacies de rue pour la simple raison que
les médicaments de spécialités sont très chers dans les officines. Mais il
existe désormais dans ces mêmes officines des médicaments très peu chers, à
effets attendus que le produit original, comportant la même molécule : ce
sont les médicaments connus sous le nom de générique, à la portée du plus
grand nombre. Les pharmaciens entendent par médicaments génériques « toute
copie d'un médicament original dont la production et la commercialisation
sont rendues possibles par la chute du brevet dans le domaine public, une
fois écoulée la période légale de production ».Prosper Ahonlonsou précise
que le générique n'est ni une contrefaçon, ni un médicament bas de gamme, ou
de deuxième choix. Ce médicament est soumis selon lui, « aux mêmes exigences
que le médicament original ». Il répond aux mêmes critères d'efficacité, de
qualité et de sécurité, a-t-il soutenu, avant de dire que le médicament
générique est vendu entre 30 et 50% moins cher que le prix d'origine. Raison
: parce que les médicaments génériques, n'ont pas à amortir des frais de
recherche et de développement ni à payer des redevances d'exploitation. C'est
pourquoi ces produits sont moins chers. Plusieurs pharmaciens recommandent
aux médecins la prescription aux patients des médicaments génériques qui,
estiment-t-ils, sont à la portée des bourses moyennes. Les médicaments
génériques pour désormais faire face à tout défi de santé publique.
Razak A. (Coll)