[e-med] ONUSIDA devrait s'arrêter immédiatement, a écrit un expert dans le BMJ

OPINION: Texte placardé à ONUSIDA.

Le programme commun des Nations Unies contre le SIDA seulement, ONUSIDA, est dangereux pour les systèmes de santé et perturbe ses financements, ONUSIDA
devrait s'arrêter immédiatement, a écrit un expert dans le BMJ de cette
semaine.

En comparaison des autres maladies, on dépense beaucoup trop pour le SIDA a
écrit Roger England, Président de Health Systems Network. On ferait mieux de dépenser cet argent à renforcer les e services de santé en général et en
finançant des interventions plus efficientes pour d'autres maladies comme la pneumonie et le diabète qui tuent plus de personnes, ajoute-t-il.

En gros, le SIDA est à l'origine de 3,7% de la mortalité, mais on y affecte
25% de l'aide en santé et une part importante des dépenses locales. Pourtant le SIDA n'a pas été la grande catastrophe qu'on nous avait prédite, dit-il.
En fait les décès par le SIDA dans le monde sont aussi nombreux que les
décès des moins de 5 ans en Inde.

"Ayant sa propre agence de l'ONU, le SIDA a été traité comme un secteur
économique et non comme une maladie", selon Mr. England.

Des milliards de livres sterling ont été englouties par les commissions
nationales contre le SIDA et utilisés à financer d'obscures disciplines ou
projets au lieu de renforcer les systèmes de santé publique dans les pays en développement où on pourrait contrôler la transmission, argumente-t-il.

De plus, l'aide excessive en faveur du SIDA a créé des financements, des
structures organisationnelles et des emplois parallèles qui ont affaibli les systèmes nationaux de santé et repoussé en périphérie des réformes bien plus nécessaires, dit-il.

De plus, les financements hors budget consacrés au SIDA n'incitent pas à
soutenir des systèmes locaux durables, on n'en a pas pour son argent et ils
augmentent la dépendance. Il pense que seulement 10% des 10 milliards de
dollars US consacrés au SIDA chaque année pour les 2 millions de patients
qui reçoivent gratuitement leur traitement suffisent. Faire glisser le reste des financements du SIDA vers le budget général de la santé ferait une
grande différence pour les systèmes de santé des pays en développement, leur permettant de prioriser et d'améliorer la façon dont ils traitent la
prévention et les soins de nombreuses maladies.

Une agence de l'ONU consacrée à une seule maladie est une énorme
responsabilité, et ONUSIDA doit s'arrêter, conclut Mr. England : "non pas
par manque de performances au regard de son mandat ... mais parce que le
mandat est incorrect et dangereux. Ses fonctions techniques devraient être
reprises par l'OMS, qui les équilibrerait par rapport aux autres maladies".

Health-e - 9 May, 2008

Online: http://www.health-e.org.za/news/article.php?uid=20031951
<http://www.health-e.org.za/news/article.php?uid=20031951&gt;

Toutes les données sont justes
Le SIDA a révélé de nombreux problèmes et a suscité des aides directes dont
l'efficience est discutable car elles arrivent dans des systèmes de santé et
une gouvernance en très mauvais état.

Cela mérite un débat de tous les acteurs

Effectivement il y a de quoi s'inquiétait du devenir des milliers d'acteurs
divers avec des métiers nouveaux (éducateurs, médiateurs, accompagnateurs,
pair éducateurs, distributeurs, communicateurs, sensibilisateurs, etc..) qui
sont financés par ces aides
Que vont-ils devenir quand ces aides se tariront?

Dr Jean-Loup Rey

L'ONUSIDA a été utile, d'abord pour le droit des malades, l'accès aux soins
en particulier (avec la mobilisation des sociétés civiles); et également
pour les soins, comme cela est évoqué par certains. Il ne faut pas trop
rapidement oublier les multiples résistances à la mise en place de
programmes de financements et d'accès aux ARV au départ. La nécessité de
travailler sur l'ensemble du système de santé, certes urgente et que
beaucoup avaient soulignés dès le départ de l'épidémie, renvoie d'abord aux
cloisonnements entre les différents programmes de coopération dans le
domaine de la santé et pas seulement à l'ONUSIDA!

Les difficultés à lier la tuberculose et l'infection à VIH dans la réponse
médicale et sociale l'illustrent particulièrement. Les difficultés à
faciliter la décentralisation des soins de qualité (quid du district
sanitaire depuis 1984 ?), les limites pour faire avancer la question de la
délégation/valorisation des tâches dans un certain nombre de pays ne
dépendent pas de l'ONUSIDA. En lieu et place de promouvoir un "arrêt
immédiat", ne serait-il pas davantage utile de repenser la coopération, les
rapports entre les pays qui conditionnent les mécanismes d'accès aux fonds
et les programmes ? Il est urgent de se positionner sur un bien public
mondial la santé, à travers une co-responsabilités de programmes entre pays
partenaires (le Fonds Mondial est une timide avancée en ce sens)qui débouche
sur des projets co-décidés et de coopération au même moment et en même temps
au Nord et au Sud (par exemple et sans aucun ordre de priorité sur le
financement des systèmes de santé, sur les ressources humaines en santé,
sur l'accès aux soins des populations en situation de vulnérabilité et les
migrants en particulier, etc.), en lieu et place de projets "pour telle
priorité" en direction d'un pays pauvre, avec telle stratégie, qui trop
souvent reproduit un modèle de contrainte bien connu et a produit les
résultats que l'on connait.

Quant à la question des "multiples acteurs", comme les médiateurs,
accompagnateurs..., il faut d'abord rappeler qu'il ne s'agit pas d'une
problématique limitée au VIH, et aux pays avec un système de santé en grande
difficulté (exemple en France, aux Etats-Unis...). L'avènement de ces
acteurs doit d'abord être évoqué comme l'intervention des personnes soignées
sur les conditions de leur propre soin, qui plus est dans le cadre de
maladies chroniques qui impactent leur survie et leurs conditions
d'existence. Davantage encore, l'évolution de la relation entre soignants et
soignés, la facilitation de l'accès aux soins et des tâches des soignants
est à souligner ici. L'évolution de ces métiers, en termes de reconnaissance
dans chaque pays dépend aussi du choix des pays quant à l'organisation des
soins qu'ils souhaitent favoriser, la création ou non de métiers spécifiques
avec un statut.

Dr Pascal Revault.
pascal.revault@esther.fr